LES GUEUX
Le ciel faisait ses gammes chromatiques
dans des glissements de magma généreux
il se penchait avec tendresse
sur les clameurs de Paris
qui affichait sa révolte
Les voitures s’embrasaient
comme des boutons d’or
dans l’herbe noire des ruelles
Les clameurs flottaient en bouquets de désespoir
portées à bras le cœur
par les gueux
les méprisés
les invendus
par les réfractaires
les illettrés
les fainéants
les cyniques
portées par la foule en gilet de lumière
comme un bonheur à la boutonnière
Le roi se cachait dans ses dorures sucrées
le roi répétait sa divine comédie
devant ses vassaux fantômes
Le roi accrochait un rictus de compassion
dans l’épaisseur des maquillages
trop blêmes pour être heureux
Le roi cachait mal sa nudité
sous ses oripeaux de suffisance masquée
et ses menaces pleines de tumeurs assassines
Dehors on jouait à la chasse à courre
La meute des loups noirs
crachait ses venins de gaz
et ses balles qui embrasaient les corps
dans des douleurs de fin du monde
Le tableau était d’une beauté sinistre
dix morts
trois mille blessés
trois mille embastillés
cent cinquante enfants humiliés
Mais partout en France des crocus d’espoir
avaient poussé sous l’ivresse des cabanes
Les gueux portaient haut le jaune
ils fleurissaient les ronds-points
comme les premières jonquilles
ils parlaient à n’en plus dormir
ils avaient le respect perché dans les yeux
ils dessinaient l’avenir
sur le papier blanc des solidarités
effaçant les rides bien mal acquises
dans les gerçures de pauvreté.
Les gueux avaient la vie au bout des lèvres
la renaissance comme un bijou
dans le luxe des mots de cœur
Christian DUMOTIER
Le ciel faisait ses gammes chromatiques
dans des glissements de magma généreux
il se penchait avec tendresse
sur les clameurs de Paris
qui affichait sa révolte
Les voitures s’embrasaient
comme des boutons d’or
dans l’herbe noire des ruelles
Les clameurs flottaient en bouquets de désespoir
portées à bras le cœur
par les gueux
les méprisés
les invendus
par les réfractaires
les illettrés
les fainéants
les cyniques
portées par la foule en gilet de lumière
comme un bonheur à la boutonnière
Le roi se cachait dans ses dorures sucrées
le roi répétait sa divine comédie
devant ses vassaux fantômes
Le roi accrochait un rictus de compassion
dans l’épaisseur des maquillages
trop blêmes pour être heureux
Le roi cachait mal sa nudité
sous ses oripeaux de suffisance masquée
et ses menaces pleines de tumeurs assassines
Dehors on jouait à la chasse à courre
La meute des loups noirs
crachait ses venins de gaz
et ses balles qui embrasaient les corps
dans des douleurs de fin du monde
Le tableau était d’une beauté sinistre
dix morts
trois mille blessés
trois mille embastillés
cent cinquante enfants humiliés
Mais partout en France des crocus d’espoir
avaient poussé sous l’ivresse des cabanes
Les gueux portaient haut le jaune
ils fleurissaient les ronds-points
comme les premières jonquilles
ils parlaient à n’en plus dormir
ils avaient le respect perché dans les yeux
ils dessinaient l’avenir
sur le papier blanc des solidarités
effaçant les rides bien mal acquises
dans les gerçures de pauvreté.
Les gueux avaient la vie au bout des lèvres
la renaissance comme un bijou
dans le luxe des mots de cœur
Christian DUMOTIER