BURN OUT
Quand ton corps aussi lourd qu’un amas de fer rouillé
Par l’usure de tes pensées noyées dans l’océan de la compétitivité
Te lance les signaux « warning, surchauffe, attention danger
On fait trop souvent l’erreur de ne pas l’écouter, de s’oublier
Si bien qu’un jour la coque qu’on croyait insubmersible finit par sombrer
Est-ce une faiblesse que de dire stop, je n’en peux plus, continuez sans moi
J’ai besoin de repos, de reprendre confiance, d’avoir de nouveau la foi
De sentir la chaleur d’un feu d’espoir, de rêve qui nous irradie de haut en bas
Vivre de belles choses, sortir de ce carcan que la société nous renvoie
Ecraser son voisin pour gagner un échelon mais en reconnaissance de quoi ???
Quand ta voix se terre au plus profond de toi-même, pour ne pas dire
Toutes les rancoeurs, l’hypocrisie alentour qui te font souffrir
S’abstenir, se mentir à soi et aux autres, se forcer à sourire
Tout est bon, alcool, médicaments, drogue, pour pouvoir à tout prix tenir
Sans, hélas, avoir conscience que tôt ou tard, peut arriver le pire
Combien de fois as-tu eu envie d’envoyer paître un client, un patient
De ressasser les mêmes mots parce que dans le relationnel le paraître est important
Plus important que tes valeurs profondes, tu bâillonnes tes meilleurs sentiments
Faire du « politiquement correct » pour que le petit chef ou le patron soit content
Alors que ton esprit se contient, en pensées tu lui rentres dedans.
Quand tu pars au travail déjà fatigué, le dos courbé en avant
Avec au pied un boulet fantôme que tu traînes difficilement
Comme un forçat qui purge sa peine des années durant
A te demander ce que tu as pu faire dans tes années antérieures
Pour devoir payer au prix fort, le poids terrible de tes erreurs.
Est-ce une honte dans notre pays soit disant développé
De ne plus vouloir être un rouage de cette économie gangrenée
A 50 ans, on est bon pour la casse mais on peut toujours consommer
Encourager les jeunes dans leur oisiveté, pas de travail, pas assez expérimentés
Et ceux qui « bossent » tels des esclaves sont considérés comme privilégiés.
Quand tu pars au travail avec ce mal au ventre qui te ronge intérieurement
Cette boule qui se crispe en toi qui te plie en deux, est un avertissement
Tu essaies de te redresser mais tous tes muscles se tétanisent instantanément
Tout ton être martyrisé te supplie de cesser cette torture absurde immédiatement
Mais non, toi, petit soldat stupide et besogneux va au casse pipe, c’est évident.
Pour une paie ridicule, on consume son capital santé
Alors qu’au ministère on se sert grassement sur le dos des salariés
On nous parle d’austérité, croissance, des mots surtaxés, surjoués
Nous faire avaler une pilule pour avorter notre liberté de penser,
Nous faire croire qu’en étant performant, on sera mieux considéré.
Quand tu te retrouves avec les yeux qui piquent, tu te forces à ne pas pleurer
Quand tu ressens une injustice, une incompréhension tu te mords pour ne pas crier
Tu respires, tu halètes, à te faire mal, tu serres les poings pour ne pas frapper
Cette envie de tout envoyer valser, de taper, de casser, t’empêche de respirer
Tu n’as qu’une hâte, t’enfuir pour évacuer ta rage, tout dégueuler dans les wc.
Pourquoi prendre un anglicisme pour définir l’épuisement professionnel
Est-ce tabou en France que de dire « aidez moi, je ne vois plus le bout du tunnel »
Tout est sombre dans ma vie, il n’y a plus d’étoile au firmament pour éclairer mon ciel
On a tous un rythme différents, laissez moi retrouver le mien, c’est essentiel
J’ai besoin de redevenir celui que je fus, avec mes convictions originelles.
Chaque corps de métier a le droit de s’exprimer, d’être fatigué, se sentir usé
Nous sommes tous confrontés à cette dure réalité qu’on essaie de maîtriser
Pourquoi se sentir jugé, critiqué, la vie est déjà tellement compliquée
On a tous besoin, un jour où l’autre d’avoir un vrai temps pour se ressourcer
Il y a suffisamment de personnes sur le marché de travail pour nous remplacer
Sans que l’on nous fasse ressentir, en plus, les méfaits de la « culpabilité »
IsabelleFJ