Le verdict de la honte
Quand le marteau s’est enhardi
Dans un silence abasourdi,
Tout son être s’est défloré
Au creux de ses mains éplorées…
C’était dans l’antre de septembre
Un jour de plus qui se démembre,
Le seul qu’aient vu tous ces jurés:
Quarante sept ans censurés!
D’emprise, de coups, de brimades,
D’abus sexuels en embuscade,
D’inceste la peur dévêtue;
Devait-elle attendre qu’il les tue?
Comment a-ton pu l’humilier?
Autant!…La livrer au geôlier!
Justice, n’as-tu aucune honte?
Entends cette clameur qui monte!
Elle a tiré sur son calvaire
Pour fuir sa griffe sanguinaire,
Elle a tiré à trois reprises
Dans le dos du temps des cerises.
C’était un jour venu d’ailleurs
Où ses mains glacées de sueur,
Devant tant de hargne, de rage,
Saisirent enfin leur courage.
Pourtant du fond de son cœur vert,
Elle l’avait aimé Norbert!
Qu’il est loin, si loin le temps
De ses quinze ans, heureux printemps…
Comment a-t-on pu la blesser?
Encore!…De remords l’oppresser!
Justice, n’as-tu aucune honte?
Entends la foule qui se compte!
C’était en décembre dernier
Que du bec tranchant du lanier,
Elle attendait son devenir
Pour enfin debout se tenir.
Dieu sait combien tous espéraient,
Que d’autres,bourreaux ne seraient,
Qu’à sa souffrance aux poings robustes,
Le sursis serait des plus justes!
Quand le verdict l’a fusillé,
Son univers a vacillé
Sur ces dix ans de réclusion:
Perpétuité par omission!
Comment a-t-on pu sans offense?
Nier la légitime défense
Et lui laisser porter sa croix!
Alors entends tout haut ces voix:
« De grâce, la grâce François! »
Judy
Un poème pour Jacqueline Sauvage
écrit en janvier 2016
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