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Pour un monde perdu (extrait 1)

#1

Le printemps




Parler de la nature, il y a tant à dire
Qu’il me paraît ardu à en vouloir décrire
Les pensées qui s’assemblent, foulent mon esprit,
Et qui, sans ordre aucun, me laissent tout contrit
Pour mener cette tâche en toute quiétude
Bien que cela devienne, au fond, une habitude.
Quoi ? Parler du printemps, de l’automne ou l’hiver,
Evoquer la montagne, ou même encor la mer,
Le ciel bleu et celui où sévit un orage,
N’est-ce pas là vouloir attraper un mirage ?
Je dois ordonnancer le rythme des saisons
Qui sera le départ de toutes décisions.
Le printemps n’est pas loin, je sens déjà l’haleine
D’un soleil annonçant une époque sereine
Après le dur hiver qui a mis en péril
La nature en entier. Passé ce long exil
Tout renaît à la vie. Timidement encore
La terre ouvre son sein, se dévoile et déflore
La matrice qui va, dans un très prochain jour,
Féconder la lumière et, de même, l’amour.
Des grands arbres, les bras qui agitent l’espace
Eclatent leurs bourgeons, avec la même grâce,
La même aisance aussi qu’aurait un feu follet
Ou bien une danseuse au cours de son ballet.
L’on trouve dans le geste une telle amplitude
Que le cœur est porté à sentir la quiétude,
A s’abreuver d’amour, de richesse et de paix,
Que chacun est touché, que même un portefaix
Peut goûter à la joie qui nous imbibe l’âme,
Qui pénètre nos sens, qui soudain nous affame,
Nous soumet au désir, nous invite à l’amour,
A profiter du temps et de ce nouveau jour.
Les parfums se dégagent et montent de la terre,
Pareils à un haut mur qu’envahirait un lierre ;
Sur le sol gris et nu apparaît une fleur
Qui, à peine entrouverte, y sème sa couleur.
Plus loin a résisté un beau tapis de mousse ;
En y regardant mieux, je vois l’herbe qui pousse
Lentement tout d’abord, avant que d’envahir
L’espace en son entier comme pour le ravir.
Des champs montent des chœurs, pareils à un orage,
Qui s’en vont grandissants chaque instant davantage ;
Les forêts reverdissent et même les ruisseaux
Sur les rochers tout gris y font bouillir leurs eaux
Dont le flot est grossi par la fonte des glaces.
Les rivières en crues présentent des menaces
Qui apportent l’émoi au cœur des riverains
Se préparant aux sièges à venir, incertains.
Mais le ciel est serein et cela nous rassure,
L’on craignait de souffrir d’une vile blessure
Or l’estoc est passé sans entailler la chair,
L’on attendait le bruit, l’on a vu que l’éclair.
La peur plus que le mal a conduit la méprise
Et, déjà, de nouveau, chacun se gargarise
Heureux de se savoir dégagé d’un malheur,
Se sentir libéré d’une pesante peur.