Il y a fort fort longtemps en la lointaine contrée de Lhyr,
Existait un vénérable dragon doté d'une si grande sagesse,
Que tous les peuples alentour s'en venaient avidement quérir,
Des conseils, que l'antique créature ne donnait pas avec largesse.
Pour récompense, s'accumulaient dans sa grotte des richesses,
Sur lesquelles il se voyait obligé de dormir pour entretenir le mythe,
Quand son rêve était un lit de feuilles ou de plumes pour sa vieillesse,
Un endroit sec et chaud pour ses os martyrisés par l'arthrite...
Vint un jour ou il se décida, après mûres réflexions, à plier bagages.
Mais comment faire quand l'âge vous engourdit les muscles et les ailes,
Vous empêchant de voler et de partir tout bonnement en voyage,
Loin des casse-pieds qui vous chantent sans cesse la même ritournelle?
Il se désespérait, se demandant comment régler son affaire, quand,
Un homme, un nain et un ogre, tous amis, se présentèrent à lui pour obtenir
La réponse à l'éternelle question:comment devenir riche et grand ?
Intérieurement le dragon se frotta les pattes, retenant un effrayant sourire.
-Hé bien, fit l'aïeul, l'air de rien, tenant une pièce d'or entre ses griffes,
Un trésor ne peut s'acquérir que par le travail, la chance ou une opportunité.
Et la célébrité, par le talent, la richesse ou une opportunité,répéta-t-il, l'oeil vif,
Observant la réaction de ses trois visiteurs qui se regardèrent avec perplexité.
Le nain bougonna, l'ogre grommela, laissant l'homme finir la conversation.
D'un tour de passe-passe, déclamant de belles paroles,le dragon parvint à ses fins,
Promettant aux trois amis, monts et merveilles, s'ils l'emmenaient à destination,
Lui trouvant un pays gorgé de soleil, peuplé de muets où pourrait s'achever son destin.
Trimballant maître dragon sur un immense chariot, leur tenacité renforcée par l'avidité,
les trois compagnons parcoururent le monde à la recherche de ce pays tant convoité.
Des jours s'enfuirent, des années passèrent, sans que le sage ne trouve son hâvre de félicité.
Pourtant nombreux furent les royaumes qui proposèrent d'accueillir la créature entêtée.
Jusqu'au jour où l'homme, de vieillesse , mourut, laissant l'ogre et le nain dans l'embarras,
Sans richesse, sans gloire, bien loin de chez eux, avec un dragon impotent sur les bras.
Les deux amis décidèrent alors qu'ils préféraient rester pauvres, condamnés à l'anonymat,
Et plantèrent là, messire dragon, qui, il faut le dire, dans l'histoire, après eux, vilainement rouspéta.
Crachant flammes et fumeroles, sa colère fut telle que, par miracle, il s'envola loin de la terre.
Il put ainsi,après maintes recherches,découvrir qu'on est bien mieux chez soi et qu'il suffit,
D'un peu d'imagination, pour arranger son intérieur, qu'un feu bien dirigé fait aussi taire,
Et que surtout, virer le métal de sous ses fesses et le donner à deux compères, améliore nettement la vie !!!
