Il trône comme un roi
Sur sa petite reine
Un rien dégingandé, le cheveu au vent
Au gré des rues et des trottoirs
Faisant fi des sens giratoires
Il fonce droit devant
Héritier de Nimbus
Par l'aspect dru du poil
Et de Tati artiste de la toile
Il fait la nique aux bus
Frôlant piétons et voitures
Tout en courbant l'échine
Il pousse sa machine
Allant à l'aventure
L'aventure, allez donc vous
taire !
En fait ce curieux bipède
sur son vélocipède
Se rend au ministère
Où il arrive enfin
Battant Saint-Pierre et Saint-Paul
Au nombre d'auréoles
Qui si elles ne brillent exhalent un doux parfum
Trois étages encore
Le séparent de l'Olympe
Rien ne l'arrête il les grimpe
Comme sur un nuage perché
Se trouve son bureau
Sans conteste le plus beau
Comme lui petit coin
d'Eden caché
Où germent les actions pédagogiques
Et les rêves doux et bucoliques
Avec au loin bénies des Dieux
Les poules de Houdan et les carpes chinoises
Gare à qui viendrait chercher noise !
Ces cerbères sans crocs lui arracheraient les yeux !
Du haut de son petit Palatin
D'un signe de la main
Tout comme un empereur romain
Il les salue chaque matin
Elles sont ses amulettes
Ses gris-gris pour le tour ex
Ah le tour ex !
C'est l'ambition secrète
De ce fier Auguste
Il rêve de plaques de cuivre et de titres ronflants
Son Palatin lui semble trop juste
Peu digne de son rang
Et de son esprit surtout
Ne le proclame t'il pas haut et fort
Qu'en la matière il est un matamore !
Il connaît tout sur tout
Mais quoi de plus normal
Que cet homme de plume
Soit un paon qui s'ignore
Il aime faire la roue
C'est chez lui une seconde nature
Que la roue
Partout il pavane
Parade à tout va
Etale à l'envi
Le champ de ses connaissances
Son savoir est immense
Comme le fruit de plusieurs vies
C'est un Pic de la Mirandole
Et Pantagruel réunis
Il se vante se gondole
Met en avant son génie
Il brille c'est un fait
Un astre à lui tout seul
Si bien que certains lui en veulent
D'avoir une tête si bien faite
Mais il n'en a cure
Curieux de tout il goûte à tout
Ce disciple d'Epicure
A le même féroce appétit
Pour les nourritures du corps
Que celles de l'esprit
Quand bien il en avale qu'il en demande encore
Sa soif de connaître n'a d'égale
Que sa faim de pouvoir
C'est un vrai cannibale !
Un monstre de savoir !
Les poules de Houdan et les carpes chinoises
En sont convaincues
Un tel homme ne peut être vaincu
Déjà elles pavoisent
Le tour ex ? Il l'aura pour sûr !
Prédisent ces diseuses de bonne aventure…
Mais tout succès a un prix
Celui-ci a pour nom l’exil
Le goulag d’Arcueil offrira donc l’asile
A cet être de si grands dons pétri
"L’exil ? J’en ferai un royaume !"
Il avait dû lire Camus pour bâtir cet axiome…