Ma Prêtresse d'amour, apprends-moi le Soleil de ta délicatesse

[rivière]

Ma Prêtresse d’amour, apprends-moi le Soleil de ta délicatesse

L’émeraude des bocages et des forêts te glorifie,
ô ma Vénérée, ma Douce, ma Sirène,
les oiselles te chantent parmi les trirèmes des arbres,
je gis, les paupières mi-closes dessus notre divan,​

mes râles de Grâce tintent encore par delà les montagnes,
et les plaines, par delà l’effroi des tempêtes,
la pluie de ma longue chevelure de jais
se mêle à la Tienne,​

Toi qui dors en robe de nudité tout contre moi,
adossée à mes seins de majesté,
non loin de moi, monte l’odeur des violettes et des hyacinthes
que j’ai cueillies pour toi, et mises dans un vase de cristal.​

Ma Prêtresse d’amour,
apprends-moi le secret de tes divines caresses,
et le Soleil de ta délicatesse,
moi qui ne suis que ton humble poétesse,​

évoque le miel de tes baisers,
sanctifie-moi avec pour seule magie
les pétales de tes lèvres et de tes doigts, crucifie-moi de volupté,
bannis la chasteté qui m’enserre dès que tu t’absentes​

pour aller à ton travail,
je te veux pour toujours auprès de moi
pour me guider jusqu’à l’estuaire de la Jouissance,
je te l’ordonne, car désormais je suis Tienne à jamais.​

J’attends, frissonnante de désir et de luxures inapaisées,
ton réveil, face à la cathédrale de tes bras glorieux,
dans l’éblouissement de ta moiteur,
fais-moi goûter l’harmonie de tes étreintes,​

bénis-moi de tes ardeurs, ma Déesse, ma Vie,
contemple la couronne céleste de ma Toison,
peu nous chaut les remarques de quelques inconnus
dès que nous errons, paumes entrelacées, au marché, à la Ville,​

tu t’éveilles, maintenant, les rayons de ton sourire m’éblouissent
tes prunelles plongent dans mes prunelles,
possède-moi, engloutis-moi de Passion et de Tendresse,
rends-moi plus Femme, je t’en supplie !​

Sophie Rivière​

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