UN ÉLU QUI DÉRAPE
L’estrade était trop haute,
Le micro mal réglé,
Mais pas droit à la faute,
Il fallait leur parler.
La salle était hostile,
A lui faire regretter
Les assemblées serviles
De vœux de bonne année.
Il avait épaissi,
Son pas lourd et sans joie
Trainait, et sa vessie
Le trahissait parfois.
Vivre de politique
N’est pas une sinécure,
Que d’épines qui piquent,
De vœux en confiture.
Monter à la tribune,
L’exercice obligé,
C’est hurler à la lune
Au fond de sa pensée.
Il lâcha un peu pâle
Quelques mots borborygmes
Confus comme un canal
Qu’agite une péniche,
Puis déversa soudain
Du grand n’importe quoi,
Les traita de babouins,
De derniers Iroquois.
L’auditoire stupéfait
Ne sut d’abord que faire.
Allait-il le taxer
D’orateur insincère ?
Suicide électoral,
Il les traitait de cons,
Recouvrant son moral
De quand il fut garçon.
« Continuez sans moi,
Je suis un défroqué
Qui jamais n’eut la foie,
Je fus un perroquet,
Et mon projet de vie
Etait de m’élever,
M’enrichir à l’envie
En me sentant aimé ! »
Et la foule déçue
Qu’on ait osé lui dire
Ce qu’elle a toujours su,
Partant dans un délire,
Le réélit pourtant
Aux nouvelles élections,
Deux pour cent de votants,
Le reste en abstention.
L’estrade était trop haute,
Le micro mal réglé,
Mais pas droit à la faute,
Il fallait leur parler.
La salle était hostile,
A lui faire regretter
Les assemblées serviles
De vœux de bonne année.
Il avait épaissi,
Son pas lourd et sans joie
Trainait, et sa vessie
Le trahissait parfois.
Vivre de politique
N’est pas une sinécure,
Que d’épines qui piquent,
De vœux en confiture.
Monter à la tribune,
L’exercice obligé,
C’est hurler à la lune
Au fond de sa pensée.
Il lâcha un peu pâle
Quelques mots borborygmes
Confus comme un canal
Qu’agite une péniche,
Puis déversa soudain
Du grand n’importe quoi,
Les traita de babouins,
De derniers Iroquois.
L’auditoire stupéfait
Ne sut d’abord que faire.
Allait-il le taxer
D’orateur insincère ?
Suicide électoral,
Il les traitait de cons,
Recouvrant son moral
De quand il fut garçon.
« Continuez sans moi,
Je suis un défroqué
Qui jamais n’eut la foie,
Je fus un perroquet,
Et mon projet de vie
Etait de m’élever,
M’enrichir à l’envie
En me sentant aimé ! »
Et la foule déçue
Qu’on ait osé lui dire
Ce qu’elle a toujours su,
Partant dans un délire,
Le réélit pourtant
Aux nouvelles élections,
Deux pour cent de votants,
Le reste en abstention.