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Pour un monde perdu (extrait 2)

#1



suite de l'extrait N°1
Les brumes quelquefois persistent aux aurores
Et masquent, dans les prés, les nombreux herbivores
Qui paissent doucement une herbe tendre et rare
Mais qui à recouvrir tout le lieu se prépare.
L’oiseau, haut dans le ciel, a repris son envol
Et, de sa position, il découvre le sol
Qui quitte sa grisaille et, peu à peu, se pare
Des couleurs que la vie généreuse bigarre
En mêlant l’harmonie, le charme, la douceur,
Dans un prenant mystère où je reste songeur.
C’est la résurrection, c’est une apothéose
Le monde en son entier vit la métamorphose
A une exception près, et qui me fait horreur,
Le caractère humain conserve sa noirceur
Au lieu de s’abreuver à la source immortelle
Comme le feu s’embrase en ayant l’étincelle.
Ce n’est pas sans regret, ni même sans raison,
Qu’il me faut dévoiler toute sa déraison
Et crier mon mépris à celui qui confère
Le droit de s’octroyer de s’appeler mon frère
Car, si je le pouvais, si j’étais souverain,
Je ne voudrais plus jouir de mon titre d’humain ;
Oui, je renoncerais aux noirceurs de ce monde
Qui enlèvent l’éclat de notre mappemonde,
La changent en désert, en un triste linceul,
Oh !... ne pas être humain, même si j’étais seul!...
Je serais dépourvu de toutes mes faiblesses
Mais je posséderais quantités de richesses
Qui seraient bien plus nobles, et cela, sans risquer
De créer des conflits qui viendraient tout briser.
Enlever mes entraves, ôter aussi ma chaîne,
Ne plus être jaloux, ne plus avoir de haine,
Aimer pour la beauté, aimer pour la douceur,
Ne plus jamais sentir le poids de la rancœur;
Me disperser aux vents, quel que soit l’horizon,
Etre une œuvre de Dieu dispensant le pardon,
Etre ce bel oiseau, pareil à un emblème,
Qui se rit des horions, se moque du blasphème,
Transporte dans son sein, dans le fond de son cœur,
Un message de paix, de joie et de chaleur.
Crier l’amour de vivre et la beauté suprême,
Refuser l’injustice ainsi que l’anathème,
Soulager la misère et aimer pour aimer,
Pour insuffler la vie et non la décimer.
Pourquoi Dieu, en l’instant, ne peut-il pas m’entendre ?
Et pourquoi les humains ne veulent pas comprendre
Qu’en voulant ce transfert je recherche un abri
Car je vois que le ciel s’est déjà assombri ?
Je sens venir au loin la tempête qui gronde,
Je ne reconnais plus le clair miroir de l’onde
Puis, l’azur lui-même commence à se troubler,
L’océan s’enlaidit et paraît rassembler
Les poubelles du monde, ignoble pourriture,
Quand l’humain ose encor parler de sa culture!...
Les forêts se dégradent et subissent l’assaut
De pluies acidifiées qui parviennent d’en haut,
Cela n’est presque rien pour le regard de l’homme
Qui dévore son bien, le brûle, le consomme,
Perd ainsi sa raison, d’un rythme terrifiant
Sans songer au destin qui guette son enfant.
Porté vers le profit ainsi que la luxure
Il chemine à grands pas, dans une démesure
Qu’il ne peut entrevoir, soumis à cet orgueil
Qui l’aveugle à tel point qu’il dépasse le seuil.
Son savoir atteignant celui d’une diablesse
En masquant le défaut lui cache la sagesse
Qui pourrait réfréner son élan, sa passion,
Allumer le voyant qui signale : "Attention",
Or il est emporté, atteint d’une démence,
Et se compare à Dieu dans sa magnificence ;
Il s’ouvre des espaces en refusant le sort
Qui le conduit tout droit dans les bras de la mort.
Rien ne peut arrêter son chemin ou sa route
Et tout ce qui le craint se disperse en déroute
Car telle est sa fureur, si on veut le freiner,
Qu’il détruirait d’un coup le monde tout entier.
Chaque pas qu’il avance est une maladresse
Mais tout son inconscient crie à une prouesse.
Il décime, il abat, il brise tour à tour
La nature, la vie, son frère, son amour.
Il tourne à la folie et méprise l’abîme,
Il se voit toujours plus, s’élevant au sublime,
N’ayant aucun remords, aucune compassion
Si ce n’est le retard pris dans sa progression.
Il se refuse à voir le bas de sa semelle
Et malheur à celui qui, soudain, se rebelle,
Veut le dissuader de partager son sort
Ou qui, d’une remarque, insinue qu’il a tort.
Sa colère aussitôt soulève la tempête
Le faisant devenir plus rageur qu’une bête.
La hargne enlaidit son faciès grimaçant,
Son visage se teinte en un rouge éclatant,
Et sa main agitée de façon convulsive
Montre que tout en lui est d’humeur maladive.
Il devient, plus qu’avant, un danger pour chacun
Et, maudissant de fou l’audacieux importun
Qui osa lui dicter, tant soit peu, sa conduite,
Il engage dès lors contre lui la poursuite.
Il est trop tard, hélas ! pour rompre le combat,
Même pour limiter tant soit peu le dégât,
Il use de sa force et de son arrogance
Pour plonger plus avant dans son extravagance.
Quiconque ose un moyen pour le faire cesser
Ne sert, de son courroux, qu’à le voir empirer.
Son pouvoir qui n’était qu’une force brutale
Se transforme à présent en essence bestiale.
Il perd toute mesure et sur les innocents
Il calme la raison qui cause ses tourments.
Oui, l’homme est ainsi fait, et aurai-je l’audace
D’aimer qui me ressemble et qui est de ma race ?
La honte est ma torture, ainsi que le mépris,
Car je ne vaux pas mieux, çà, je l’ai bien compris!...
Or, malgré mon ardeur à me faire violence,
A vouloir éviter la dégénérescence,
Je ne peux que subir la force d’un destin
Qui est plus pernicieux qu’il peut être divin.
Pourtant, lorsqu’on me voit, que l’on me nomme:"frère"
Je détourne la tête et regarde derrière

Espérant découvrir un fantôme caché
Qui répondrait pour moi avec un air fâché.
Je me retrouve seul avec mon impuissance
A pouvoir m’échapper devant tant d’arrogance.
J’ai envie de pleurer les larmes de mon cœur
Pour soulager, d’un flot, le poids de mon malheur.
Dans ce monde surfait, je ne me sens pas digne
De vivre cette vie, pourtant, je m’y résigne
Et je porte la honte à mon front miséreux,
Pliant sous le fardeau qui me rend malheureux.
Las ! courbé sous le joug qui cause ma tristesse,
Entravé par des liens augmentant ma détresse,
Je m’en remets à Dieu, et à son jugement,
Lui qui porte la gloire ainsi que le tourment.
Il a fait l’homme, et l’homme a fait le sacrilège
Car son intelligence était un privilège
Pour bâtir, ici-bas, un avenir meilleur
Mais il choisit sa voie : devenir destructeur.
Dieu a donné la vie quand l’homme la condamne,
Et cet être de sang ne se montre qu’infâme
En perdant tout respect, il use d’un transport
Qui ne le mènera qu’au sein d’un royaume : la mort.
Il a voulu sa route obscure et misérable
Puis, dans son créateur, il ne voit qu’une fable
Il a fait d’un printemps un éternel hiver
Où, pour se réchauffer, il sublime l’enfer.
La nature, c’est certain, obtiendra sa revanche
Sur celui qui la brime, et l’étouffe, et l’ébranche,
Lui cause mille maux, l’atrophie, la torture
Et qui, dans sa folie et dans sa démesure,
Détruit pour son plaisir à un rythme infernal,
Se montrant à la fois tyrannique et brutal
Car l’humain, désormais, dans sa suprématie,
Dans son aveuglement, atteint par la folie
Rejette les valeurs ainsi que tout respect,
Sans se soucier de rien, il est vil et abject.
Dégradant chaque jour son décor, la nature,
Ses actions insensées causent la pourriture
Qui gangrène le monde, au lieu de s’émouvoir
Sur le sort qui l’attend mais qu’il ne veut pas voir.
Il se cache les yeux, se bouche les oreilles,
Puis paraît étonné que toutes ces merveilles
Que Dieu, dans sa grandeur, d’un geste généreux
Nous donna, ne sont plus qu’un souvenir heureux.
Au lieu de s’accuser du destin qui le guette
Il attise son feu avec une allumette
Rejetant sur autrui le fruit de son erreur,
Accusant, vous et moi, du poids de son malheur.
Il ne regarde pas la faute qui l’entache
Et n’hésitera point à vous traiter de lâche
Pour votre jugement, votre condamnation,
Même s’il est certain que vous avez raison
Car, pour lui, il s’adonne entier à sa conquête,
Dans son entêtement il veut se croire honnête
Puisqu’il n’est pas le seul, qu’il n’est pas le premier,
Que d’autres, avant lui, ont créé ce fumier,
Pétrissant meurtres, viols, et crimes, et folies,
Trahisons ordonnées du haut des hiérarchies
Par quelques dictateurs avides d’un pouvoir
Qui fait de notre Terre, un immense abattoir
D’où s’écoulent le sang et la sève du monde
Pour le plus grand malheur de notre mappemonde.
Tout se commet ici au nom de l’intérêt
Car l’homme, en conquérant, à le rêve secret
De sublimer sa vie par sa folle puissance
Plutôt que de garder un peu de clairvoyance,
Et ne pas abuser des biens si précieux
Que le Grand Créateur a placés en ces lieux
Avec une bonté qui dicte une conduite
Pour celui qui la cherche, la suit, la mérite,
Lui procure une paix intérieure, féconde,
Et lui ouvre la voie sur un tout autre monde.
Mais, qui donc à présent possède la sagesse
Qui grise notre esprit, lui donne cette ivresse
Menant vers des sommets, une sublimation
Où l’on atteint alors une autre dimension ?
Rayonnant de clarté, de pureté extrême,
Bannissant notre orgueil, ignorant l’anathème,
Refusant les pensées qui entachent notre âme
Pour ne pas se brûler les ailes à une flamme
Qui nous consumerait sous l’action du brasier,
Gardons notre respect et la chance d’aimer.
Atteignant cet état à force de patience
Nous verrons, lentement, blanchir notre conscience
Mais nous supporterons de plus en plus de maux
En découvrant le mal agitant nos rivaux.
A cet instant précis, désespoir, lassitude,
Deviendront notre lot, et notre inaptitude
A enrayer le mal que nous apercevrons
Assombrira les cieux de tous nos horizons.
Le découragement engendrera la peine
Comme un mauvais parfum, une mauvaise haleine
Peut accabler le cœur, assombrir le cerveau,
Nous devrons supporter le poids de ce fléau.
Notre foi deviendra une force vitale
Pour secouer du joug la puissance infernale
Qui veut nous enrôler, en usant de pressions
Ou en nous soumettant à quelques illusions.
Or, il nous faut tenir, cela, quoi qu’il advienne,
Malgré notre chagrin et malgré notre peine
Pour ne pas succomber, sombrer dans la démence
Qui agite le monde en pleine déchéance.
Oui, conserver la foi en un monde meilleur,
En Dieu qui, tout là-haut, connaît notre labeur,
Notre fidélité, et qui sait la vaillance
Dont il nous faut user contre la défaillance.
La Terre dont le sein recèle les ordures
Que l’homme, délirant, accable de blessures
Et de plaies qui meurtrissent au profond de sa chair
Mais qui crie "au secours!..." aussitôt qu’un éclair
Echappé des nuées s’en vient pour l’avertir
Que Dieu pourrait un jour tenter de le punir.
Or, sa peur dépassée, en toute inconscience,
Il reprend ses méfaits, avec une conscience
Qui surprend quelque peu mais qui me fait horreur,
Aurait-il une pierre à la place du cœur ?
Sa vision voilée, sa pensée trop obscure,
Il porte au fond de lui le poids de la souillure,
Vivant par habitude au sein de cet enfer
Qu’il s’est créé lui-même, et dont il se sent fier.
L’homme est un prédateur, inique, redoutable,
Se fier à son regard qui apparaît affable
Peut causer à celui qui se laisse berner
Le coup définitif qui le fera chuter.
Terre, ma pauvre Terre, où est ton beau visage ?
Est-ce réalité ou n’est-ce qu’un trucage
Lorsque, devant tes eaux, se découvre un miroir
Qui paraît rassembler le trop-plein d’un crachoir
Dont le dessus visqueux, parfumé au pétrole,
Ressemble à une peau atteinte de vérole ?
Tes rivières souillées charrient les pourritures
Provenant des débris de puantes ordures,
Et la vie, lentement, s’estompe de leurs flots
Où la mort y construit de vastes entrepôts.
Les touristes, à présent, hésitent sur les plages
A y baigner leur corps, devant tous ces ravages
Dûs à la pollution qui grandit chaque jour
Et qui gangrène tout, sans espoir de retour.
Terre, ma pauvre Terre, pourquoi es-tu lascive
Plutôt que de passer à la contre-offensive,
De lancer aux humains ton cri d’indignation,
Au lieu que d’accepter ta lente inhumation ?
Secoue-toi, ô ma Terre ! et cherche ta revanche,
L’homme n’est pas un dieu et tu as carte blanche
Pour briser sa folie et son aveuglement
Dûs à sa démesure, à son dérèglement.
Le printemps devrait être une période faste
Si l’on te respectait, si l’on te laissait chaste,
Si l’on reconnaissait le prix de ta valeur
Plutôt que de servir comme un souffre-douleur.
Je ressens tout le poids que l’injustice humaine
Impose à ton égard, mais tu es souveraine
Et ta sérénité me montre le chemin
Qu’il faut suivre, patient, malgré tout ce purin
Que des fous dangereux nous jettent sur la tête,
Inconscients qu’ils pourraient soulever la tempête
Qui les emporterait, pareils à des fétus,
Dans les plaines obscures où ils seraient vaincus.
Ta sagesse me gagne, elle enrichit mon âme,
Je sens monter en moi une voix qui proclame
Qu’il me faut accepter le poids de mon fardeau
Pour découvrir, un jour, un monde bien plus beau.



 

isa90

Maître Poète
#2
l'envers du decor, la main de l'homme qui vient salir toute cette nature si belle.
magnifique.
bravo
bises
isa