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Quand résonne la cloche Maurice…mon début de scolarité.

#1
Quand résonne le son de la cloche, à l’école primaire de Capdenac, années, 1958…1959…1960.

Dieu qu’il semble lourd le son de la cloche qui résonne sous le ciel pâle de septembre. Je l’ai entendu à trois reprises dans la cour de l’école primaire de Capdenac Gare.
J’allais enfin connaître, après une maternelle cousue main « d’époque », dans le petit village de Mas de Noyer où j’ai appris à pétrir la pâte à modeler un couple d’années, sous l’ œil noir et glacial d’une institutrice, qui déjà reconnaissait en moi très certainement un talent d’artiste sculpteur, et qui me laissait réaliser des œuvres en long, en large et parfois même en travers tout en me gratifiant d’une paix royale.
Après ce brillant passage à la maternelle, j’allais enfin fièrement commencer mes études dans une grande école accompagné de mon frère à peine plus âgé que moi.
Immédiatement assis à ses côtés j’ai compris que le fond de la classe m’était assigné! Quelle délicate attention, peu importe, je disposais d’une bonne vue et j’étais déjà un grand garçon pour mon âge, les trente petites têtes assises devant moi n’allaient en aucun cas me faire de l’ombre!
Mon frère paraissait moins éveillé pour son âge, la maîtresse se rapprocha de moi et me dit d’une voix sèche : toi, Maurice tu t’occuperas de Didier ! tiens me voilà déjà investi d’une responsabilité, ici au moins, on me fait confiance!
J’allais vite déchanter, dans cet environnement public, je devenais sans le savoir un auxiliaire de vie scolaire, non rémunéré bien entendu. L’enfant aux deux ombres entrait déjà dans la vie active sans même le savoir!
La tâche restait simple, il faut bien le reconnaître!
Je devais subvenir à la déficience mentale de mon frère dans tous les gestes de la vie quotidienne et m’organiser pour ne déranger personne!
La porte de la classe donnant sur la cour de récréation se trouvait à deux pas de moi, et on m'avait laissé carte blanche, je pouvais à tout moment quitter la salle de classe pour accomplir mon travail, qui je dois le reconnaître ne me déplaisait pas, il n’y a pas comme vous le savez tous de sot métier.
J’usais ma petite intelligence pour agrémenter cette responsabilité sans lourdeur administrative.
Il m’avait semblé au tout début, qu’après l’institutrice j’occupais le poste le plus important dans cette salle de classe.
Les jours se succédaient dans une ambiance bonne enfant, je me désintéressais totalement des paroles de l’intellectuelle qui dans des élans non contrôlés je suppose, allait finir par me dire régulièrement « toi Maurice tu resteras un âne, tu ressembles comme deux gouttes d’eau à ton frère ».
J’ai appris bien plus tard que l’âne faisait parti des cinq animaux les plus intelligents,
ce n’est pas par hasard qu’il refuse d’avancer quand on l’attelle à un Carreton!.
Mais, revenons à l’état de santé de Didier il empirait de mois en mois, ma deuxième ombre devenait de plus en plus pesante.
Il fallait que je devienne le bouclier de ses humeurs changeantes avec la rapidité de l’éclair, je passais les récréations près de lui pour le protéger, et surtout pour défendre les autres. S’ajoutait à cela la sempiternelle question de l’ensemble des écoliers : qu’est-ce qu’il a ton frère pourquoi il est comme ça ?
Je les remercie indirectement car peu à peu j’ai compris que mon aîné et moi, étions différents!
J’essayais de répondre à la question posée et mon imagination me permettait d’avoir une réponse différente tous les jours pour ne pas les décevoir !
Les cent-cinquante élèves de la cour dans une ronde incessante avaient une soif insatiable ils voulaient connaître la vérité !
Cependant, malgré cet étalage de réponses je comprenais qu’aucune ne pourrait satisfaire la curiosité de cette petite communauté en culottes courtes!
Devenu un vrai saint Bernard, mon abnégation restait totale, mes pauvres parents, pris par le dur labeur de la petite ferme familiale ne se doutaient de rien, mes jours passaient ainsi cadencés par un monde aux allures fraternelles.
Au deuxième son de cloche j’assistais pour la première fois à l’appel des élèves pour le passage en classe supérieure, Inutile de vous dire que je n’ai pas entendu mon nom résonner. Je devenais un redoublant, je méritais sûrement cette sentence, même si inconsciemment mes grandes oreilles écoutaient les paroles de la charmante dame rien ne voulait germer en moi, à l’écrit il faut bien le reconnaître je ne faisais pas beaucoup d’efforts, mon travail restait tou ailleurs!
Me voilà donc de retour à la place qui m’était assignée, je retrouve avec un certain plaisir le banc ciré par mes fesses l’année précédente, et près de moi une ombre bien connue qui devenait plus pesante, par contre l’horizon devant moi se dégageait et je disposais désormais d une vue imprenable sur le tableau!
Mon labeur restait le même, je le possédais par cœur, il me suffisait de subvenir à tous les gestes courant d’une deuxième vie!
Je me fixais pourtant l’objectif d’une bonne année scolaire.
J’apprenais dans mon coin, tout me paraissait simple, la meneuse d’enfants pour autant ne me faisait pas de cadeau, pour ses yeux vitreux je représentais toujours l’esclave et surtout le bourricot!
Ainsi l’année passa, rien ne me laissa entrevoir une quelconque amélioration j’étais voué à mon triste sort.
Peu importe, je devais avancer malgré les brimades et la lourdeur de mon fardeau. Didier, malade mentalement et physiquement vomissait de la bile, face à cette nouvelle situation j’éprouvais une certaine honte vis-à-vis de mes petits camarades je faisais écran, j’essayais de tout prévoir, je le maîtrisais parfaitement!
Il rentrait dans des colères monstres se mordait le poignet, je le calmais aussi rapidement que possible j’étais son calmant, en ces temps reculés les neuroleptiques n’existaient pas encore.
Le troisième son de cloche fut semblable au second et a abouti à la même sanction. Figé, je ne bougeais pas du rang je triplais ainsi le cours préparatoire sans comprendre la décision qui avait été prise par les rigolos qui arpentaient la cour dans des allers retours incessants, je commençais à connaître les cours par cœur, j’aurais je vous l’avoue pu remplacer l’an-saignante psychorigide !….ne cherchez pas, je n’ai pas fait de faute! mon fort intérieur se révoltait.
Mais j’ai encore rejoins mon petit bureau boulet au pied. Maurice demeurait nécessaire à Didier plus que jamais. On ne pouvait envisager de le scolariser si je ne restais pas à ses côtés, tout paraissait simple aux yeux des adultes sans cerveau!
Ma taille devenais à mes yeux encombrante, je mesurais facilement deux têtes de plus que les petits assis devant moi, un sentiment de frustration m’envahissait mais j’étais impuissant face à cette situation voulue, la grosse vache Germe, ne me faisait pas de cadeau, elle continuait à me rabaisser, me faisait à nouveau remarquer ma ressemblance avec mon frère, je n’avais à ses yeux qu’un seul rôle!
L’année passa harassante je portais une croix sur mes petites épaules, j’étais confronté de plus en plus aux coups bas des enfants dans la cour je vivais en enfer.
Au quatrième son de cloche, je sors enfin du rang je vais connaître le cours élémentaire première année, dans un soulagement total, mon frère va à nouveau s’asseoir près de moi au fond de la classe, on ne change pas d’habitudes aussi rapidement!
L’instituteur Serres, n’ayons pas peur de citer les noms, m’est apparu comme un dangereux psychopathe, les coups de règle sur les têtes étaient quotidiens.
Même si rien n’avait changé dans mon emploi fictif je me rendais toujours à l’école le ventre serré. Je refusais ces conditions anormales, je ressentais de plus en plus la fatigue je souhaitais mourir.
Reconnu malade après une analyse sanguine, je fus hospitalisé au milieu de l’année scolaire. Chaque jour pendant plusieurs semaines dans une clinique j’ai tendu le bras pour des transfusions, je me suis remis lentement enfin seul!
Puis est venu le temps de la convalescence, mes parents ont enfin compris qu’ils devaient me protéger de mon frère.
J’ai repris goût là la vie, jusqu’au moment où une gentille assistante sociale de Capdenac a insisté auprès de ma mère, pour me placer dans un centre héliomarin à Biarritz.
Hélas, sans le savoir j’allais à nouveau remettre un pied dans l’enfer des hommes! Mais cela relève d’une autre histoire, beaucoup plus dure et émouvante.

Ma maîtresse d’école psychorigide !. 15B5A7BB-1330-4888-90C3-E3D838AFE48A.png
 
Dernière édition:
#2
très intéressant c'est là que naissent nos habitudes, nos complexes, nos arts, et tout le reste, j'en sais quelque chose .
moi au contraire la maîtresse de yolet m'a sauvé la vie physique et psychologique en me faisant mettre en pension .
mais je ne peux pas raconter ici, c'est terrible .
bravo pour le style l'humour, le courage et tout .Comment se fait-il que personne ne comprenne ce qu'un enfant peut souffrir et qui malgré lui l'affectera toute sa vie .
 
#3
très intéressant c'est là que naissent nos habitudes, nos complexes, nos arts, et tout le reste, j'en sais quelque chose .
moi au contraire la maîtresse de yolet m'a sauvé la vie physique et psychologique en me faisant mettre en pension .
mais je ne peux pas raconter ici, c'est terrible .
bravo pour le style l'humour, le courage et tout .Comment se fait-il que personne ne comprenne ce qu'un enfant peut souffrir et qui malgré lui l'affectera toute sa vie .
Merci, un enfant dans les sables mouvants à beaucoup de peine à refaire surface !… l’an…saignante pour toute culture avait un cerveau clair, elle exerçait pauvrement.
Oui je suis tout à fait d’accord avec vous, ces départs difficiles finissent par enrichir l’être dans de nombreux domaines.
Mon enfance a été chaotique, parfois à la limite du supportable. J’ai beaucoup écrit, car je pensais que l’écriture serait exutoire, hélas quand l’esprit est blessé profondément on ne peut que calmer légèrement sa douleur, sans jamais la guérir. Il existe des plaies qui ne cicatrisent jamais. On parle souvent de l’enfance malheureuse des écrivains je pense sincèrement que la force qu’ils transmettent dans leurs lignes ils la puisent dans ces années tourmentées. Bien entendu il ne faut pas généraliser il existe d’excellentes plumes qui ont eu une jeunesse choyée, mais elles sont plus rares.
Bon week-end
Maurice Marcouly
 
#4
j'aimerais que vous mettiez votre visage de maintenant pour voir
ce que j'ai vécu est indicible et affole ceux qui savent
en effet l'angoisse est source de créativité
qui a dit que la campagne dormait
nos cerveaux nous ramènent des sables terrifiants
ne me dis pas bon week end c'est dur
quand le mal a tracé son sillon rien ne l'effacera
nous sommes du clan des cicatrices
j'ai aussi beaucoup écrit mais pas mon histoire, des bribes du puzzle cassé, défoncé et qui ne peut plus se recoller
dans chaque poème se lit un épisode horrible dans la plupart du moins
ici la vie est aussi la biographie
bon dimanche
marinette
une anglaise me dit: tu es un corps en saignant oui je le suis
 

kinkin

Maître Poète
#5
Momo tu fus une béquille pour ton frère avant les instituteurs se permettaient des choses que de jours seraient considérées comme du harcèlement morale je sais j'ai vécu aussi des coups d'épaules, des tirages d'oreilles coups de pompes dans le cul de la part d'un maître d'école qui se servait de certains d'élèves pour calmer ses nerfs à vif marqué à jamais bravo amicalement Kinkin
 
#8
oui voilà à cette époque on pouvait tout faire mais surtout que personne n'en parle
et à qui aurais-je pu parler ?
heureusement en face de moi il y avait la maîtresse qui voyait tout et à côté le curé qui savait tout
ils voulaient m'adopter et ont réussi à me mettre en pension, ce fut une sorte de bonheur et de sécurité, je ne voulais plus rentrer chez moi, l'été je travaillais pour payer mes livres
 
#9
oui voilà à cette époque on pouvait tout faire mais surtout que personne n'en parle
et à qui aurais-je pu parler ?
heureusement en face de moi il y avait la maîtresse qui voyait tout et à côté le curé qui savait tout
ils voulaient m'adopter et ont réussi à me mettre en pension, ce fut une sorte de bonheur et de sécurité, je ne voulais plus rentrer chez moi, l'été je travaillais pour payer mes livres
Merci à tous, Il fallait à cette époque comme à toutes d’ailleurs,
savoir conjuguer avec tous les éléments!.
Après cette entrée en matière catastrophique, j’ai été prisonnier dans un centre hélios marin enfermé dans une cave au milieu de la vermine, affamé et battu avec douze autres petites créatures.
À mon retour après cette année de séquestration, j’ai eu la chance de trouver sur mon chemin, un brillant instituteur.
J’étais dans ma douzième année, pratiquement illettré. Il a réussi l’exploit en deux ans à me faire obtenir le certificat d’études primaires en avec à la clé l’honorable place de premier du canton à Capdenac avec 94 point sur 100.
Il dira à mon ex-femme infirmière, alors qu’il était en réanimation « Maurice a fait une chose que je n’ai vu qu’une seule fois dans ma carrière. Cocorico !…sourires
Ensuite, j’ai réussi un concours d’entrée au lycée Champollion où je suis resté quatre ans, la seule matière qui me passionnait était le français.
J’ai eu la chance de m’occuper de mon oncle
professeur agrégé de français latin grec, pendant quinze ans, je crois qu’il m’a transmis
ce goût puissant pour la littérature, il avait une facilité d’élocution incroyable, depuis je tente maladroitement de l’imiter ! Hi
Il m’a fait plaisir un jour en me disant: toi et moi, on sait parler et écrire !.
Bien sûr j’ai écrit sur mon passé, je peux intituler mon livre à l’instar d’Arthur Rimbaud plusieurs saisons en enfer…
Bonne soirée
Maurice
 
Dernière édition:

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
#10
Oui, bien des enfants connaissent un vécu bien pire, ceci dans un passé bien plus récent.
J'en fais partie, j'ai vécu bien pire que l'innommable, à ce moment, je ne parle pas de Biarritz, ceci reste bien plus innommable en douleurs et durée.
Mais je fais bien partie des pupilles de l'état qui n'ont pas connus leurs parents ou si peu. Battu, traumatisé, mentalement, physiquement.
Je ne peux pas juger ta souffrance, mais tu ne peux juger la mienne.
La comparaison serait sur l'époque et non le vécu.
Au moins tu as connu des réussites par tes efforts, les miens sont restés vains ...
Peut être car j'étais fils unique, seul responsable de mes problèmes tout en en étant innocent, sûrement oui.
C'est pas à douze ans que j'ai su écrire et lire, à 4 ans je savais. Mais à vivre je n'ai pas su avant 1997, et encore, une vie par procuration.
 
Dernière édition:

GABY73

Maître Poète
#11
Quand résonne le son de la cloche, à l’école primaire de Capdenac, années, 1958…1959…1960.

Dieu qu’il semble lourd le son de la cloche qui résonne sous le ciel pâle de septembre. Je l’ai entendu à trois reprises dans la cour de l’école primaire de Capdenac Gare.
J’allais enfin connaître, après une maternelle cousue main « d’époque », dans le petit village de Mas de Noyer où j’ai appris à pétrir la pâte à modeler un couple d’années, sous l’ œil noir et glacial d’une institutrice, qui déjà reconnaissait en moi très certainement un talent d’artiste sculpteur, et qui me laissait réaliser des œuvres en long en large et parfois même en travers tout en me gratifiant d’une paix royale.
Après ce brillant passage à la maternelle, j’allais enfin fièrement commencer mes études dans une grande école accompagné de mon frère à peine plus âgé que moi.
Immédiatement assis à ses côtés j’ai compris que le fond de la classe m’était assigné !. Quelle délicate attention, peu importe, je disposais d’une bonne vue et j’étais déjà un grand garçon pour mon âge, les trente petites têtes assises devant moi n’allaient en aucun cas me faire de l’ombre!.
Mon frère paraissait moins éveillé pour son âge, la maîtresse se rapprocha de moi et me dit d’une voix sèche : toi Maurice tu t’occuperas de Didier. !. Tiens, me voilà déjà investi d’une responsabilité, ici au moins, on me fait confiance !.
J’allais vite déchanter, dans cet environnement public, je devenais sans le savoir un auxiliaire de vie scolaire, non rémunéré bien entendu. L’enfant aux deux ombres entrait déjà dans la vie active sans même le savoir !.
La tâche restait simple, il faut bien le reconnaître!. Je devais subvenir à la déficience mentale de mon frère, dans tous les gestes de la vie quotidienne et m’organiser pour ne déranger personne !. La porte de la classe donnant sur la cour de récréation se trouvait à deux pas de moi, et l’ on m'avait laissé carte blanche, je pouvais à tout moment quitter la salle de classe pour accomplir mon travail, qui je dois le reconnaître ne me déplaisait pas, il n’y a pas comme vous le savez tous de sot métier.
J’usais ma petite intelligence pour agrémenter cette responsabilité sans lourdeur administrative. Il me semblait au tout début, qu’après l’institutrice, j’avais le poste le plus important dans cette salle de classe.
Les jours se succédaient dans une ambiance bonne enfant, je me désintéressais totalement des paroles de cette intellectuelle qui dans des élans non contrôlés je suppose, allait finir par me dire régulièrement « toi Maurice tu resteras un âne, tu ressembles à ton frère ».
J’ai appris bien plus tard que l’âne faisait parti des cinq animaux les plus intelligents,ce n’est pas par hasard qu’il refuse d’avancer quand on m’attelle à un Carreton!.
Mais, revenons au frère de l’âne, son état de santé empirait de mois en mois, la deuxième ombre devenait pesante, il fallait que je devienne le bouclier de ses humeurs changeantes avec la rapidité de l’éclair, je passais les récréations près de lui pour le protéger, et surtout pour protéger les autres. S’ajoutait à cela la sempiternelle question de l’ensemble des écoliers : qu’est-ce qu’il a ton frère pourquoi il est comme ça ?.
Je les remercie indirectement car peu à peu j’ai compris les différences entre mon aîné et moi même.
J’essayais de leur répondre et j’inventais chaque jour une réponse pour ne pas les décevoir, il faut vous le comprenez dans une telle situation avoir beaucoup d’imagination. Cependant, malgré cet étalage de réponses je comprenais qu’aucunes ne pouvaient satisfaire la petite communauté en culottes courtes qui l’entourait régulièrement.
Devenu un vrai saint Bernard, mon abnégation restait totale, mes pauvres parents, pris par le dur labeur de la petite ferme familiale, ne se doutaient de rien, les jours passaient ainsi cadencés par ce aux allures fraternelles.
Au deuxième son de cloche, l’année scolaire suivante j’assistais pour la première fois à l’appel des élèves pour le passage en classe supérieure, Inutile de vous dire que je n’ai pas entendu mon nom résonner. Je devenais un redoublant, je méritais sûrement cette sentence, même si inconsciemment mes grandes oreilles écoutaient les paroles de la charmante dame rien ne voulait germer en moi, à l’écrit il faut bien le reconnaître je ne faisais pas beaucoup d’efforts, mon travail restait ailleurs !.
Me voilà donc de retour à la place qui m’était assignée, je retrouve avec un certain plaisir le banc ciré par mes fesses l’année précédente, et près de moi une ombre bien connue qui devenait plus pesante, par contre l’horizon se dégageait et je disposais d une vue imprenable sur le tableau !.
Mon labeur restait la même, je le connaissais par cœur, subvenir à tous les gestes courant d’une deuxième vie était ancré en moi !. Je me fixais l’objectif d’une bonne année scolaire.
J’apprenais dans mon coin, tout me paraissait simple, la meneuse d’enfants pour autant ne me faisait pas de cadeau, pour ses yeux vitreux je représentais toujours l’esclave, l’âne.
Ainsi l’année passa, rien ne me laissa entrevoir une quelconque amélioration de mon triste sort. Peu importe je devais avancer malgré les brimades, la lourdeur du fardeau. Mon frère, malade mentalement et physiquement vomissait de la bile, face à cette nouvelle situation j’éprouvais une certaine honte vis-à-vis de mes camarades un peu de honte, je faisais écran, j’essayais de tout prévoir, je le possédais à fond !. Il rentrait dans des colères monstres se mordait le poignet, je le calmais aussi rapidement que possible, je faisais office de calmant, en ce temps reculé les neuroleptiques n’existaient pas encore.
Le troisième son de cloche fut semblable au second et a abouti sur la même sanction. Figé, je ne bougeais pas du rang je triplais ainsi le cours préparatoire sans comprendre la décision qui avait été prise par les rigolos qui arpentaient la cour dans des allers retours incessants, je commençais à connaître les cours, j’aurais je vous l’avoue pu remplacer l’an-saignante psychorigide !….ne cherchez pas, je n’ai pas fait de faute !… mon fort intérieur se révoltait.
Mais j’ai rejoins mon bureau boulet au pied. Maurice demeurait nécessaire à Didier plus que jamais. On ne pouvait envisager de le scolariser si je ne restais pas à ses côtés, tout paraissait simple aux yeux des adultes sans cerveau !.
Ma taille devenais à mes yeux encombrante, je mesurais facilement deux têtes de plus que les petits assis devant moi, un sentiment de frustration m’envahissait mais j’étais impuissant face à cette situation voulue, la grosse vache Germe, ne me faisait pas de cadeau, elle continuait à me rabaisser, me faisait à nouveau remarquer ma ressemblance avec mon frère, et que m’on rôle était de m’en occuper.
L’année se passa, pesante, je portais une croix sur mon dos, j’étais confronté de plus en plus aux coups bas des enfants dans la cour, je vivais en enfer.
Au quatrième son de cloche, je sors enfin du rang je vais connaître le cours élémentaire première année, dans un soulagement total, mon frère va à nouveau s’asseoir près de moi, au fond de la classe, on ne change pas les habitudes si vite!.
L’instituteur Serres, n’oyons pas peur de citer les nom, m’est apparu comme un dangereux psychopathe, les coups de règle sur les têtes étaient quotidiennes.
Même si rien n’avait changé dans mon emploi fictif je me rendais toujours à l’école la peur au ventre. Je refusais ces conditions anormales. je ressentais de plus en plus la fatigue, je souhaitais mourir.
Reconnu malade après une analyse sanguine, je fus hospitalisé au milieu de l’année scolaire. Chaque jour pendant plusieurs semaines, j’ai tendu le bras pour des transfusions, je me suis remis lentement, enfin seul et tranquille.
Puis est venu le temps de convalescence, où mes parents ont enfin compris qu’ils devaient me protéger de mon frère.

J’ai repris goût là la vie, jusqu’au jour où une gentille assistante sociale de Capdenac a insisté auprès de ma mère, pour me placer dans un centre héliomarin à Biarritz.
Hélas, sans le savoir j’allais à nouveau remettre un pied dans l’enfer des hommes !. Mais cela relève d’une autre histoire, beaucoup plus dure et émouvante.

Mon amitié à tous ceux qui ont eu le courage de lire le message de la cloche de Pâques. Je viens d’écrire d’un trait un petit passage d’un début de vie sans importance, bien des enfants connaissent aujourd’hui des situations bien plus préoccupantes et dramatiques!.
Ma maîtresse d’école psychorigide !. Afficher la pièce jointe 35687
Une relecture s'impose
Merci Momo pour le partage
Amicalement
Gaby
 

GABY73

Maître Poète
#12
Quand résonne le son de la cloche, à l’école primaire de Capdenac, années, 1958…1959…1960.

Dieu qu’il semble lourd le son de la cloche qui résonne sous le ciel pâle de septembre. Je l’ai entendu à trois reprises dans la cour de l’école primaire de Capdenac Gare.
J’allais enfin connaître, après une maternelle cousue main « d’époque », dans le petit village de Mas de Noyer où j’ai appris à pétrir la pâte à modeler un couple d’années, sous l’ œil noir et glacial d’une institutrice, qui déjà reconnaissait en moi très certainement un talent d’artiste sculpteur, et qui me laissait réaliser des œuvres en long en large et parfois même en travers tout en me gratifiant d’une paix royale.
Après ce brillant passage à la maternelle, j’allais enfin fièrement commencer mes études dans une grande école accompagné de mon frère à peine plus âgé que moi.
Immédiatement assis à ses côtés j’ai compris que le fond de la classe m’était assigné !. Quelle délicate attention, peu importe, je disposais d’une bonne vue et j’étais déjà un grand garçon pour mon âge, les trente petites têtes assises devant moi n’allaient en aucun cas me faire de l’ombre!.
Mon frère paraissait moins éveillé pour son âge, la maîtresse se rapprocha de moi et me dit d’une voix sèche : toi Maurice tu t’occuperas de Didier. !. Tiens, me voilà déjà investi d’une responsabilité, ici au moins, on me fait confiance !.
J’allais vite déchanter, dans cet environnement public, je devenais sans le savoir un auxiliaire de vie scolaire, non rémunéré bien entendu. L’enfant aux deux ombres entrait déjà dans la vie active sans même le savoir !.
La tâche restait simple, il faut bien le reconnaître!. Je devais subvenir à la déficience mentale de mon frère, dans tous les gestes de la vie quotidienne et m’organiser pour ne déranger personne !. La porte de la classe donnant sur la cour de récréation se trouvait à deux pas de moi, et l’ on m'avait laissé carte blanche, je pouvais à tout moment quitter la salle de classe pour accomplir mon travail, qui je dois le reconnaître ne me déplaisait pas, il n’y a pas comme vous le savez tous de sot métier.
J’usais ma petite intelligence pour agrémenter cette responsabilité sans lourdeur administrative. Il me semblait au tout début, qu’après l’institutrice, j’avais le poste le plus important dans cette salle de classe.
Les jours se succédaient dans une ambiance bonne enfant, je me désintéressais totalement des paroles de cette intellectuelle qui dans des élans non contrôlés je suppose, allait finir par me dire régulièrement « toi Maurice tu resteras un âne, tu ressembles à ton frère ».
J’ai appris bien plus tard que l’âne faisait parti des cinq animaux les plus intelligents,ce n’est pas par hasard qu’il refuse d’avancer quand on m’attelle à un Carreton!.
Mais, revenons au frère de l’âne, son état de santé empirait de mois en mois, la deuxième ombre devenait pesante, il fallait que je devienne le bouclier de ses humeurs changeantes avec la rapidité de l’éclair, je passais les récréations près de lui pour le protéger, et surtout pour protéger les autres. S’ajoutait à cela la sempiternelle question de l’ensemble des écoliers : qu’est-ce qu’il a ton frère pourquoi il est comme ça ?.
Je les remercie indirectement car peu à peu j’ai compris les différences entre mon aîné et moi même.
J’essayais de leur répondre et j’inventais chaque jour une réponse pour ne pas les décevoir, il faut vous le comprenez dans une telle situation avoir beaucoup d’imagination. Cependant, malgré cet étalage de réponses je comprenais qu’aucunes ne pouvaient satisfaire la petite communauté en culottes courtes qui l’entourait régulièrement.
Devenu un vrai saint Bernard, mon abnégation restait totale, mes pauvres parents, pris par le dur labeur de la petite ferme familiale, ne se doutaient de rien, les jours passaient ainsi cadencés par ce aux allures fraternelles.
Au deuxième son de cloche, l’année scolaire suivante j’assistais pour la première fois à l’appel des élèves pour le passage en classe supérieure, Inutile de vous dire que je n’ai pas entendu mon nom résonner. Je devenais un redoublant, je méritais sûrement cette sentence, même si inconsciemment mes grandes oreilles écoutaient les paroles de la charmante dame rien ne voulait germer en moi, à l’écrit il faut bien le reconnaître je ne faisais pas beaucoup d’efforts, mon travail restait ailleurs !.
Me voilà donc de retour à la place qui m’était assignée, je retrouve avec un certain plaisir le banc ciré par mes fesses l’année précédente, et près de moi une ombre bien connue qui devenait plus pesante, par contre l’horizon se dégageait et je disposais d une vue imprenable sur le tableau !.
Mon labeur restait la même, je le connaissais par cœur, subvenir à tous les gestes courant d’une deuxième vie était ancré en moi !. Je me fixais l’objectif d’une bonne année scolaire.
J’apprenais dans mon coin, tout me paraissait simple, la meneuse d’enfants pour autant ne me faisait pas de cadeau, pour ses yeux vitreux je représentais toujours l’esclave, l’âne.
Ainsi l’année passa, rien ne me laissa entrevoir une quelconque amélioration de mon triste sort. Peu importe je devais avancer malgré les brimades, la lourdeur du fardeau. Mon frère, malade mentalement et physiquement vomissait de la bile, face à cette nouvelle situation j’éprouvais une certaine honte vis-à-vis de mes camarades un peu de honte, je faisais écran, j’essayais de tout prévoir, je le possédais à fond !. Il rentrait dans des colères monstres se mordait le poignet, je le calmais aussi rapidement que possible, je faisais office de calmant, en ce temps reculé les neuroleptiques n’existaient pas encore.
Le troisième son de cloche fut semblable au second et a abouti sur la même sanction. Figé, je ne bougeais pas du rang je triplais ainsi le cours préparatoire sans comprendre la décision qui avait été prise par les rigolos qui arpentaient la cour dans des allers retours incessants, je commençais à connaître les cours, j’aurais je vous l’avoue pu remplacer l’an-saignante psychorigide !….ne cherchez pas, je n’ai pas fait de faute !… mon fort intérieur se révoltait.
Mais j’ai rejoins mon bureau boulet au pied. Maurice demeurait nécessaire à Didier plus que jamais. On ne pouvait envisager de le scolariser si je ne restais pas à ses côtés, tout paraissait simple aux yeux des adultes sans cerveau !.
Ma taille devenais à mes yeux encombrante, je mesurais facilement deux têtes de plus que les petits assis devant moi, un sentiment de frustration m’envahissait mais j’étais impuissant face à cette situation voulue, la grosse vache Germe, ne me faisait pas de cadeau, elle continuait à me rabaisser, me faisait à nouveau remarquer ma ressemblance avec mon frère, et que m’on rôle était de m’en occuper.
L’année se passa, pesante, je portais une croix sur mon dos, j’étais confronté de plus en plus aux coups bas des enfants dans la cour, je vivais en enfer.
Au quatrième son de cloche, je sors enfin du rang je vais connaître le cours élémentaire première année, dans un soulagement total, mon frère va à nouveau s’asseoir près de moi, au fond de la classe, on ne change pas les habitudes si vite!.
L’instituteur Serres, n’oyons pas peur de citer les nom, m’est apparu comme un dangereux psychopathe, les coups de règle sur les têtes étaient quotidiennes.
Même si rien n’avait changé dans mon emploi fictif je me rendais toujours à l’école la peur au ventre. Je refusais ces conditions anormales. je ressentais de plus en plus la fatigue, je souhaitais mourir.
Reconnu malade après une analyse sanguine, je fus hospitalisé au milieu de l’année scolaire. Chaque jour pendant plusieurs semaines, j’ai tendu le bras pour des transfusions, je me suis remis lentement, enfin seul et tranquille.
Puis est venu le temps de convalescence, où mes parents ont enfin compris qu’ils devaient me protéger de mon frère.

J’ai repris goût là la vie, jusqu’au jour où une gentille assistante sociale de Capdenac a insisté auprès de ma mère, pour me placer dans un centre héliomarin à Biarritz.
Hélas, sans le savoir j’allais à nouveau remettre un pied dans l’enfer des hommes !. Mais cela relève d’une autre histoire, beaucoup plus dure et émouvante.

Mon amitié à tous ceux qui ont eu le courage de lire le message de la cloche de Pâques. Je viens d’écrire d’un trait un petit passage d’un début de vie sans importance, bien des enfants connaissent aujourd’hui des situations bien plus préoccupantes et dramatiques!.
Ma maîtresse d’école psychorigide !. Afficher la pièce jointe 35687
Voila apresunedeuxiemelecture je comprends tout ce que as enduré
Amitiés momo
Gaby
 
#16
Texte très touchant. Les brimades et les injustices de la vie ne vous ont pas empêché d'aimer les mots ,d'avoir de l'esprit et le sens de la justice. Jolie revanche.
Vous avez oublié un mot dans l'une de vos phrases, me semble-t-il " ce ..."
 

zuc

Le chat noir
Membre du personnel
#17
pas de chance t'étais le grand frère, ne regrette rien au moins tu étais là pour lui,
tu sais beaucoup on eu une scolarité compliquée, massacrée par un ou une enseignante pervers,
ma sœur s'en est vue, moi aussi j'étais la tête de turc de la maitresse, j'ai un ami d'origine algérienne qui me racontait les brimades et humiliations de la part du maitre d'école raciste, quelque soit l'importance des méfaits, un enfant est un enfant et les séquelles le suivent tout au long de sa scolarité, moi j'ai pris l'école en grippe, qui sais? peut être aurais je eu un autre parcours "ingénieur, ministre, peintre célèbre, grand écrivain, con prétentieux";)