Monsieur Vincent n'est pas ce "prestre"
Qui sauva les petits enfants
Ni n'aura vu d'extraterrestres
Par une nuit en s'égarant
Ce Vincent-là, du nom d'Auriol
En mil neuf cent quarante et un
A décroché son auréole
Pour avoir dit "non" à Pétain
Quand Vincent à la vie s'éveille
Il fait très chaud partout en France
Les raisins gorgés de soleil
Guettent aussi leur délivrance
Le bambin est le fils unique
De Jacques Auriol, un boulanger
Et de son épouse Angélique
Deux socialistes engagés
Encore enfant Vincent s'éborgne
Avec un pistolet factice
Depuis ce jour d'un œil il lorgne
Ses livres et son institutrice
Cela n'empêche pas le môme
D'obtenir son certificat
Son brevet et tous les diplômes
Qui font de lui un avocat
Lors c'est au barreau de Toulouse
Qu'il exerce son beau métier
Et au printemps mil neuf cent-douze
Près d'Albi il va se marier
Son beau-père est souffleur de verre
C'est un intime de Jaurès
Tous sont hostiles à la guerre
À contre-courant de la presse
Réformé pour son œil de verre
À la politique il s'adonne
Là, il est élu par ses pairs
Député du Lot-et-Garonne
Puis lesdits pairs l'élisent maire
Maire de sa ville natale
Et pour mieux gérer leurs affaires
L'envoient au Conseil général
Quand Lebrun arrive au pouvoir
Monsieur Vincent croit en ses chances
D'avoir un fauteuil pour s'assoir
À la Justice ou aux Finances
Hélas il doit attendre encore
Que Blum et le Front Populaire
Chassent les Centristes d'alors
Pour lui offrir un ministère
Et de mil neuf cent trente-six
À trente-huit enfin il vaque
Des Finances à la Justice
Jusqu'à ce que Lebrun le sacque
Car c'est le Parti radical
Qui a gagné les élections
Et Daladier a bien du mal
À calmer le cousin Teuton
Mil neuf cent quarante, Pétain
Veut les pleins pouvoirs pour régner
Mais ils sont quelque quatre-vingt
Dont Vincent à lui refuser
Ce qui lui vaut le mois suivant
La résidence surveillée
Puis après un procès navrant
De vivre en clandestinité
C'est là, caché dans les montagnes
Qu'il écrit un livre historique
Livre par lequel il témoigne
Des failles de la République
Puis il rejoint la résistance
À Londres va, cours à Alger
Et quand De Gaulle rentre en France
Il est bien sûr à ses côtés
Lors du changement de Régime
Avant que Gouin soit au pouvoir
Il est le chef par intérim
Du gouvernement provisoire
Président en quarante-sept
Il est élu au premier tour
Le Lot-et-Garonne est en fête
[Et moi soudain je vois le jour]
Pendant son septennat tranquille
La France est en reconstruction
Partout la Bombe A et les villes
Poussent comme des champignons
À bientôt soixante-dix ans
Le président laisse sa place
À René Coty, un Normand
Elu d'un tour... de passe-passe
Retraité, l'ancien président
Inaugure, voyage ou écrit
Rencontre des gens importants
Veille tard et paresse au lit
Dix années plus tard il grommelle
"Comme le temps passe bien vite"
Et son âme montant au ciel
Croise sa fille en son cockpit
Qui sauva les petits enfants
Ni n'aura vu d'extraterrestres
Par une nuit en s'égarant
Ce Vincent-là, du nom d'Auriol
En mil neuf cent quarante et un
A décroché son auréole
Pour avoir dit "non" à Pétain
Quand Vincent à la vie s'éveille
Il fait très chaud partout en France
Les raisins gorgés de soleil
Guettent aussi leur délivrance
Le bambin est le fils unique
De Jacques Auriol, un boulanger
Et de son épouse Angélique
Deux socialistes engagés
Encore enfant Vincent s'éborgne
Avec un pistolet factice
Depuis ce jour d'un œil il lorgne
Ses livres et son institutrice
Cela n'empêche pas le môme
D'obtenir son certificat
Son brevet et tous les diplômes
Qui font de lui un avocat
Lors c'est au barreau de Toulouse
Qu'il exerce son beau métier
Et au printemps mil neuf cent-douze
Près d'Albi il va se marier
Son beau-père est souffleur de verre
C'est un intime de Jaurès
Tous sont hostiles à la guerre
À contre-courant de la presse
Réformé pour son œil de verre
À la politique il s'adonne
Là, il est élu par ses pairs
Député du Lot-et-Garonne
Puis lesdits pairs l'élisent maire
Maire de sa ville natale
Et pour mieux gérer leurs affaires
L'envoient au Conseil général
Quand Lebrun arrive au pouvoir
Monsieur Vincent croit en ses chances
D'avoir un fauteuil pour s'assoir
À la Justice ou aux Finances
Hélas il doit attendre encore
Que Blum et le Front Populaire
Chassent les Centristes d'alors
Pour lui offrir un ministère
Et de mil neuf cent trente-six
À trente-huit enfin il vaque
Des Finances à la Justice
Jusqu'à ce que Lebrun le sacque
Car c'est le Parti radical
Qui a gagné les élections
Et Daladier a bien du mal
À calmer le cousin Teuton
Mil neuf cent quarante, Pétain
Veut les pleins pouvoirs pour régner
Mais ils sont quelque quatre-vingt
Dont Vincent à lui refuser
Ce qui lui vaut le mois suivant
La résidence surveillée
Puis après un procès navrant
De vivre en clandestinité
C'est là, caché dans les montagnes
Qu'il écrit un livre historique
Livre par lequel il témoigne
Des failles de la République
Puis il rejoint la résistance
À Londres va, cours à Alger
Et quand De Gaulle rentre en France
Il est bien sûr à ses côtés
Lors du changement de Régime
Avant que Gouin soit au pouvoir
Il est le chef par intérim
Du gouvernement provisoire
Président en quarante-sept
Il est élu au premier tour
Le Lot-et-Garonne est en fête
[Et moi soudain je vois le jour]
Pendant son septennat tranquille
La France est en reconstruction
Partout la Bombe A et les villes
Poussent comme des champignons
À bientôt soixante-dix ans
Le président laisse sa place
À René Coty, un Normand
Elu d'un tour... de passe-passe
Retraité, l'ancien président
Inaugure, voyage ou écrit
Rencontre des gens importants
Veille tard et paresse au lit
Dix années plus tard il grommelle
"Comme le temps passe bien vite"
Et son âme montant au ciel
Croise sa fille en son cockpit