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LA VIEILLE AU BOIS DORMANT

#1
La vieille au bois dormant

la vieille au bois dormanr.jpg


M’affaler voluptueusement sous un amoncellement de couettes,
M’étaler en travers du lit sur le ventre, le dos, en boule, de côté,
Calée par une profusion d’oreilles en cette vaste couchette
Symbolisant la chaleur d’un havre de paix, alcôve secrète, éden ouaté…

Dormir à satiété, à l’excès, bien à l’abri des rumeurs du monde,
Hiberner, hiverner jusqu’au retour des beaux jours,
En l’engourdissement d’une léthargie profonde
Où les rêves et chimères ne seraient que velours,

Afin de m’immerger dans une béatitude sereine et salvatrice,
Éteindre portable, me déconnecter de toute source d’informations,
Me glisser dans un profond sommeil en une apesanteur libératrice,
Ne plus réfléchir, rester impassible en de limpides inactions,

Le cœur léger, l’âme apaisée et tranquille,
M’endormir sans aucune contrainte des lendemains,
Où tout massacre ne me semblerait que vétille
Et ne ressentirais plus les barbaries du chemin,

Et moi, petite vieille, m’interroge et me demande
S’il ne serait préférable que je ne me relève jamais :
Le chant des cigales et le soleil donnés en offrande
Ne suffiront à la quiétude qui agonise sans reflet…

 
#2
ton texte me fait rappeler à ce superbe poème ci dessous, dont, voici une partie :

Quand à peine un nuage.

Quand à peine un nuage,
Flocon de laine, nage
Dans les champs du ciel bleu,
Et que la moisson mûre,
Sans vagues ni murmure,
Dort sous le ciel en feu ;

Quand les couleuvres souples
Se promènent par couples
Dans les fossés taris ;
Quand les grenouilles vertes,
Par les roseaux couvertes,
Troublent l’air de leurs cris ;

Aux fentes des murailles
Quand luisent les écailles
Et les yeux du lézard,
Et que les taupes fouillent
Les prés, où s’agenouillent
Les grands bœufs à l’écart,

Qu’il fait bon ne rien faire,
Libre de toute affaire,
Libre de tous soucis,
Et sur la mousse tendre
Nonchalamment s’étendre,
Ou demeurer assis ;

Théophile Gautier
 
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