Alors que dans la nuit, une tempête me réveille Une sombre mélodie vient provoquer mon ouïe Ce grand piano dans le grenier, où je suis montée la veille Résonne lourdement, triste mélancolie. Appeurée, affolée, je me tiens sur mes gardes Progressant aveuglément dans l'escalier noir Menant au bruit qui vole, et qui me laisse voir Cet esprit torturé qui froidement me regarde. Je suis paralysée, totalement terassée, Je peux sentir son souffle froid sur mon visage La glaciation en lui doucement se propage Et la peur se détache, me laissant sidérée. Mon instinct de survie m'a lâchement délaissé Le froid a remplacé l'angoisse de la nuit Mes peurs inavouées se sont évanouies Se sont envolées au gré des notes troublées. La mélodie ne cesse Les phalanges sans peau dansent sur le clavier Les notes s'évaporent, emportent ma faiblesse Je ne peux pas agir, je ne fais qu'observer. J'observe son corps nu, sa peau tombe en lambeaux Ses cheveux longs tournoient et s'accrochent à grand peine À son crâne fin et blanc, et sa peau jusqu'à l'aine Est déchiquetée, meurtrie, arrachée par une faux. Et lorsque ce fantôme se dresse devant moi Ses mains osseuses ne cessent de jouer les notes macabres Qui à elles seules font trembler les candélabres C'est de ces mains que l'esprit mortel se détache. Scindé en deux partie, moignons ensanglantés L'apparition lève son blanc visage À la place de ses yeux, deux trous dévisagent Mon corps abasourdi, mon corps tétanisé. Il tend un bras vers moi, en rythme avec le son Que produit ses phalanges qui jouent, indépendantes Sa bouche me sourit et m'averti, sanglante Que si je reste là, je perdrais la raison. La macabre danse évolue En un sombre thrène que caresse Les os de l'esprit abattu Je sombre dans la folie, une infinie tristesse.