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Nature méritée

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#1
Sous l’écorce bat un cœur, l’arbre coupé bien le sait.
Cent trente années de sève et d’oxygène ont passées.
Les ramures profondes témoignent de sa mémoire.
Dans le reste de verdure de ses puissants perchoirs.

Sa cime en a reçue des oiseaux, de tout bord.
Pour une nuit, pour une vie, ou pour une nichée.
Des histoires de vers de terre, qui collaborent.
Échappant provisoirement aux oisillons affamés.

Son tronc en a reçu des coups du sort improbable.
A en plier ses branches, par des chutes inévitables.
Il n’est plus que cicatrices, des signes du temps passé.
Parfois, durant des années, un chat y habitait, perché.

Cent trente années passées, la ramure dans les nuages.
Sentant le soleil chaud, le matin, sur ses feuilles vertes.
Communiant avec la pluie, le vent, dans leurs passages.
Toujours là, impassiblement, inexorablement, en alerte.

Les badauds ébaudis, les savants follement en avance.
Les femmes insouciantes, les sages dans tous les âges.
Les couples de tous étages, leur vie dans cette romance.
Les yeux au ciel, pour voir quelle ombre, est ce mirage.

Et quand la nuit était, lentement les feuilles sur lui se refermaient.
Quand le froid persistait, la mousse encore plus drue, le protégeait.
Et ces cent trente années d’histoire, devant nous viennent de tomber.
Et sous l’écorce battait un cœur, l’arbre coupé comme nous le savait.
 
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Nouveau poète
#3
super poème sur la nature bravo à toi pour se partage
une beauté et une vérité partager
merci,bisous
 

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#12
Il était magnifique, un terrain de jeu fantastique, un observatoire et un lieu de calme. Car il avait des cachettes pas très hautes, où je passais du temps enfant :)

Merci Luze :)

Amitiés, Matthale
 

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#14
C'était le chêne du parc de la Fondation Claude Pompidou où j'ai passé 5 ans.
Un bon souvenir d'avoir cet arbre pour soi à la demande :)
Mais c'est aussi un plaidoyer car tout arbre coupé doit être replanté. même si certains ne devraient jamais êtres coupés.
 
#15
Très bien écrit Matthale....
Et dire qu’il faudra une forêt entière de ces magnifiques arbres pour reconstruire la cathédrale de Paris.
Pourquoi se sacrifice?.
Où comme disait Ronsard...
Contre les bucherons de la forest de Gastine

Elégie

Quiconque aura premier la main embesongnée
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :
Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,
Et se devore après par les dents de la guerre.

Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,
Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests
Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme
Tout son bien à payer la principale somme.

Que tousjours sans repos ne face en son cerveau
Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,
Porté d'impatience et de fureur diverse,
Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.

Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.

Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,
Où premier j'accorday les langues de ma lyre,
Où premier j'entendi les fleches resonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :
Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jetta,
Et de son propre laict Euterpe m'allaita.

Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le desdain des passans alterez,
Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre
Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin perira,
Et qu'en changeant de forme une autre vestira :
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cyme d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matiere demeure, et la forme se perd.
 

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#16
Pour notre dame c'est assez simple et bête.
La forêt de Fontainebleau a déjà les arbres prévus.
Donc moins de coûts de production contrairement aux métaux qu'ils faudraient forger et dimensionner. Ce qui est déjà fait pour les arbres centenaires de Fontainebleau. Tout était prévu depuis longtemps pour la reconstruction de la flèche et de la nef en bois.
C'est bien pour ça qu'en ces temps de pénuries arboricole, l'Etat est prêt de nos sous quoi …
Il en prend soin, il l'économise, il ne demande pas notre avis.

Merci beaucoup pour ton passage :)

Amitiés, Matthale