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Pour un monde perdu (extrait 3 - L'été)

#1

Suite de l’extrait N°2


L’été



Le printemps s’évapore au soleil de l’été
Qui assure, aussitôt, sa souveraineté.
La chaleur qui surprend brusquement nous accable
Et tend à devenir, parfois, insupportable
La sueur se répand sur les corps miséreux,
Le moindre mouvement se révèle hasardeux,
Il faut pourtant tenir et rester à la tâche
Sans discontinuer, sans repos, sans relâche,
Pour gagner notre pain, et pour notre confort
Puisque telle est la vie, la loi de notre sort.
Chaque jour qui s’enfuit rapproche des vacances
Où nous pourrons alors, selon les circonstances,
Profiter à loisir d’un repos mérité
Si le ciel est clément et non pas irrité.
Certains auront la joie de s’échapper des villes
Allant vers des pays aux rivages tranquilles,
Loin du fourmillement des civilisations
Aux cités polluées, pleines d’agitations.
D’autres, bien plus nombreux, s’entasseront en grappes
Qui, sur le sable blanc, s’étendront en des nappes
Grouillantes et serrées, se dorant au soleil,
Délassées et repues, sans le moindre appareil.
A ce propos d’ailleurs, mais sans outrecuidance,
J’aimerais souligner qu’il y a discordance
Au sein du caractère émanant d’un humain
Qui réprouve aujourd’hui ce qu’il fera demain.
En effet, il admet, lorsqu’il est sur la plage,
De se déshabiller, et de faire étalage
D’un corps qui, il est vrai, n’est pas toujours gracieux,
Mais dont il croit pouvoir faire des envieux. (4)
En exposant ainsi sa nudité totale
Il ne lui semble point défier la morale
Bien qu’il soit entouré par de nombreux passants
Qui sont, tout comme lui, de simples estivants.
Que ce soit homme ou femme, on trouve chaque sexe
A se pâmer ainsi sans le moindre complexe,
Cela m’importe peu si tel est leur plaisir,
Ils n’élèvent chez moi pas le simple désir.
Là où je suis outré, c’est qu’ils crient au scandale
Quand, la fête finie, que la vie provinciale
S’arrête brusquement, et qu’ils doivent rentrer
Au sein du logement qui leur est familier,
Apercevant, soudain, derrière une fenêtre
Un corps qui, dénudé, est en train d’apparaître
D’un esprit nonchalant, inconscient du fait
Qu’un regard insidieux constate le forfait.
Car il en est ainsi, l’on crie à la morsure
Quand on commet soi-même une vile blessure ;
L’on prend sa liberté à l’encontre d’autrui
Quand l’inverse, à coup sûr, nous plonge dans l’ennui.
Voilà encore un fait démontrant l’injustice
Du caractère humain, qui aime son caprice
Et reproche à autrui le droit de l’imiter.
Regardons-nous avant de pouvoir accabler,
Nous plaçons notre orgueil sur la plus haute branche
Insouciant de créer, ou non, une avalanche
Entraînant mille maux dont nous serons coupables,
Mais cherchant, apeurés, quelqu’autres responsables.
Nous pénétrons ainsi au fond de la sottise
Par un geste inconscient, ou par une bêtise
Or jamais, non jamais nous voyons notre erreur ;
Quiconque se regarde éprouve de l’horreur,
Découvre un univers où règne l’épouvante
Car notre âme est tordue, viciée, malfaisante,
Nous recélons un mal qui est originel
Et non pas passager, non pas occasionnel.
Nous devons l’affronter pour garder notre estime
Et ne jamais sombrer dans le vol ou le crime,
Lutter pour parvenir à un autre soi-même,
Etouffer notre instinct menant à l’anathème
Qui pourrit notre vie, salit notre horizon,
Qui nous pousse, insidieux, jusqu’à la déraison.
Ce mal est si sournois que, souvent, la conscience
Ne peut le déceler sans une expérience
Qui peut être bénigne, et cela est heureux,
Mais qui, dans certains cas - qui sont les moins nombreux -
Engendre le chaos, mène à la déchéance,
Nous expose aux reproches, ou mieux, à la vengeance.
Plutôt que s’exposer, commettre cette erreur,
Il est plus profitable à fouiller dans son cœur
Le chancre qui, caché, fera notre infortune.
Que rien soit négligé, car la moindre lacune
Qui pourrait se glisser dans la perquisition
Remettrait, sur l’instant, en cause la question ;
Le jeu deviendrait nul, et de cette manière
Qu’aurions-nous fait sinon un retour en arrière ?
Il faut se dépouiller, il faut se dévêtir,
Il faut se mettre à nu si l’on veut aboutir
Dans une opération cruelle, délicate,
Où l’on doit avancer pareil à l’acrobate
Qui marche sur des œufs qu’il ne doit pas casser
Sous peine d’encourir le risque de glisser.
Comme un mécanicien penché sur la machine
On explore, on ausculte, on écoute, on s’échine
A trouver le défaut vicieux et trompeur
Empoisonnant l’esprit, et dégradant l’honneur.
A force de patience, on lèvera le voile,
Puis, dans le ciel brumeux, paraîtra une étoile
Qui sera un début, un encouragement
Pour mieux persévérer dans notre engagement.
Notre santé, dès lors, deviendra plus sereine
Lors, notre progression nous paiera de la peine
Enrichissant ainsi notre proche futur,
Eloignant le nuage oppressant et impur.
Notre vie deviendra chaque jour moins stérile
Et si, dans les débuts, elle fut difficile,
Eprouvant de la joie, un sourire triomphal
Prouvera la fierté d’avoir vaincu le mal.
Mais assez discouru, fermons la parenthèse,
Mon propos n’était pas d’entamer une thèse,
Ni m’étendre si loin sur un sujet pareil.
D’ailleurs, ai-je le droit de donner un conseil ?
Non, assurément non !... Je vous ferais outrance
Et vous obligerais à une remontrance
Qui serait justifiée, quand ce n’est pas mon but
De chercher la querelle au lieu de mon salut.
Revenons, voulez-vous, sur les plages tranquilles
Où les palmiers géants se tiennent immobiles,
Sous l’ardente chaleur du soleil de l’été
Dans un pays serein, empreint de liberté.
Où donc est cet endroit, ce sublime refuge ?
Existe-t-il vraiment ou est-ce un subterfuge
Que j’utilise encor pour brouiller votre esprit ?
Allons ! remettez-vous, car je vous vois contrit
Et le cœur douloureux découvrant cette image
Car, déjà, vous pensez qu’il s’agit d’un mirage.
Qu’importe que ce soit ou non la vérité !...
Avez-vous donc besoin de la réalité
Pour goûter un instant de bonheur ineffable ?
J’affirmerai que non !... il est indiscutable
Que l’on peut parvenir à sublimer son cœur
Quand le désir nous prend d’un besoin de langueur.
Point n’est besoin d’avoir fortunes ou richesses
Pour atteindre ces lieux procurant des ivresses,
Il suffit de s’étendre et de fermer les yeux
Puis laisser son esprit voguer sous d’autres cieux.
De l’imagination s’écoulera la sève
Qui nous transportera, peu à peu, dans le rêve.
Nous franchirons des mers, d’immenses continents,
Nous pourrons assister aux divertissements
Offerts par quelques rois, au sein de forteresses,
Qui nous comblant d’honneurs ainsi que de largesses
En hôtes généreux, bons et hospitaliers,
Affréteront pour nous deux ou trois beaux voiliers
Qui nous enlèveront sur la mer écumeuse
Dès que viendra souffler la brise généreuse.
A peine ai-je touché à ce fil conducteur
Que me voilà plongé dans un rêve enchanteur.
Je dois briser le lien qui dans sa fantaisie
M’enchaîne, me retient dans une rêverie
Détournant ma pensée de ce monde présent
Dans lequel je reviens, il est vrai, tristement.
Ce voyage, à coup sûr, n’était pas inutile
Puisqu’il vous a montré d’une façon subtile
Que chacun d’entre nous, cela n’est pas surfait,
Peut selon son désir jouir de cette paix.
C’est un échappatoire au sein de la détresse
Qui permet d’évincer la peine, la tristesse
Pouvant nous accabler quand tombe le malheur,
Que l’âme douloureuse est prise de terreur.
Ne cherchez pas plus loin, vous avez la recette
Pour combattre les maux qui, dans votre cachette,
Insidieusement viendront vous tourmenter
Mais que, dans un élan, vous pourrez rejeter.
Revenons à l’été qui lentement s’avance
Tandis que la nature, avec exubérance,
Produit à profusion les fleurs et les fruits
Abreuvant les humains dans des gestes gratuits.
C’est le temps des moissons, celui de l’abondance
Où s’engrange le grain pour notre subsistance,
Où paissent les troupeaux une herbe grasse et drue,
Celui où, tard le soir, l’homme erre dans la rue
Insouciant des parfums qui s’exhalent du sol
Et de l’oiseau de nuit qui a pris son envol.
C’est la tranquillité qui pousse à la paresse
Sous la fraîcheur du vent apportant sa caresse,
C’est la lune accrochée en haut du firmament,
C’est l’instant de langueur et de ravissement.
L’homme est à la nature, et la nature à Dieu ;
Pareil à une bête attachée à un pieu
L’humain, dans sa folie, ne manque pas d’audace
En défiant le ciel avec un air bonasse.
Il se croit supérieur, car c’est dans sa nature,
Et se lance à son gré dans sa folle aventure,
Il détruit lentement sa terre nourricière
Sans qu’un moindre regard soit lancé en arrière,
Sans effacer les plaies béantes du forfait,
Il avance, sans plus, avec un air distrait.
Des sites sont détruits, déchirés, quelle audace
A l’homme possédé par son esprit vorace
Avide d’asservir, sans le moindre respect,
Tout ce que Dieu donna. Etre vil et abject
L’humain, ce grand fléau, cherche la dérobade,
Justifie son méfait par une simple œillade
Qui trompe que lui-même, et non le Créateur
Dont le sang doit bouillir aux tréfonds de son cœur.
Chercher à enrayer une telle conduite
Nous condamne aussitôt, car il est illicite
D’entraver le pouvoir d’êtres peu scrupuleux
Et qui sont assez fous pour défier les cieux.
L’argent ! L’argent maudit qui brûle leur cervelle,
Etouffe leur amour, les pourrit, les muselle
En regard du respect car, plein de déraison,
Ils n’ont qu’une pensée : exploiter leur passion.
Mais ne font-ils pas là des actes si morbides
Qu’ils sont équivalents à quelques homicides ?
Oui, que sont-ils en fait ? Sinon des meurtriers,
De stupides bourreaux raffolant des charniers
Qui ne redoutent pas la moindre déchéance
Dès leurs forfaits commis. Il est vrai que la chance
Aime sourire au sot, au fou, au criminel,
En sera-t-il toujours quand, devant l’Eternel,
Ils devront comparaître tous nus, en profanes,
Implorant leur pardon comme des courtisanes ?
En ce lieu, leur argent sera d’aucun secours
Et nul n’écoutera leurs véhéments discours
Car Dieu, dans sa sagesse et son intelligence,
Etablira les faits dûs à leur impudence
Avant de décider, en tout dernier ressort,
Des lois à appliquer qui régleront leur sort,
Puis, de la punition, de la peine éternelle
Qu’ils auront à subir placés sous sa tutelle.
Moi, je ne les plains pas, puisqu’ils sont avertis,
Les lions restent des lions, les brebis des brebis,
Qu’ils perpétuent toujours leur effarant carnage,
Ce que je dis ici, pour eux, est badinage
Mais je sais , dans mon cœur, je sais que j’ai raison
En écrivant ces vers vomis comme un poison,
Car je possède encore un soupçon de conscience,
Et je saurai user de bien plus de patience
Pour voir, ce jour fatal, leurs iniques erreurs
Qu’ils devront expier au sein des profondeurs.
Dieu m’a donné la joie et le bonheur d’aimer
Mon prochain, et la terre, et le monde en entier,
Je sais que Son amour égale Sa colère,
Voyant Sa création devenue pétaudière
Son courroux sera tel , qu’Il bannira des cieux
Les fous enorgueillis se prenant pour des dieux. (5)
Poursuivez vos erreurs, vous qui êtes cupides,
Vous qui, en conquérants, vous dressez intrépides,
Vous ne laisserez pas le plus petit regret
Mais un soulagement qui lui sera concret.
Vos fortunes iront dans vos cercueils dorés
Et les reproches aussi de tous vos suppliciés.
Vous finirez alors parmi la moisissure
Et vos chairs ne seront plus qu’une pourriture,
Nul ne vous pleurera lorsque, sous le linceul,
Les vers vous rongeront, cachés par le cercueil.