Ibi, mon prince du désert,
Tu appartiens au peuple des Peuls,
Beau nomade "Wodaabe" du Niger,
Minoritaire dans ton pays, et bien seul.
Réputé pour ta beauté, tu es grand, élancé et racé.
Sou ton chèche indigo ou parfois blanc,
Seul ton regard noir apparaît.
Maquillé de khôl...des amulettes autour du cou..époustouflant !
J'ai partagé quelques semaines avec toi et ton clan,
Au rythme des transhumances et de tes zébus.
J'ai eu la chance de voir ton visage sans turban,
Laissant apparaître deux grosses nattes, et plein d'autres très menues.
Dans votre culture, on ne se décoiffe pas devant les gens,
En signe de respect, surtout quand des étrangers sont reçus.
La savane et le désert sont ton domaine,
Avec ses maigres buissons et ses arbres squelettiques.
Il faut être né ici pour pouvoir y vivre... la mort est si soudaine.
Mais c'est votre volonté de rester dans ce petit bout d'Afrique.
L'harmattan, ce vent chaud remplit l'air d'une brume de sable,
Avec mes yeux d'européenne, impossible de me situer.
L'environnement disparaît sous un soleil implacable,
Mais toi, Ibi, tu sais toujours où tu es !
Vous les "Wodaabe", avec votre bétail, vivez en symbiose totale,
Ne laissant aucune trace sur votre passage.
Ce qui fait votre force, c'est la patience "le munyal".
Les traditions qui vous lient, sont pour nous d'un autre âge.
L'avènement du monde moderne et l'avancée du désert sont un fléau.
Cela sonne le déclin pour votre peuple qui vit presque en autarcie
Comme vos ancêtres, en des temps immémoriaux.
Sans pâturages, sans bétail, un "Wodaabe" est anéanti, la vie est finie...
Ce peuple pacifique et merveilleux, avec ses danses, ses traditions disparaît peu à peu.
Le gouvernement Nigérien, ne veux pas d'eux, et les qualifie de "broussards".
Ils ne sont pas recensés et n'ont aucun droit.
Les changements climatiques et la désertification les anéantiront, sans aucun doute !