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Citations, pensées momoriciennes, et petites histoires vécues…les miennes et les votres.

#1
Poète face à sa table bancale

Résigné au jeûne, aux engelures et à l'abstinence, de la soupe le matin, à midi et le soir, penché au-dessus de ma table bancale, les yeux rivés sur mon encrier, les doigts gelés, je médite en silence. Au-dessus de moi, des pas légers en équilibre sur les poutres pianotent gaiement! La porte lézardée favorise une bise aigre venue des ténèbres qui s’engouffre en silence. Ma plume d’oie agite son aile rythmée au diapason d’un son qui me glace le sang. Un moment désœuvré, je m’apprête à œuvrer face au vieux bougeoir où vacille, langoureuse, une flamme fragile. Sa douce lueur éclaire d’ombres folles mes anciens élans aux airs poétiques. Un verre d’absinthe à la main, mon seul réconfort dans cet antre d’inconfort, je m’enivre. Ma muse s’approche, je l’entends, elle vient, j’en use, j’en abuse jusqu’au matin naissant, je flirte avec l’art aux pleins et aux déliés encrés d’idées divines. IMG_0017.png
 

Adrian M

Maître Poète
#2
Tout poète face à sa feuille, avec la plume dressée
Telle l'antenne magique, d'un grand récepteur
Se cale sur les fréquences de l'humanité
En décode les trames, au filtre de son cœur

Amitiés
 
#5
L’heure des hyménées

Certains jours, sont marqués d’un doux parfum d’été qui sublime nos sens, et élève nos plumes vers les plus hauts sommets de l’idée où plane l’esprit de Dieu.
Nous voulons vivre le présent dans toute sa sérénité, oublier les vilenies de la vie ordinaire, et surtout les bassesses du monde.
Nous voguons dans un océan de rêves aux multiples couleurs, nous touchons l’éternel des yeux, et nous aimons nous confondre dans l’illusion du temps. Notre vie suit le rythme de la symphonie des cœurs, qui berce mélodieusement nos âmes un instant en lévitation.
Poussières d’étoiles aux confins de l’univers, le vide sidéral nous offre son merveilleux pouvoir, celui d’enfin aimer, mais aussi d’être aimé.
Nous gravitons autour de la star promise aux rayons attachants, à la chaleur divine, nous sombrons par instant dans ses spasmes envoûtants, l’irréel nous séduit, apprivoise nos craintes sait captiver nos sens. L’heure solennelle embrase notre espace, nous inonde de songes, fait résonner en nous les cloches de la sérénité.
Vibrations lancinantes de l’horloge éternelle tu cadences nos vies à l’ombre des saisons, qui voient fleurir nos jours et mourir nos anciens amours.
Frémissons à l’idée qu’encense nos corps, sous le ciel scintillant où vivaient nos ancêtres.
L’air que l’on respire sur les plus hautes cimes nous charme, aide à la migration de nos âmes, est propice aux exhortations surnaturelles à peine voilées par une légère brise de réalité.
Aujourd’hui l’émotion nous étreint, les secondes, les minutes, et les heures se succèdent aussi lentement qu’on les aurait souhaité rapides, elles nous rapprochent pourtant irrésistiblement de notre future destinée.
Nous essayons d’embellir notre corps, nous le souhaitons à la hauteur de notre grand bonheur, nous savons qu’elle, ou qu’il nous attend, et nous ne voulons surtout pas le décevoir.
Ignoble est cependant la vie qui condamne nos entrailles! Comptons sur ses chagrins les plus redoutables, parmi lesquels celui d’avoir déjà perdu quelques uns de nos parents et amis, sans avoir pu vieillir encore quelques années ensemble, afin qu’ils puissent partager ces moments solennels, où tinte à la volée pour nous l’heure tant attendue, et sacrée, des douces hyménées. IMG_0022.png
 
Dernière édition:

Venezio

Maître Poète
#6
Que ce soit les jours marqués d'un doux parfum ou les chagrins les plus redoutables, n'est ce pas notre esprit qui étiquette ce qui arrive, ce qui survient dans l'existence ?
Personnellement, je vis avec l'adage : Ce n'est pas tant ce qui nous arrive, mais ce que l'on en fait...
Certains ont une autre culture de la mort, vaste sujet aussi, et avec une certaine approche Spirituelle, sans se référer à un dogme religieux, leur ressenti de la vie ne peut se teinter d'ignoble.
Dans le moment présent vous décrivez bien ce que notre perception induit en émotions, la symphonie du cœur liée à l'Amour.

Merci
Au plaisir de vous lire
Amitiés
 

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#7
L’heure des hyménées

Certains jours, sont marqués d’un doux parfum d’été qui sublime nos sens, et élève nos plumes vers les plus hauts sommets de l’idée où plane l’esprit de Dieu.
Nous voulons vivre le présent dans toute sa sérénité, oublier les vilenies de la vie ordinaire, et surtout les bassesses du monde.
Nous voguons dans un océan de rêves aux multiples couleurs, nous touchons l’éternel des yeux, et nous aimons nous confondre dans l’illusion du temps. Notre vie suit le rythme de la symphonie des cœurs, qui berce mélodieusement nos âmes un instant en lévitation.
Poussières d’étoiles aux confins de l’univers, le vide sidéral nous offre son merveilleux pouvoir, celui d’enfin aimer, mais aussi d’être aimé.
Nous gravitons autour de la star promise aux rayons attachants, à la chaleur divine, nous sombrons par instant dans ses spasmes envoûtants, l’irréel nous séduit, apprivoise nos craintes sait captiver nos sens. L’heure solennelle embrase notre espace, nous inonde de songes, fait résonner en nous les cloches de la sérénité.
Vibrations lancinantes de l’horloge éternelle tu cadences nos vies à l’ombre des saisons, qui voient fleurir nos jours et mourir nos anciens amours.
Frémissons à l’idée qu’encense nos corps, sous le ciel scintillant où vivaient nos ancêtres.
L’air que l’on respire sur les plus hautes cimes nous charme, aide à la migration de nos âmes, est propice aux exhortations surnaturelles à peine voilées par une légère brise de réalité.
Aujourd’hui l’émotion nous étreint, les secondes, les minutes, et les heures se succèdent aussi lentement qu’on les aurait souhaité rapides, elles nous rapprochent pourtant irrésistiblement de notre future destinée.
Nous essayons d’embellir notre corps, nous le souhaitons à la hauteur de notre grand bonheur, nous savons qu’elle, ou qu’il nous attend, et nous ne voulons surtout pas le décevoir.
Ignoble est cependant la vie qui condamne nos entrailles! Comptons sur ses chagrins les plus redoutables, parmi lesquels celui d’avoir déjà perdu quelques uns de nos parents et amis, sans avoir pu vieillir encore quelques années ensemble, afin qu’ils puissent partager ces moments solennels, où tinte à la volée pour nous l’heure tant attendue, et sacrée, des douces hyménées. Afficher la pièce jointe 44527
"Ne te moques pas de moi, je pourrais te faire vivre un enfer." Si tu as la référence tu es à la hauteur du niveau v^^
Ravis de te lire. Peut être réveillerons nous les neurones qui sont morts en nous là ^^
J'ai passé ma vie à réfléchir, ça m'évitait la souffrance du dehors.
Tu connais la suite, tu as même de l'avance, alors, portes toi bien à vie :)

Amitiés, d'entité ^^
 
#8
"Ne te moques pas de moi, je pourrais te faire vivre un enfer." Si tu as la référence tu es à la hauteur du niveau v^^
Ravis de te lire. Peut être réveillerons nous les neurones qui sont morts en nous là ^^
J'ai passé ma vie à réfléchir, ça m'évitait la souffrance du dehors.
Tu connais la suite, tu as même de l'avance, alors, portes toi bien à vie :)

Amitiés, d'entité ^^
Merci pour ton ressenti et pour ton accueil Alexis! La suite, je la connais en effet elle est inévitable…l’enfer est bien sur terre!
Alors je n’aurai aucun regret.
D’ailleurs Sophocle disait : "N’être jamais venu au monde, est sûrement le plus grand des bienfaits"
Amitiés
Maurice
 
#9
Savoir cueillir la fleur
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J’ai su cueillir la fleur au printemps de sa fragile vie, respirer son parfum envoûtant, glisser mon âme sous ses pétales aux plis doux et soyeux, battre au diapason de son tendre cœur, goûter à son nectar subtil, Dieu sait, je sais, avant qu’elle ne s’éteigne sous les ailes immuables du temps, l’espace d’un instant, nous nous sommes aimés.
 
#10
Les vieux pieds de vigne de Loupiac…Une histoire de café bien de chez-nous!

Il existe des petits coins de France où les traditions se perdent, hélas!

A Loupiac, l’endroit le plus propice aux rencontres entre gens du pays était naturellement le bistrot. Chacun avait sa petite anecdote à raconter et évidemment même si on ressassait souvent les mêmes anecdotes, c’était toujours avec un égal plaisir que l’on tendait l’oreille pour les écouter autour du bar après quelques tournées au bon vieux rouge ou blanc des coteaux environnants et un bon château Loupiac. C’est quand même quelque chose n’est-ce pas ?
Ce soir-là, en guise d’amuse-gueules allait retentir l’aventure du Gabriel et du Jantou.
Une sacrée rigolade allait s’ensuivre !
En tout début de soirée, on avait déjà évoqué pour chauffer l’ambiance le fameux jour où lors de l’enterrement du pauvre Louis, un très gros pavé lancé avec force était tombé dans la vasque du bénitier au premier rang de l’église, baptisant généreusement une deuxième fois lors de leur sainte existence, une grande partie des grenouilles en pleurs. Cela fera l’objet d’une autre histoire. Toujours est-il qu’elle avait permis au conteur de service de se remémorer celle que je vais vous relater maintenant.
Le fait divers qui va suivre a entretenu les rires bien après qu’il se soit déroulé dans les fermes du grand secteur de Causse et Diège lors des veillées autour d’un bon feu de bois.
Lorsque notre brave Gabriel rentrait du boulot il croisait régulièrement "le Jantou" installé dans son automobile qui devait dater de la dernière guerre, et régulièrement ce chauffard restait en phare alors que la nuit plombait déjà largement le secteur !
Il décuvait au volant car il respectait à la lettre la recommandation du ministère de la santé de l’époque qui préconisait à un travailleur de boire au moins un litre de vin du pays par jour!
Cette phrase était affichée un peu partout dans les lieux du service public, Jantou la connaissait par cœur et retenait surtout la mention sans équivoque «au moins» qu’il appliquait à la lettre, croyez-moi sur parole !
La même mesure était également mise en avant pour le bienfait du tabac !. Enfin, vous l’avez compris le mot d’ordre était : « Tous engagés pour soutenir la viticulture et l’agriculture de notre belle région ! ».
Notre Jantou finissait toujours sa terrible journée dans le bistrot de la Marcelle avec les éternels habitués du coude levé.
Voici en quelques phrases comme a commencé cette histoire.
«Miladiou !…s’exclama le Gabriel, je prends tout le monde ici à témoin ! Je vous fais le pari de trois tournées gratuites que si le Jantou me remet les phares en pleine tronche comme il a l’habitude de le faire presque tous les soirs je lui fonce dessus !».
« T’as que de la gueule, tu ne le feras pas !…», reprirent en cœur les piliers de comptoir.
« Eh bien, c’est ce que l’on va voir ! »
Le Jantou, qui bien entendu était présent a immédiatement pensé : « Il est con, mais pas à ce point quand même !» tout en se réjouissant déjà de picoler gratuitement peu de temps après !
Le soir de la rencontre tant espérée ne tarda pas, alors qu’il roulait tranquillement, Gabriel vit arriver face à lui, feux de route enclenchés l’animal à abattre !
Enfin, c’est ce qu’il pensa, et profitant de l’aubaine sans hésiter une seconde les bras crispés sur son bolide il se dirigea droit vers sa cible !
Il ne le savait pas encore, mais il allait être victime d’un double choc !
Les véhicules s’arrêtèrent net dans un fracas de tôles assourdissant.
Gabriel était fier de lui, son pari il l’avait désormais en poche !
A peine remis de cette intense émotion, il se dégagea de l’épave et vit face à lui deux lumières vives qui le fixaient avec insistance en plein visage !
Qu’avait-il donc fait au bon dieu pour que tant de rayons lumineux de forte intensité s’acharnent ainsi continuellement sur lui ?
Il comprit presque aussitôt et, tout en faisant virevolter son couvre chef sur sa tête comme il avait l’habitude de le faire devant les situations grotesques, il aligna ces paroles qui restèrent à jamais gravées dans la mémoire collective des habitants du village, tant elles étaient appropriées à la scène imprévue !
« Aqueth còp si èi pas tròp lusit ! »
« Ce coup-ci je n’ai pas trop brillé !».
En effet, face à lui deux pandores
du coin se rapprochaient afin d’entreprendre un brin de causette !
Il leur expliqua bien évidemment sans se démonter une seconde, qu’il avait été ébloui par les phares de leur voiture !
On a beau être assermenté on se doit avant tout de respecter le code de la route n’est-ce pas ?
Ils lui demandèrent dans la foulée s’il avait bu, visiblement après quelques exercices physiques appropriés afin de détecter l’alcoolémie du chauffard suspecté. Par un miracle que je ne saurais vous expliquer, ce jour là, Gabriel était resté sobre comme un chameau !
Était-ce dû à une petite cure de désintoxication en prévision du froissement de tôle pour ne pas rater sa cible ?
Les gendarmes n’ont cependant pas reconnu leurs torts et l’ont assigné à se rendre devant un juge au tribunal de Rodez, pour s’expliquer sur cet étrange comportement !
Le jour J, notre homme droit dans son costume en velours trois pièces, montre gousset en poche, expliqua que la voiture officielle était arrivée face à lui en l’aveuglant à la manière d’un soleil rasant un matin d’octobre et qu’il n’avait absolument rien pu faire pour l’éviter !
Il insista sur le fait qu’il n’avait pas bu !
Le jugement a été prononcé sur-le-champ, son explication ayant été suffisamment convaincante aux yeux de la magistrature.
Gabriel est donc ressorti blanchi de l’accusation injuste stipulée dans le procès verbal !
Quand on dit qu’il n’y a pas de justice dans notre pays on se trompe lourdement, notre poivrot vient à l’instant de vous en apporter la preuve formelle !
On n’a jamais su au pays si les agents avaient été réprimandés pour faux en écriture !
Lorsque vous passerez à Loupiac dorénavant, vous aurez je l’espère un autre regard sur l’ancien petit bistrot de la Marcelle.
Le pauvre Gabriel malgré sa bonne volonté, n’a pas eu droit aux trois tournées gratuites, la cible touchée n’ayant pas été la bonne ! il il a dû s’exécuter et payer sa dette !
On est fidèle à sa parole quand on habite Loupiac !
Malgré ce manque de chance évident vous en conviendrez avec moi, dans un élan de générosité que tous les habitués du troquet lui connaissaient et pour asseoir sa réputation de pilier de comptoir éternellement , il
a laissé une coquette somme d’argent à la patronne afin que l’ensemble des pieds de vigne les bras accoudés au comptoir, puissent le jour de son enterrement trinquer et porter plusieurs toasts à la santé de son âme !
Tout en racontant, n’en doutons pas une seconde le petit récit que je viens de coucher sur cette page.
Quant à notre brave Jantou, il a remercié chaque jour le seigneur de sa bienveillance, en propulsant Gabriel miraculeusement dans les bras des forces de l’ordre.
Vous trouverez bien une morale à ce conte véridique? IMG_0048.png
 
Dernière édition:
#11
Celui qui néglige le détail est un étourdi si celui qui le dédaigne est un sot ou un infirme ; celui qui s'y perd et ne l'organise pas, en quelque manière dans une idée ou vers un but, est un médiocre ou un impuissant. C'est dans les jeux infiniment variés de la synthèse et de l'analyse qu'est la vie de l'imagination, comme de la pensée, comme de la volonté. C'est là qu'est le secret de la grande science et de la grande action.

L’homme n’est pas tout dans ses habitudes et ses manières ; son costume et sa physionomie, aussi expressifs soient-ils, ne découvrent pas toute son âme.

Les poètes décernent la palme aux vainqueurs, aux volontés héroïques, découvrent chez nous que nul objet n’est plus élevé au monde que la grandeur du libre arbitre humain.

Créer la vision poétique, pour fuir le présent et sa prose inévitable, n’est pas simplement le parti pris de la beauté matérielle et sensuelle mais bien une migration vers les âges disparus ou vers des terres lointaines.

Le poète exprime le caractère évanescent de sa pensée.

La vie est un gigantesque leurre.
 
#12
Les râteliers de l’audiovisuel m’esclaffent !

Ils ne sont pas en adéquation avec les faciès vieillissants qu’ils arborent. Sous leur blancheur nacrée, s’éclipsent comme par enchantement des mâchoires édentées, aux racines pourries jusqu’à la moelle de l’os qui les soutenait ! Avoir une expression au rictus naturel n’est plus à la mode, n’est-ce pas?

Nos rois, nos reines et leur suite ne souriaient jamais sur les tableaux qui les représentaient, leur dentition bien entendu en était l’indéniable raison.

Il y avait une certaine ressemblance physique entre les indigents et les riches autrefois.

Marcher la fleur aux dents toute son existence n’était donc pas l’apanage des nantis! Quelques gueux dotés d’une robuste mâchoire pouvaient alors être jalousés par les plus huppés de notre cher pays.

Les sans-dents ne se faisaient donc pas un sang bleu à ce sujet. Les gueux n’enviaient pas l’émail de la haute société car, comme eux, ils ne pouvaient passer à travers les mailles du père Temps ! Sous la couronne royale solaire pullulaient des odeurs si repoussantes qu’elles auraient découragé les meilleures volontés lèche-bottes d’aujourd’hui à vouloir lorgner vers elle ! Rester bouche bée était en ce lointain passé, pour la bourgeoisie comme pour la noblesse, le seul écran anti-laideur.

Quel dommage, me direz-vous, que cette ressemblance physique n’ait plus cours! Si, actuellement comme en ces temps glorieux, on pouvait jouir de cette égalité, nous serions à l’abri des clapets shootés aux artificielles ratiches qui polluent les écrans de l’idiot visuel à longueur de journée. Et qui sait ? Cet état de fait les obligerait à la fermer avant de l’ouvrir !

Imaginez de grandes baies édentées vomissant des notes mal orchestrées où les langues tournicotent autour de deux ou trois chicots !Je vous sens perplexes, voire interrogatifs ?

Peut-être pensez-vous que j’ai une dent contre eux ?

Ou alors, vous vous dites : «Décidément Momo ne mange pas à tous les râteliers !»

-Eat all the racks!
 
#13
Mon hommage à Arthur Rimbaud

Il a gardé du Roi les gènes de l'artiste,
Mais aussi la fureur qui attise son cœur,
L’écriture dévoile son âme fabuliste,
Le lyrisme adoucit son instinct destructeur.

Ses yeux fixent le ciel le soir quand tout se fige,
L’espace néant lui donne le vertige,
Des myriades d'îlots s'allument en un instant,
Ses pensées s'illuminent, il songe à son amant.

L'amour qui les unit l'inonde d'espérance,
L’idée de le revoir s'infuse d'une image,
Bénie d'éternité, et met fin à l'errance
D’un esprit captif à cette fleur de l'âge.

Sa sève s'électrise d'orages holorimes,
Sa flèche poétique s'élève vers le ciel,
Le récit de sa vie sous sa dictée s'imprime,
Sur une voûte claire au matelas glaciel.

Ce recueil de paroles, sous les ailes du temps,
Fustige sa conscience, anesthésie ses peurs,
Un souffle de fraîcheur parfumé de printemps
Accueille sa raison aux sources du bonheur.

Un serpentin naissant surgit des profondeurs,
Purifiant le reflet du génie créateur,
Maudit par le destin quand son bateau s'arrime,
Sur les vers enlacés des princes de la rime.

Le monde qu'il sculptait d'œuvres surréalistes
S’inclinera toujours en hommage à l'artiste
À la plume de feu volant dans tous les sens,
Près des nues électriques où l'éclair sent l'encens.

Bohémien au grand cœur au Parnasse des muses,
L’auberge où tu dors enjôle les regards,
Petit Poucet rêveur, ce trou de ver t'amuse,
Les brumes qui le voilent encrent tes yeux hagards.

Car des ondes fuyantes balayées par les vents
Fleurissent l'azur vert d'aurores boréales,
De couleurs envoûtantes sur des tapis volants,
Saisissant les démons où flotte la Réale.

Ô poussières solaires aux pensées libérées !
Ô mystiques lueurs sur les vagues océans !
Ordonnez la sagesse aux pâleurs égarées,
Artistes créateurs, aux ombres de géants!
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#14
Quelques pensées tardives

Poètes, vos vers charment mes yeux et leur mélodie parle directement à mon âme sa langue divine.

Quel que soit notre âge, l’illusion poétique survit ; sans tomber dans le romanesque, notre fantaisie se replie sur le rêve. Une migration de tous les instants vers le climat des poètes s’impose à notre cœur et nous ne refusons jamais le voyage.

La poésie permet la liaison avec la splendeur qui s’entoure des plus hauts sommets de l’idée.

L’humanité a su évoluer dans son apparence extérieure, ses mœurs, ses religions, mais face à la morale, les hommes restent dans leurs grands traits les mêmes.

Les snobs, qui foisonnent, se prennent pour des étoiles, ils veulent toujours se grouper pour ressembler à tout le monde. L'on voit bien, par intervalles, des gens isolés et courageux briguer des suffrages en lorgnant longuement vers la galerie. Ils veulent plaire par nécessité aux dames plus nombreuses que les hommes et attirer vers eux une nuée de jeunes qui courent à droite et à gauche comme les petits poulets après le grain lancé à la volée par la fermière.

Le penseur est un panseur de plaies, aussi je me plais à penser que je suis un panseur.

Il n’y a pas pire pauvreté que celle du manque d’esprit.

Rencontre du troisième type!

Aux premiers souffles de l’aube, à l’heure où la faune fuit vers les sous-bois, sur le chemin caillouteux de la promenade où l’air s’est chargé d’élans aux odeurs pastorales et où le ciel s’étend en reflets envoûtants, je marchais quand, subitement, ma fidèle chienne, au détour d’un sentier, marqua un temps d’arrêt: face à nous, droite comme le mât d’un navire échoué, une silhouette, cheveux tendus sous une voile aux quatre vents, me lança... « Ici, le temps a suspendu son vol, il n’y a plus d’heures propices !» Puis, aussi rapidement qu’elle nous était apparue, pareille à un mirage, son image fuyante quitta ce lieu aux effluves magiques. Non loin de là, alors que je m’interrogeais encore sur cet étrange rêve éveillé et que je foulais sans m’en rendre compte des vers égrenés récemment, sous l’arche d’un vieux pont, deux créatures figées comme des pictogrammes sortis d’un monde imaginaire m’interpellèrent : - Ne nous reconnais-tu pas, l’ami ?… Le premier me lança : - Faut-il pour cela que je me couche sur le frais cresson vert et que le ruisseau desséché à mes pieds chante en accrochant follement aux herbes des rayons d’argent ? - Et moi, reprit son compagnon en arborant une physionomie spectrale plus que pittoresque, dois-je m’immaculer d’un interminable ennui au pied de cette plaine pour que tu puisses apercevoir un ciel de cuivre sans lueur aucune? Ainsi, l’artifice qui apparaît à tes yeux sûrement irréel te permettra-t-il de voir
vivre et mourir la lune ? Pas de doute, il s’agissait bien du couple infernal ! Profitant d’un moment de lucidité, j’eus tout juste le temps de leur poser cette question : - Que faites-vous dans cet espace? Alors, les deux amants, en chœur, dans un écho perçant qui me glaça le sang, eurent ces mots grisants : - Que crois-tu? Nous t’attendons!
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#16
Quelques pensées matinales

Attention!…
Nous quittons l’âge cénozoïque et nous entrons dans l’ère virtueloïque.

Il faut, sans y être poussés, vouloir quitter le monde et le siècle pour gagner furtivement un lieu sacré où l’on a plaisir à se ressourcer.

Vivre de mensonges permet souvent d’atteindre les plus hauts rangs de la hiérarchie.

Visions harmonieuses, enchantement des sens, vos vers charment mes yeux et leur mélodie joue à mon âme des notes qui encensent mille pensées divines présentes au paradis!

Quand s’étalent au loin les vapeurs vespérales, l’ultime rayon vert éclaire l’horizon de douces lueurs astrales.

Je vis près d’un coin de ciel bleu en bordure de l’enfer où souffle un air de paradis.

La puissance des mots est bien souvent supérieure à celle des armes.

Aimer c’est savoir dire je t’aime sans parler.
 
#17
Pour l’ensemble des malheureux, la vie est un perpétuel sacrifice.

Pour vivre heureux, éloignez-vous du monde de l’information en fuyant les écrans.

Si le singe imite à la perfection l’homme, l’inverse n’est tristement pas vrai.

Le poète exprime le caractère évanescent de sa pensée.

La vie commence par des cris suivis de mots, elle finit par des maux accompagnés de râles.

Le diable sait attiser la surchauffe.

Un seul poème ou roman, une seule pensée peuvent permettre l’accès à la postérité.

À la recherche de la béatitude, ne perdons pas de vue qu’elle est le fruit d’une multitude d’instants heureux qui nous semblent le plus souvent anodins.
 
Dernière édition:
#18
J’avais 16 ans! Acrostiche à Françoise

F atale destinée que notre vie sur terre,
R ien n’y peut exister, tout y est éphémère!
A vec le vent qui siffle, les bleuités des champs
N e se balancent plus sous les ailes du temps!
C ependant l'une d'elles, dans sa prime jeunesse,
O se lui résister de toute sa faiblesse!
I nsolites images cette nuit dans mes yeux,
S' il le faut, désormais j'affronterai les cieux,
E t je serai à toi, mon aimée, ma fleur bleue! IMG_0104.png
 
#20
Vive la politique sociale du grand Charles!

Le centre hélio-marin à deux pas de l’océan, le Pearl Harbor Français des pauvres au début des années soixante…le paradis des riches IMG_0108.png IMG_0110.png IMG_0109.png ?

Centre hélio-marin de Biarritz : "La science et la conscience au service de l’enfance".
Voilà les mots que l’on pouvait lire sur le petit fascicule de présentation de l’établissement !

Mon devoir d’homme vieillissant m’oblige à vous raconter ce que fut au début de la cinquième République la souffrance de certains enfants placés dans le centre hélio -marin de Biarritz.
Les plus jeunes étaient âgés de deux à six ans, les plus âgés de sept à douze ans.
Ces petites âmes innocentes étaient au sein de cet établissement dans un but précis, celui de prendre du poids.
La fondation agréée par le ministère de la santé paraissait bien belle vue de l’extérieur, malheur au pauvre être innocent qui s’aventurait à l’intérieur !
J’essaie de me remémorer cette période car la principale préoccupation du pouilleux, crasseux et chétif que j’étais devenu après de très longs mois de détention fut d’effacer de sa mémoire à jamais cette très mauvaise expérience !
Ils sont légion ceux qui ont souffert à deux pas de l’océan, sans avoir eu le plaisir de profiter de ses bienfaits !
Les vagues pour toujours chargées en lourdes larmes inlassablement frapperont leur mémoire meurtrie !
J’ai pu récupérer, grâce à un ami, les pages d’un premier procès dans les années quarante à l’encontre du fondateur de ce lieu maudit !
Monsieur le Directeur a remis le couvert en affamant et en maltraitant les pauvres petits pensionnaires moins de deux décennies plus tard !
La similitude des sévices infligés aux malheureux enfants qui lui étaient alors reprochés lors de cette condamnation, par rapport à ma malheureuse expérience est frappante.
Croyez bien que je pèse ici mes mots et l’ensemble des petits résidents qui ont témoigné sur un forum hélas aujourd’hui supprimé, va bien entendu dans mon sens.
En dehors des petits pensionnaires nantis d’une parenté aisée, qui eux vivaient au paradis deux étages au-dessus de nos têtes !
Je vais ici surtout vous raconter mon très long séjour dans les profondeurs du bâtiment.
Quand on déracine et que l’on affame un être innocent tout en le frappant journellement,
on détruit partiellement son existence !
Le joug de l’enfance est parfois fait d’angles vifs et l’on a beau secouer nos frêles épaules pour nous soulager des blessures profondes viennent meurtrir pour toujours nos âmes aux ailes fragiles.
J’étais dans ma onzième année quand, à la suite d’une longue hospitalisation, une gentille assistante sociale de ma région a insisté auprès de ma maman pour je sois placé dans un centre hélio-marin.
L’établissement était situé en bordure de l’océan, j’allais profiter du bon air du large chargé d’iode aux multiples bienfaits !
C’est donc le cœur serré, mais néanmoins heureux à la simple pensée que j’allais enfin découvrir cette vaste étendue d’eau salée, qu’avec ma mère je pris le train en direction de ce coin paradisiaque qui allait à jamais transformer mon esprit.
Le trajet me parut long, interminable même, l’éloignement de ma terre natale me laissait songeur, ma gorge se nouait par moment ! Un flux de salive rapidement avalé, suivi
de paroles rassurantes de ma maman, me permettait d’anesthésier cette angoisse naissante que je n’avais jamais ressentie auparavant !
Il fallait pourtant suivre ce parcours obligé, c’était pour mon bien.
Est-il une chose plus précieuse que la santé, je vous le demande ?
Nous étions au début des années soixante encensées aujourd’hui par tous nos politiciens. La cinquième République qui débutait à peine était dirigée par le grand Charles de Gaulle.
Alors, vous allez penser : « Maurice n’avait absolument rien à craindre tout allait bien se passer !».
Je tenais toujours solidement la main de la très brave femme qui m’avait mis au monde quand je suis arrivé au terme de ce très long périple.
Face à mes yeux se dressait une bâtisse immense, située en bordure de l’océan. Mon âme rêveuse voyageait déjà au-dessus des vagues qui se déchiraient en grand fracas, non loin d’une plage aux sables éternels.
Tout me paraissait grand. Je n’avais aucun doute j’allais vivre en ces lieux des jours heureux.
Quelques marches encore me séparaient de la liberté que je quittais sans le vouloir, mais surtout sans le savoir.
D'ailleurs, ma chère maman aurait, si elle avait su dans quel guêpier elle me conduisait, fait demi tour sur-le-champ, elle qui avait sauvé deux jeunes enfants au nez et à la barbe de la division Dass Reich, célèbre pour ses exactions, en les sortant des rangs de la déportation à Figeac.
Elle n’avait pris ce jour-là qu’un petit risque, celui d’une simple balle dans la tête !
Mais revenons à ma triste aventure.
Un dernier escalier à gravir nous conduisit dans un immense hall où étaient exposés de très beaux meubles. J’ai surtout remarqué un très grand canapé. Face à lui, posée sur une tablette trônait une télévision allumée qui a attiré tout de suite mon attention.
C’était la première fois que j’apercevais cet objet magique où des images s’animaient !
-Tu vas être heureux ici, Maurice…
- oui, maman !
Une gentille dame très bien habillée s’est avancée vers nous.
-Je suppose qu’il s’agit de Maurice, notre futur petit pensionnaire ?
Il a l’air bien mignon, nous allons bien nous occuper de lui !
Ces phrases ont fini par me rassurer et à me convaincre de la nécessité de ce long voyage. Je lâchai la main de ma mère pour la serrer une dernière fois dans mes petits bras.
Est arrivé alors ce moment qui dans ma vie, a marqué pour toujours mon impuissance à retenir les personnes que je j’aime.
Ma mère allait me quitter de longs mois, mais c’était pour mon bien !
On doit bien trouver une raison à une séparation douloureuse quand on est un tout petit bonhomme.
J’étais malade, pourtant je me sentais bien dans mon corps, je venais de passer plus d’un mois dans une clinique où l’on me faisait des transfusions journellement, je ne pouvais être que guéri !
D’ailleurs à la fin de mon hospitalisation je parcourais tous les couloirs en chantant, j’étais connu et apprécié de tous les malades !
Qui ne connaissait pas Maurice ?
La mère de Charles Boyer l’acteur, qui résidait en permanence à la clinique était devenue ma troisième grand-mère, ma confidente. Elle m’invitait à venir voir dans sa chambre les films où son fils jouait et elle était fière de pouvoir le dire: -Regarde…regarde…Maurice ! C’est Charles mon enfant, tu vois comme il est beau !
Il faut croire que dans l’existence les bons moments sont très éphémères, j’allais l’apprendre après ce bref passage au paradis.
La gentille assistante sociale avait tellement insisté que ma maman s’était laissée convaincre!
L’heure n’était plus aux regrets, mais à la séparation. Une main ferme me fit comprendre dans quelle direction je devais aller.
Les larmes envahissaient mes yeux et je suis certain que le regard de ma mère s’était voilé au même instant, elle si rassurante, si aimante, cette femme unique, si belle, si héroïque !
Je suivais Maïté sans le savoir une basque à la voix forte, à la main rugueuse et lourde !
Je descendais au sous-sol du grand et beau bâtiment flambant neuf.
Une porte pleine s’ouvrit donnant sur un espace sans ouverture, où une douzaine de tout petits lits à barreaux étaient alignés.
Des enfants silencieux me fixaient du regard.
-Installe-toi ici, ce sera ton lit, mets tes affaires dans cette armoire !
Puis elle quitta ce que je dois appeler une cave qui sentait le renfermé, bien loin du bon air marin que l’on m’avait promis.
-Salut, le nouveau d’où viens-tu ?
Je m’évertuai à répondre à un flot de questions qui fusaient dans tous les sens, alors que je n’avais qu’une envie, celle de m’isoler pour pleurer.
Mais j’étais un rude je n’allais pas dévoiler mes faiblesses.
Fatigué par ce long déplacement je me couchais enfin sur un petit lit conçu pour un enfant de quatre à six ans, moi qui étais dans ma onzième année.
La position idéale sur cette couche inconfortable était celle du chien de fusil, en prenant soin d’éviter quelques ressorts qui visiblement n’avaient pas résisté à l’épreuve du temps.
Je me suis endormi rapidement et j’ai été réveillé presque aussitôt par une salve de coups de balai qui atterrissaient sur moi un peu dans tous les sens.
Chaque petit lit a eu droit à sa ration, peu de temps après, j’ai entendu des voix fluettes me demander :
-Elle t’a frappé toi aussi le nouveau ?
- Oui…
- il faudra t’y habituer, ce sera comme ça tous les soirs !».
Avant d’aller plus loin dans mon récit je veux vous faire part de la souffrance morale de l’enfant déraciné.
Je n’avais pas à me plaindre, j’étais parmi les grands du centre qui avaient la possibilité de se protéger un peu !
J’ai une pensée émue pour les bébés qui ont vécu cette atrocité sans défense !
Comme nous ils avaient été placés dans la maison du "rachitisme" par rapport à leur corpulence chétive.
Comment a-t’on pu séparer des êtres si fragiles des bras de leur maman ?
Je n’arriverai jamais à me l’expliquer !
Je vous dirai plus tard comment j’ai appris qu’ils étaient prisonniers eux aussi entre ces horribles murs au sous-sol.
Je reviens au tout début de mon long séjour. Ma tristesse était infinie, une seule idée hantait mes pensées et nourrissait une angoisse perpétuelle.
J’aurais souhaité rentrer chez moi immédiatement pour ne pas avoir à souffrir pour retrouver mes parents, mes frères, revoir mes chiens, mes chats ils étaient sûrement eux aussi tristes de ne plus me voir !
Les minutes dans ces conditions sont alors semblables à des heures, les heures à des mois, les mois à des années !
Tout s’écroule, une immense solitude envahit l’esprit, elle ne se domine pas, on ne s’y habitue pas, on la subit.
Mon premier réveil fut cauchemardesque, je ne peux pas vous le décrire, il est gravé en moi comme une plaie qui ne cicatrisera jamais !
Une «maman» basque arriva, c’est ainsi que nous devions les nommer !
Vous savez !…du genre de celles que l’on n’a pas envie de peloter, une rude, une pure, une solide à la main rugueuse rapide comme l’éclair !
La toilette matinale n’existait pas, j’ai un vague souvenir d’une douche commune prise durant la première moitié de mon séjour.
Toujours au sous-sol j’allais prendre mon premier petit déjeuner.
C’était un breuvage amer accompagné de quelques tranches de pain. Ce mélange de liquide en guise de café au lait pouvait favoriser les nausées. Les enfants récemment arrivés avaient du mal à s’y habituer. La cause ne résidait pas dans le fait qu’ils étaient tous difficiles croyez-moi !
-Mange, me lança un de mes camarades, il faut que tu manges !».
Je n’avais pas faim, mon estomac était noué !
Mais il fallait bien que je fasse ce gros effort sur moi, j’ai fini par avaler quelques gorgées.
J’ai vu des «nouveaux» (c’est ainsi que nous les surnommions à la maison du rachitisme) refuser de se nourrir au moins pendant deux jours !
Les plus anciens s’arrangeaient pour que la surveillante ne s’en s’aperçoive pas.
La faim finit toujours par l’emporter et persuade les estomacs les plus délicats!
On nous servait des repas toujours semblables et il n'était pas rare de trouver notre ami préféré le cafard dans une de nos assiettes !
Il ne fallait pas s’en plaindre, c’était, paraît-il, normal !
Ma mère m’a confié qu’elle avait eu la curiosité d’observer, le jour de mon départ, l’enclos aux poubelles. De grosses boites de conserves d’environ cinquante kilogrammes sans étiquette s’y trouvaient.
Un soir on nous a servi une omelette aux lentilles, je dois dire que nous avions rechigné à manger ces dernières à midi !
Aux cuisines on avait l’art d’accommoder les restes n’est-ce pas ?
On s’encourageait, il fallait achever ce que l’on avait dans nos gamelles, c’était devenu une sorte devmission !
Nous étions arrivés dans le but de reprendre du poil de la bête !
Et des bêtes nous étions devenues !
La pire des épreuves gustatives nous attendait en milieu d’après-midi. On nous obligeait à ingurgiter ce qui était sensé être du lait !
Je connaissais bien le bon goût de ce dernier je le buvais par giclées au pis de ma chère Flourette !
Là, seule la couleur blanche pouvait entretenir une mince illusion sur ce nectar précieux.
Une fois en bouche, notre seul recours était d’avaler le breuvage le plus rapidement possible pour éviter les retours aux relents amers et nauséabonds !
Certains enfants se sacrifiaient en buvant celui de leurs camarades qui ne pouvaient absolument pas supporter cette curieuse potion !
Tous les verres devaient être vides à la fin de cette dégustation forcée !
Était-ce une potion à effets secondaires ?
Je ne le saurai jamais.
Ah !…Ne croyez pas que l’on ne se marrait pas de temps en temps !
On ne manquait pas d’idées, le matin on avait quartier libre dans la cave.
Mais ne vous inquiétez pas trop pour nous la malbouffe avait son coté bénéfice : l’esprit n’en est que plus alerte.
Nous avions des idées, pour nous amuser.
Notre jeu favori consistait à capturer les bestioles qui crapahutaient sur le sol.
On avait là une superbe réserve à portée de main.
Les rongeurs se méfiaient de nous, contrairement aux cafards qui sont des bestioles, reconnaissons-le, stupides !
Nous ne leur laissions aucune chance de nous échapper.
On les remuait dans tous les sens avec nos petites menottes que l’on ne lavait jamais.
Eh bien, vous allez peut-être difficilement me croire nous n’étions jamais malades !
Nous avions inventé -du moins le pensait-on la course de cafards, un jeu qui nous occupait et qui nous faisait rire aux éclats.
Vous allez me dire : « Il faut peu de chose pour amuser les gosses » …et c’est très vrai !
Nous organisions des compétitions épiques…non hippiques.
C’est seulement quelques années plus tard en regardant un film culte que la télévision diffusait chaque année ou presque, " Les trois chevaliers du Bengale" que je me suis aperçu que les acteurs prisonniers dans un cachot jouaient avec ces insectes selon les mêmes règles que nous !
Incroyable non ?
On nous amena un jour à l’océan, cela à notre très grande surprise !
Nous avons eu l’autorisation de tremper nos pieds dans l’eau !
Devant nous, un rocher sur la plage était couvert d’escargots de mer. Un copain m’ a dit : « Ils sont bons à manger » Et bien croyez-moi, ils n’ont pas eu le temps de sortir les cornes !
Je vais maintenant vous parler d’une journée bien particulière !
Bien que présents dans ce centre, mes copains de caverne ne me paraissaient pas chétifs !
Je n’ai jamais constaté chez eux le moindre souci pouvant justifier la nécessité de leur présence à Biarritz, on peut-être maigre et en grande forme physique, je l’ai appris plus tard en pratiquant le sport cycliste.
Aujourd’hui je me dis avec beaucoup de recul qu’une organisation malsaine était bien en place en ce début de cinquième République !
Mais cela n’est pas un scoop !
Les enfants de la Réunion ont souffert d’une politique déracinement immonde !
Avec le Ministre de Charles….Michel Debré, c’était de gré ou de force !
À qui profitait le crime ?
Un jour, j’ai eu le malheur d’avoir mal à une dent, vous savez à quel point on souffre dans cette situation !
Comment allais-je faire accepter à la basque à la main rugueuse que mon cas était urgent ?
J’étais un douillet, un simulateur je faisais tout pour me faire plaindre !
Mes braves copains avaient beau me soutenir elle s’en fichait royalement !
Après de longs jours de souffrance elle a décidé enfin d’en toucher un mot à la Direction.
La décision de me conduire chez un dentiste en ville fut enfin prise.
J’allais m’absenter de la cave pour une balade dans la superbe ville balnéaire !
Après avoir décapé très sommairement mon enveloppe charnelle crasseuse j’ai mis ma tenue de sortie.
Madame la Directrice était la très sympathique personne à l’accueil, elle se chargea de mon déplacement chez le praticien son mari.
C’est ce que j’ai appris bien plus tard, notre homme était chirurgien dentiste.
Au volant de sa belle limousine dans le centre de Biarritz, elle grilla un feu rouge.
Un coup de sifflet se fit entendre aussitôt !
Sans se démonter, ni ralentir, elle lança à l’agent : « Je n’ai pas le temps vous nous enverrez la note ! ».
Il me tardait d’arriver chez mon sauveur après tout il y avait urgence !
Je me trouvais allongé confortablement pour une fois! Le dentiste décida de m’extraire la dent malade.
J’ai une dentition relativement bonne encore aujourd’hui, je suppose qu’il devait s’agir d’une dent de lait.
L’avantage c’est qu’elle ne m’a plus jamais fait mal !
Ils parlaient entre eux, et il lui a dit :
-Tu peux m’amener tes pensionnaires, filles ou garçons je suis sûr que je leur trouverai au moins deux ou trois caries !».
C’est à cet instant précis que j’ai réalisé que nous n'étions pas seuls dans le bâtiment.
Comment imaginer qu’après de longs mois, nous n’avions ni croisé ni aperçu d’autres enfants filles ou garçons âgés de deux à douze ans ?
Il n’y avait aucune âme qui vive à part nous les pestiférés.
De retour dans les entrailles de l’immense demeure j’en ai parlé à mes copains de cellule.
« Non !…non !…nous sommes seuls » me répétèrent en chœur mes copains !
On entendait bien quelques cris stridents qui perçaient la froideur de la nuit parfois, mais rien ne nous laissait supposer que des bébés occupaient non loin de nous ce sous-sol lugubre !
Puis, arriva ce jour spécial où la mégère de service nous a dit : «Dépêchez-vous !…On va aller se cacher, il ne faudra pas parler, c’est un jeu, il y aura une récompense à la clé !».
Elle nous conduisit dans une cave encore plus obscure que celle à laquelle nous étions habitués et ferma la porte à clé.
Dans un silence glacial nous sommes restés là, terrés.
Après de longues heures, une personne est venue nous ouvrir.
« C’est bon !…vous pouvez sortir !».
Nous attendons toujours la fameuse récompense !
Enfin si, elle allait faire son apparition sous une forme déguisée !
Quelques semaines avant mon départ, on allait enfin quitter le trou à rats et nos camarades de jeu les cafards.
Nous allions prendre nos quartiers dans un beau dortoir avec de grands lits, tout était magnifique à mes yeux et même confortable !
Nous disposions de grands lits, d’une salle de bain, et surtout les personnes qui s'occupaient de nous étaient gentilles !
Nous avions droit à autant de bisous qu’on le souhaitait le soir avant de nous endormir !
Le réfectoire était grand la nourriture excellente, mais que s’était-il passé ?
J’attribue aujourd’hui ce changement radical à un contrôle officiel le jour de notre isolement forcé dans les profondeurs de la fondation !
Il a très certainement fait prendre conscience à la direction qu’elle devait changer de méthode au risque de se faire épingler par la patrouille !
J’ai été surpris de rencontrer à l’étage supérieur au nôtre des enfants très bien habillés, entourés de nombreux jouets dans des salles superbement décorées !
" Là, tout n'est qu'ordre et beauté,: Luxe, calme et volupté " merci cher Baudelaire !
Ils étaient ce jour-là occupés à jouer à des jeux de société.
Monsieur le Directeur avait une politique sanitaire à deux vitesses !
Les enfants de parents riches vivaient leur séjour au dernier étage de la somptueuse bâtisse.
Les enfants des pauvres descendaient directement au sous-sol.
Financièrement nous étions très rentables pour l’homme d’affaires.
Je vous rappelle que le centre hélio-marin était agréé par le ministère de la santé !
On ne mélangeait pas comme vous le constatez, les pauvres avec les riches chez ces gens là.
Peu importe d’un seul coup de baguette magique on vivait dans un autre monde !
C’était un début de vie au château qui nous tendait enfin les bras à nous les pouilleux !
Nous avions l’autorisation d’écrire à nos parents mais nos lettres étaient lues !
Je me remémore que j’écrivais phonétiquement, j’étais presque illettré alors que je rentrais dans ma douzième année !
J’étais le chouchou d’une maman, elle venait à mes côtés lorsque je faisais la sieste et me couvrait de baisers, m’ont rapporté mes camarades.
Le jour de ma libération est intervenue, hélas, presque aussitôt !
Ces conditions d’existence n’ont malheureusement pas duré très longtemps, d’après ce que j’ai lu sur le forum consacré au centre, avant d’être supprimé.
Décidément, dans cet aérium les mauvaises habitudes étaient tenaces !
Ce que je décris aujourd’hui, c’est ce que j’ai vécu et que je puise au fond de mon subconscient.
Enfin sur le chemin du retour, j’étais heureux à la simple idée de revoir ma maison, mon père, mes frères, mes chiens, mes chats et tous les animaux de la ferme.
Je n’ai jamais dit un mot de mon séjour déplorable à mes parents, j’ai tout fait pour occulter dans ma mémoire ces longs mois de souffrance, pour ne me souvenir que des quelques jours qui ont précédé mon départ.
J’ai fait la connaissance de Danièle et Brigitte, elles m’ont mis au courant de leur calvaire !
Elles avaient à peine plus de deux ans lorsqu’elles ont été séparées de leur famille et prisonnières du centre hélio-marin.
Brigitte a pu se remémorer quelques instants de son triste séjour grâce à l’hypnose.
Danièle est aujourd’hui psychologue, on se contacte de temps en temps au téléphone.
Elle m’a rapporté qu’elle était revenue amaigrie chez elle et que dans le train qui la ramenait, elle répétait en boucle : «pas la dame qui me donne des claques !…Pas la dame qui me donne des claques ! ».
Un bébé d’à peine plus de deux ans n’invente pas ces mots si durs à entendre !
La seule explication que j’ai à vous donner d’après mon analyse, c’est que l’infirmière basque au revers expéditif devait la frapper régulièrement !
J’inscris ses paroles ici en lettres de sang.
«Si tu continues à te plaindre, je te fous une claque ! »…et bien entendu je n’ai aucun doute, elle frappait régulièrement Daniele et les autres petits en bas âge !
Elle devait venir se défouler en bas sur les pauvres petiots incarcérés cette soi-disant infirmière, qualifiée de gentille par les bambins d’en haut !
Danièle a le terrible souvenir, je le précise d’être attachée sur son petit lit !
J’ai pu sauver le témoignage de beaucoup d’enfants qui ont connu cet enfer à deux pas de la mer !
Ils sont très émouvants, à la limite du supportable !
Il faut avoir une certaine volonté croyez-moi, pour écrire sur un sujet qui vous a torturé l’esprit insidieusement en transformant votre petite âme d’enfant!
 
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