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Sans Trêve

#1
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Quelques gouttes d’encre projectiles
Qui toucheront ceux qui se sentiront visés
Quelques gouttes tachant le fil
D’une lame soigneusement déguisée

C’est la guerre
A l’intérieur de nos crânes
Pollués par la noirceur de l’ère
Les consciences pour champs de batailles
L’anesthésie pour adversaire

Pour les cœurs
C’est le retour à l’âge de pierre
Perforateur
Les murailles deviennent meurtrières

C’est la guerre
Et les principes ont déserté
L’argent a remplacé le fer
La mort fait tourner le marché
Au profit de ses actionnaires

C’est la guerre
Et si tu l’ignores
C’est peut-être qu’ils t’ont eu
Et que tu es déjà mort
Esclave d’une vie
Qui ne t’appartient plus

La dictature est revenue empire
Et si tu vois pas ce que je veux dire
C’est peut-être que tu fais partie des collabos
Ou des naïfs qui marchent les yeux clos
Sans avancer

Trop sale, trop noire
C’est une guerre
Qui sera rayée de l’histoire
Censurée des manuels scolaires

C’est la guerre
Qui résonne au fond de chacun
C’est la guerre de l’humain
Qui combat à mains nues
C’est le cri de l’humain
Qui nait du fond de tes entrailles
Et tente de frayer son chemin
Vers ton esprit que l’ombre assaille
Vers ton âme que le noir étreint
Une poignée de mots pour mitraille

Qui est-tu ?
Iras tu grossir les rangs
Des hypocrites ?
Prodigues en plaintes et en critiques
Avares en actes
Fais-tu partie de ceux qui jactent
Et prennent un air scandalisé
Sans aucune volonté d’impact

Es-tu adepte de la pensée orne-mental ?
La pensée comme fin en elle-même
Superficielle, comme la morale
De ceux qui l’arborent
Pour briller dans le décor

Es-tu l’un de ces égarés ?
Que les mensonges saturent
Ou que la haine consomme
Qui oublient leurs poignets liés
Oublient leurs chaînes, captivés
Ravis par celles de la télé.
Un otage contaminé
Par le syndrome de Stockholm ?
Passant sa vie à s’épuiser
Pour un système qui détruit l’Homme.

Est-ce que tu appartiens à ces foules
De zombies domestiqués ?
Au pas aussi lourd que l’esprit
Dressés à consommer
Atrophiés, engourdis
Condamnés à ramper
Vers des rêves dictés par l’écran
Pour leur faire oublier qu’ils ont été réduits
A un vulgaire carburant.

Qui es-tu ?
Un rouage pris dans l’engrenage
L’anonymat d’un visage
Un pigeon qui paie pour sa cage
Une main qui arrache la page
Et s’invente une vie différente
Loin du carnage.

C’est la guerre et ses échos
Où es-tu ?
Probablement quelque part dans ce chaos
Entre les bombardements,
Les éclairs aveuglants
Que nous jettent les écrans,
Les hurlements stridents
Des slogans

Quelque part, entre les détails sanglants
Dissimulés sous les codes-barres
Quelque part entre les râles
L’agonie
L’amertume de tout ce qu’on avale
La drogue qui détruit
Les pilules qui tuent
Ou rendent abruti
Toute la noirceur qui gonfle les profits d’une poignée
Et crève les cœurs par milliers

Est-ce que tu te réfugies
Avec les lâches
Dans la noirceur de l’oubli ?
Passif pour préserver un confort superflu
Dépossédé des vraies richesses de la vie
Est-ce que tu te réfugies
Avec les fainéants
Dans la facilité du déni ?
Est-ce que tu préfères écouter sagement
Les médias qui répètent que tout va pour le mieux
Dans le meilleur des mondes en feu,
Rentrer les griffes
Et te ranger dans la queue
Pour acheter le dernier smartphone
Pour te rendre un peu plus passif

C’est la guerre
Qui nous jette au visage
Un océan d’incohérences
C’est la sentence
Du temps de vie qu’on nous arrache
D’un futur imaginaire
Pour lequel on travaille sans répit
Jusqu’à finir six pieds sous terre.

C’est la guerre et sa répression
Approuvée par les masses
Qui suivent les tendances jusqu’à l’aliénation
Dans nos consciences programmées
L’obsolescence est surement la seule chose qui ne sera jamais démodée
Pensée unique
Esclaves de la technologie
La puce dans le crâne
Sera le dernier cri
D’hystérie de ses fans

C’est la guerre
Entre dictature et maquis
C’est la guerre
Celle des esprits,
La lutte pour préserver la vie
Où seras-tu ?
Qui seras-tu ?​

Écrits le 5 décembre 2018
 

zuc

Le chat noir
Membre du personnel
#6
j'aime ton texte
je comprend ton ressenti, comprend ton questionnement
ma réponse qui suit va un peu à sens inverse mais je me reconnais dans tes propos

où je suis? dans le même navire qui prend l'eau, dans le troupeau qui avance toujours dans la même direction parce que derrière il y a les loups
devant il y a les bergers et même si parfois j'en sort pour prendre un autre chemin, je me retrouve toujours dans le troupeau parce que ce sont mes semblables ; où suis je ? assis sur la grande aiguille du temps et le ressort ce fatigue un autre remontra le mécanisme un tour complet c'est une révolution, assis derrière un comptoir à noyer l'ennui à répéter des banalités et puis je suis là derrière l'écran comme toi à exprimer mon ressenti, propager la bonne parole comme un mauvais apôtre oui c'est la guerre, c'est la guerre depuis si longtemps dans la tête de l'homme,
alors comme Don quichotte se battre contre des moulins à vent, "l'idée est excellente moi j'ai faillit mourir d'en avoir pas eu" comme chantait Brassens, comment être cohérent avec soit, quand on est une pièce du puzzle parmi tant d'autre, comment juger,
où serai je ? seul les réalités nous mettent en confrontations, difficiles de savoir on voudrait tous avoir le bon rôle,
 
#7
Merci à tous !
Oui, en effet Aubépin, je travaille aussi sur des mises en musiques, et je crois que j'ai de plus en plus envie de creuser cette piste (mon premier essai: Atlas, vidéo disponible sur mon site poesiedesrues)
Merci zuc, pour cette belle réponse à la fois lucide et poétique qui mériterait un post à elle toute seule !