Le Monde s'endort, lorsque les ténèbres viennent frapper le lent tempo, la rythmique de la nuit. Me voilà plongée dans les fraîches effluences de coucher de soleil et de sel marin, baignée dans les langueurs océanes de cette noire mer qui enveloppent ma peau frissonnante. Me voilà plongée dans un bain d'obscurité, mêlé au silence et au sommeil. Les astres qui s'étirent haut dans le sombre ciel, luisent timidement aux cotés du phare argenté. Et me voilà dans cette galère, la galère de la nuit. Me voilà emportée dans les tempêtes assassines et la lutte contre le temps ; agacée de cette mesure que bat la Brune Dame. Me voila égarée dans un bain d'obscurité, quêtant le chemin du somme ; épuisant ma rage sur mes ongles rongés, j'implore la pitié, la pitié de l'insomnie. Je prie, à genoux dans l'écume de ma fatigue, que des navires fait de quiétude viennent sauver mon âme en peine, que mon radeau plein de barbituriques se perde dans le tourbillon de l'assoupissement. J'ai la nuque brisée, et l'épuisement fait s'étendre deux tâches bleues marines dessous mes yeux; c'est un Ouragan de harassement qui balaie ma raison. Alors j'ai peur, alors j'ai mal. Mais alors que le Monde s'endort quand les ténèbres viennent à frapper le lent tempo, la rythmique de la nuit, j'attends de voir poindre les grands voiliers de l'Aurore...