
Le silence de la nuit se déploie et s’étend
Partition vierge
Irradiée par le chatoiement des feux de camp
Et rougie par les braises
Comme un reflet du ciel
Troué par les mégots et les gerbes d’étincelles
Feuille froissée par le vent à la fougue indomptée
Incrustée des échos du pas des évadés
Nos silhouettes caressent la pureté de la nuit
Clandestins de l’instant qui se dérobe aux règles
Nos cœurs nous portent loin, voiles gonflées d’euphorie
Et dans nos yeux flamboie une sagesse espiègle
Limpidité parfaite d’un bonheur insouciant
Dont l’éclat dense
Danse dans notre sang
Vierge de toute autre substance
Nos mains se lient, effleurent les trainées de lumière
Priant de toutes nos forces leurs tracés éphémères
D’accorder un sursis, de laisser à l’amour
Encore quelques secondes enfouies au seuil de jour
Les couleurs irisées fraient leur chemin en nous
Et nimbent les environs d’un pastel indécis
Oscillant entre l’éclat du pinceau de l’aurore
Et l’encre qui imprègne les vers bleus de la nuit
L’aube peint une première note sur l’immense partition,
Un refrain s’éclaircit et filtre entre ses trous
Une ballade se dessine sous les premiers rayons
Nous étions là, debout
Dévorés par le feu
D’une insatiable soif de vie et d’émotion
Nous étions là par foi et nos regards fiévreux
Chantaient avec passion sous le ciel embrasé
Nos mains dansent un poème offert à l’horizon
Nous étions là debout, chefs d’orchestre acharnés
Nous étions prêts à tout, saturés de folie
Pris dans l’éther qui plane entre le jour et la nuit
Mains tournées vers le ciel, à tisser sans répit
De quoi réconcilier les rêves avec la vie.
Ecrit par Charlotte Dubost, 27 Février 2020