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Lettre de Maryse à Jacques

#1

Dans cet extrait du roman "Les deux cœurs" il s’agit d’une lettre adressée à Jacques par Maryse depuis l’île de Noirmoutiers. Je rappelle qu’à cette époque la loi portait la majorité à 21 ans, or Maryse était âgée de 20 ans tandis que Jacques comptait 21 printemps.


LORIENT, le 20 Juillet 1960,
" Mon Jacques, mon chéri,

Me voici arrivée
" Dans ce pays lointain où je me sens mourir.
" Ne pouvant pas te voir, je suis désespérée,
" A peine suis-je ici que j’en voudrais partir.
" Qu’importe le décor de cette vaste plage !...
" Que me fait cet azur rayonnant de soleil !...
" L’océan m’indiffère et je songe au rivage
" Où j’ai laissé un bien qui n’a pas son pareil.
" Malgré ma liberté je me sens prisonnière
" Devant subir le poids du carcan qui m’étreint,
" La terre qui m’abrite est inhospitalière
" Car mon regard sans toi est à moitié éteint.
" Comment pourrais-je alors me trouver à mon aise ?
" Jouer avec mes sœurs? Rire avec mes parents ?
" Mon père, je l’ai su, ressentant le malaise
" Se refuse à changer dans ses comportements.
" Je lutte, me débats, en sachant que ma mère
" Connaissant notre amour accepte notre union,
" Elle en a, très souvent, parlé avec mon père
" Qui préfère garder sa tête de cochon.
" Lors, je passe le temps devant une fenêtre
" A regarder les flots qui s’en viennent mourir ;
" Je pense et je repense, espérant que, peut-être,
" Ta pensée est vers moi. Puis, poussant un soupir
" J’attends que le facteur m’apporte un long message,
" Une lettre de toi, pour me réconforter,
" C’est sans doute trop tôt, je crois qu’il est plus sage
" Que j’attende à demain pour avoir ton courrier.
" Quand viendra cet instant, je serai plus tranquille
" Car j’ai senti ton mal au cours de nos adieux,
" Tu paraissais vaillant, tu étais fort habile,
" Mais je sais qu’en ton cœur tu implorais les cieux
" Pour qu’ils t’accordent, hé oui !... la force nécessaire
" De ne pas succomber, t’arracher à mes bras ;
" Ne vois pas un reproche en ces mots, au contraire !
" Que tu as dû souffrir ! te meurtrir ! En tout cas
" Tu peux être certain qu’à présent je te porte
" Un tel attachement que j’en reste étonnée,
" Vivre un si grand amour, vraiment, me réconforte,
" A toi je suis promise, oui, tu m’as envoûtée.
" Mon Jacques, mon amour, lorsque dans le drap blanc
" Le soir je me repose et je ferme les yeux,
" Que je me trouve, alors, étendue sur le flanc
" En épanchant mes pleurs dans le tissus soyeux,
" J’imagine t’avoir près de moi sur la couche
" Goûtant avidement ton langoureux baiser,
" Perdue dans une extase où s’entrouvre ma bouche,
" Un sommeil, très tardif, parvient à me gagner.
" Lutter !... Lutter encor !... Je dois lutter toujours
" Pour posséder la joie, le bonheur de la vie,
" L’attente a débuté, je compte le rebours,
" Seul cela me permet de rester en survie.
" Je voudrais en l’instant me blottir dans tes bras
" Et frémir sous ta main courant dans mes cheveux,
" Puis, en me caressant sentir ton embarras
" Lorsque ta main s’égare en un geste hasardeux.
" Hélas !... je suis trop loin, mon imagination
" N’est qu’un pâle reflet de nos moments intimes
" Mais tous ces souvenirs viennent en profusion
" Et j’apprécie vraiment ces sentiments sublimes.
" Mon Jacques bien aimé, reçoit par ce message
" La tendresse et l’amour que je peux te porter,
" Tu trouveras au bas de ma trop courte page
" La trace que j’ai faite en posant mon baiser."
 
#4
je salue un trés grand maitre de la poésie quelle richesse des mots talent en la personne de ce gentil papi l'art est beau je ne peut que m'incliner devant ses vers sylvie