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Toujours courir

#1
Toujours courir, toujours courir
Après le temps et sous la pluie,
Toujours courir, toujours courir
Pour éviter un ciel de suie
Et pour parvenir à nourrir
L’affamé qui crie dans le ventre :
« Je n’ai pas crainte de souffrir
De trop manger, fais que tout entre
Et je finirai par pourrir
Repu, gavé, bien dans mon antre. »
Courir et rarement marcher
Sans s’arrêter pour une pause,
Faire en vitesse son marché
Avant que tout se décompose.
Courir sur les pavés, foncer
Avec les aboiements de foule
Dans les murs et tout défoncer
Pour que l’âme en joie se défoule.
Courir et défier le vent
Passant en coup de vent, le vache,
Qui, de son aile va levant
Les cheveux de son air bravache.
Courir pour être le premier
A prendre la meilleure place
Sous la bonne ombre d’un palmier
Fraîche comme un cube de glace.

Se magner le nez pour gagner
Autorité, richesse et gloire
En se faisant accompagner
Par la renommée de la Loire
Est courir au fatal destin
Guettant l’humain dès la naissance
De participer au festin
Et mourir sans reconnaissance.

Il sera vain de secourir
Ce coureur à pied dont la plante
Usée lui valait d’encourir
Une peine de marche lente.