La vie de cette jeune femme
Inspira deux grands romanciers
Qui en firent un mélodrame
Au début du siècle dernier
L'une, c'est "Anna Karénine"
Que Léon Tolstoï écrivit
L'autre, c'est "Emma", l'héroïne
Que Flaubert nomma "Bovary"
Le dix janvier mil huit cent-seize
Marie Capelle, c'est son nom
Naît dans une famille à l'aise
Normal son père est un baron
Ce dernier qui aime la chasse
Est tué quand la gosse a dix ans
Et la mère affolée trépasse
Un an après cet accident
Recueillie par une famille
De la très haute société
Elle est traitée comme leur fille
Et est pieusement éduquée
Un comte qu'il lorgne la dot
Que la grand-mère de Marie
Attribuera à sa fillotte
Quand elle trouvera mari
Apprenant que la vieille est morte
Sans lui léguer le moindre sou
De colère claque la porte
Et prend les jambes à son cou
Même la famille d'accueil
La sachant ruinée à jamais
Sans une seule larme à l'œil
La prie de quitter son palais
La jeune fille prend le large
Et en mil huit cent trente-neuf
Rencontre Charles Pouch-Lafarge
Qui, à trente ans, est déjà veuf
À Paris, il est de passage
Car c'est un enfant de Corrèze
Il habite un petit village
Dans un manoir, style Louis XIII
Il propose à la jeune femme
De venir y vivre avec lui
Après avoir, à Notre-Dame
Devant Dieu dit : "Oui, pour la vie"
Un mois plus tard, elle s'installe
Dans le château, une vraie ruine
Où le vent court dans la grand-salle
Et les souris, dans la cuisine
Et pour couronner ces déboires
Une belle-mère bourrue
Surveille du matin au soir
Toutes ses allées et venues
Le choc est tel qu'elle s'enferme
Dans sa chambre durant un mois
Mais son mari stoïque et ferme
Juge qu'elle n'a pas le choix
Finalement Marie s'apaise
Accepte son sort et bientôt
Pour son époux, enfin à l'aise
Elle fabrique des gâteaux
Quels gâteaux ! Des choux à la crème
Qu'il dévore avec grand plaisir
Il en paie le prix le soir même
En étant malade à mourir
Car il faut dire que la garce
[Pas plus pâtissière que moi]
Avait mis en guise de farce
Une boîte de mort-aux-rats
Le lendemain, trente décembre
Lafarge a si mauvaise mine
Que le docteur monte en sa chambre
Et lui diagnostique … une angine
Il meurt dans d'atroces souffrances
Au troisième jour de janvier
Mais déjà montent du silence
Des soupçons sur sa dulcinée
Les Lafarge inquiets, portent plainte
Contre la femme du défunt
On fait une autopsie succincte
Qui ne donne quasiment rien
La police perquisitionne
Le château minutieusement
Trouve bien de vieux "pets de nonnes"
Mais sans arsenic au-dedans
Cependant dans un secrétaire
On découvre un sac de diamants
Que sa riche propriétaire
S'était fait voler au printemps
Marie est transférée à Brive
Et jugée par un tribunal
Où la justice expéditive
L'envoie deux années en Centrale
S'ensuit bientôt le procès fleuve
Relatif à la mort-aux-rats
On fait venir la jeune veuve
Risquant perpette cette fois
Mais de nouveau les spécialistes
Ne sont jamais d'accord sur rien
L'arsenic dans le corps existe
Comme dans tous les corps humains
Le juge rongé par le doute
Par souci de tranquillité
En ce premier dimanche d'août
La condamne aux travaux forcés
On l'incarcère un an à Tulle
Puis on la place à Montpellier
Où, recueillie dans sa cellule
Elle écrit deux livres entiers
Mais sa santé se détériore
On la conduit à l'hôpital
Une année plus tard c'est la mort
Qui, la pâtissière, régale
Inspira deux grands romanciers
Qui en firent un mélodrame
Au début du siècle dernier
L'une, c'est "Anna Karénine"
Que Léon Tolstoï écrivit
L'autre, c'est "Emma", l'héroïne
Que Flaubert nomma "Bovary"
Le dix janvier mil huit cent-seize
Marie Capelle, c'est son nom
Naît dans une famille à l'aise
Normal son père est un baron
Ce dernier qui aime la chasse
Est tué quand la gosse a dix ans
Et la mère affolée trépasse
Un an après cet accident
Recueillie par une famille
De la très haute société
Elle est traitée comme leur fille
Et est pieusement éduquée
Un comte qu'il lorgne la dot
Que la grand-mère de Marie
Attribuera à sa fillotte
Quand elle trouvera mari
Apprenant que la vieille est morte
Sans lui léguer le moindre sou
De colère claque la porte
Et prend les jambes à son cou
Même la famille d'accueil
La sachant ruinée à jamais
Sans une seule larme à l'œil
La prie de quitter son palais
La jeune fille prend le large
Et en mil huit cent trente-neuf
Rencontre Charles Pouch-Lafarge
Qui, à trente ans, est déjà veuf
À Paris, il est de passage
Car c'est un enfant de Corrèze
Il habite un petit village
Dans un manoir, style Louis XIII
Il propose à la jeune femme
De venir y vivre avec lui
Après avoir, à Notre-Dame
Devant Dieu dit : "Oui, pour la vie"
Un mois plus tard, elle s'installe
Dans le château, une vraie ruine
Où le vent court dans la grand-salle
Et les souris, dans la cuisine
Et pour couronner ces déboires
Une belle-mère bourrue
Surveille du matin au soir
Toutes ses allées et venues
Le choc est tel qu'elle s'enferme
Dans sa chambre durant un mois
Mais son mari stoïque et ferme
Juge qu'elle n'a pas le choix
Finalement Marie s'apaise
Accepte son sort et bientôt
Pour son époux, enfin à l'aise
Elle fabrique des gâteaux
Quels gâteaux ! Des choux à la crème
Qu'il dévore avec grand plaisir
Il en paie le prix le soir même
En étant malade à mourir
Car il faut dire que la garce
[Pas plus pâtissière que moi]
Avait mis en guise de farce
Une boîte de mort-aux-rats
Le lendemain, trente décembre
Lafarge a si mauvaise mine
Que le docteur monte en sa chambre
Et lui diagnostique … une angine
Il meurt dans d'atroces souffrances
Au troisième jour de janvier
Mais déjà montent du silence
Des soupçons sur sa dulcinée
Les Lafarge inquiets, portent plainte
Contre la femme du défunt
On fait une autopsie succincte
Qui ne donne quasiment rien
La police perquisitionne
Le château minutieusement
Trouve bien de vieux "pets de nonnes"
Mais sans arsenic au-dedans
Cependant dans un secrétaire
On découvre un sac de diamants
Que sa riche propriétaire
S'était fait voler au printemps
Marie est transférée à Brive
Et jugée par un tribunal
Où la justice expéditive
L'envoie deux années en Centrale
S'ensuit bientôt le procès fleuve
Relatif à la mort-aux-rats
On fait venir la jeune veuve
Risquant perpette cette fois
Mais de nouveau les spécialistes
Ne sont jamais d'accord sur rien
L'arsenic dans le corps existe
Comme dans tous les corps humains
Le juge rongé par le doute
Par souci de tranquillité
En ce premier dimanche d'août
La condamne aux travaux forcés
On l'incarcère un an à Tulle
Puis on la place à Montpellier
Où, recueillie dans sa cellule
Elle écrit deux livres entiers
Mais sa santé se détériore
On la conduit à l'hôpital
Une année plus tard c'est la mort
Qui, la pâtissière, régale