Il est rare que les rois soient mats
Nombreux sont ceux qui veulent leur peau
Car dans un monde manichéen
L’avantage est pour les gringos
Le roi ne sert à rien
C’est parce qu’il est qu’on perd
Et si le peuple a faim
C’est parce qu’il est compère
Des traîtres et des vauriens
Son intérêt prospère
Au détriment des siens
Jamais il ne se sacrifie
Toujours à l’écart des combats
Où ses pions versent leur sang
Pour une guerre qu’ils ne comprennent pas
Si son œil surplombe les rangs,
Si sa carrure est imposante
Sa grandeur n’est qu’apparente
La reine escorte son roi
Un regard menaçant
Filtre sous ses yeux doux
Elle peut marcher partout
Détruire impunément
Abuser à chaque coup
Du règne de son amant
A l’œil épris et saboté
Aux sujets de payer
Le prix de sa beauté
Seul le fou ose l’accoster
D’une manière un peu cavalière
Juste pour le plaisir de jouer
A la faire monter dans les tours
Sans craindre l’impact d’un revers
Qu’il évite d’un simple détour
Le fou n’a ni ligne de conduite
Ni démarche rectiligne
L’esprit en perpétuelle fuite
Orné d’une lueur maligne
Qui pousse sa démarche chancelante
En biais, loin de sa case manquante
Tous les regards le tiennent en joue
Les autres ne sont pas fous
Ils sont foule
Le nombre confère à leur démence
L’envergure d’une référence
Le fou s’en moque
Face aux cent fous
Alliés
Car ici chacun finit par payer l’addition
Pas de gagnant parmi les pions
Et c’est ce qu’ils sont
Du fou au roi en passant par la reine
Tous trembleront en passant par l’arène
Et se rangeront, tête baissée
Dociles sous les coups du berger
Le véritable maître du jeu
C’est la main au-dessus d’eux
Tout s’achèvera d’un coup sec
Pas de cadeau
Au jeu des chèques
Écrit en janvier 2019