Ce dimanche 26 décembre 2004
Je suis à Welligama.
Petit paradis dont les plages sont d'albâtre,
Dans ce beau pays qu'est le Sri Lanka.
Je m'engage vers la mer dans la longue allée
Bordée de bougainvilliers et de cocotiers.
Je vois une agitation inhabituelle.
Tous les gens migrent à l'intérieur de l'île, par les petites ruelles.
Je regarde au loin la plage. D'abord je ne vois rien.
Puis elle apparaît. Les bungalows au bord sont broyés.
Ralentie, la vague a suffisamment de force pour balayer
Les premières personnes qui sont là sur son chemin.
J'ai de l'eau jusqu'aux chevilles, tout autour c'est le chaos.
Une deuxième vague est arrivée, puis une troisième plus forte.
L'eau d'un coup a tout envahi et m'a emportée.
Je retiens mon souffle, je nage, mais le courant me déporte.
Je lutte, je bute contre un arbre, et me voilà accrochée.
J'ai la tête hors de l'eau, mais c'est difficile de résister aux flots.
Je vois des gens se noyer autour de moi.
Ils crient et je ne peux rien faire.
Sentiment terrible... Leurs yeux sont pleins d'effroi.
La vague charrie pêle-mêle des débris de coraux, des animaux,
Des arbres, des meubles et des retardataires
Qui déjeunaient tranquilles, dans les gargotes au bord de l'eau.
Je ne sais pas combien de temps, je suis restée accrochée.
Mais ce cauchemar m'a paru une éternité.
L'eau peu à peu s'est doucement retirée,
Laissant une vision apocalyptique pour les rescapés.
Partout des cadavres, dans les arbres, sur la plage,
Dans la piscine de l'hôtel, sous les maisons écroulées.
La route qui longe le rivage était très fréquentée.
Des bus entiers, remplis de touristes ont été balayés.
Je suis vivante et morte à la fois, tétanisée par ce carnage.
J'ai un haut-le-coeur devant tant de désolation.
Il faut laisser les morts et aider les survivants blessés.
A demi-nus, stupéfaits d'être encore en vie, et très choqués,
On les transporte dans le seul hôpital épargné, et déjà surchargé.
La force, la dignité, le courage de ces Cingalais,
Qui ont tout perdu, me laisse pantois d'admiration et de compassion.
Après quelques heures, j'aide les secours pour les premiers déblayages.
Puis avec quelques touristes néerlandais, je suis évacuée.
Je n'ai pu prévenir ma famille, les communications étant détériorées,
Mais demain je les rassurerai. C'est la fin pour moi, d'un triste voyage.
De retour dans mon pays, je pense à Welligama.
Je ne peux oublier les 300 morts sur les 600 habitants
Que comptait ce petit village du Sri Lanka.
Je fais encore des cauchemars de ce cataclysme... C'était il y a 5 ans.
Ce tsunami a fait entre 220 000 et 232 000 morts et disparus, sur les plages de l'océan Indien de l'Asie du S.E
Une pensée pour UPALI... mon ami.... disparu .... et parti au Nirvana