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La Vérité

Lanclot

Nouveau poète
#1
Ma pensée est avant tout qu'il faut une position sur la vérité. Je ne peux me satisfaire d'ignorer la question, même si nombreux sont ceux qui se contentent d'une cohérence qui se limite à une part très circonscrite du réel. Combien d'hommes d'action ne mobilisent-ils leurs facultés intellectuelles que pour les seules questions dont dépend la réussite de ce qu'ils entreprennent ? Combien d'hommes de science ne limitent-ils pas leur curiosité aux problèmes dont leurs méthodes leur semblent pouvoir rendre raison ? Combien de philosophes, combien de gens ne confient-ils pas à des dogmes (incertains et incomplets) le soin de répondre pour eux aux questions qu'ils se posent ?
Il faut une position sur la vérité. Mais la chose n'est pas aisée. Comme le dit Diderot: "Quand on vient à comparer la multitude infinie des phénomènes de la nature avec les bornes de notre entendement et la faiblesse de nos organes, peut-on jamais attendre autre chose de la lenteur de nos travaux, de leurs longues et fréquentes interruptions et de la rareté des génies créateurs, que quelques pièces rompues et séparées de la grande chaîne qui lie toutes choses ?" Encore est-ce s'illusionner peut-être que de croire que les choses pourraient être liées par une grande chaîne. Ou tout du moins de croire que les mots "grande chaîne" seraient aptes à dire le rapport qui existe entre les choses. À moins que ce ne soient "les choses" qui représentent une expression infirme du vrai.
Comment passer outre les mots en ce qu'ils disent toujours que les choses SONT, alors qu'elles PASSENT; en ce qu'ils séparent en même temps ce qui est un et regroupent derechef ce qui est distinct ? Quand je suis devant un frêne, le fait de croire que je suis devant cette variété d'arbres à la pointe desquels brûle le feu jupitérien m'occulte le fait que je ne suis pas devant n'importe quel frêne (n'importe quel frêne n'existe pas!), mais devant ce frêne là, unique, définitivement unique, aussi bien dans son apparence spatiale que dans sa durée inextensible. Quand je suis devant un homme que je ne connais pas, le fait de croire que je suis devant un quidam (un quidam n'existe pas !) m'empêche de voir que je suis devant cet homme là, unique, irrémédiablement unique, aussi bien dans la spécificité de son passé, de sa mémoire, que dans l'altérabilité de son apparence et de ses pensées..
- Il y a trois sortes de certitudes inclinant vers la vérité :


1. Mathématique, résultant de la démonstration mathématique. Quand nous sommes mathématiquement certains, nous en pouvons donner les raisons. En second lieu tous les hommes reconnaissent pour vrais les vérités établies mathématiquement.
2. Physique. Quand nous constatons un fait, nous sommes certains que nous le voyons. Il est pour ainsi dire doué d’une autorité qui s’impose à l’esprit. C’est cette certitude particulière qui forme l’évidence physique ou du fait. Nous avons une certitude purement intuitive, mais aussi forte que la certitude mathématique ; comme la précédente elle est commune à tout le monde. Tous les philosophes ne sont pas d’accord sur le point de savoir si nous sommes libres ; mais tous conviennent que nous avons l’idée de la liberté.
3. Morale. Nous sommes souvent certains de choses qui ne sont ni mathématiquement prouvées, ni fait d’observations. Un architecte vient de construire un pont et le croit solide sans pouvoir en donner de preuve mathématique ou d’expérience. Considérez un croyant appartenant à une religion quelconque. Le propre de la foi est d’être au-dessus de la démonstration mathématique : elle se donne au moins pour telle. Et pourtant la foi est le type de la certitude : nous ne sommes jamais si convaincus que quand nous croyons en vertu de la foi. Et pourtant les vérités de cet ordre ne se prouvent ni par les faits, ni par démonstration !?
Précisons que la vérité ne se confond pas avec la vérification pratique que l’on peut en faire. La vérité peut-être validée par ses conséquences, mais elle n’est pas construite par elles ! Mais je ne pense pas que ces trois critères de soi-disant certitudes puissent révéler un quelconque indice ou réponse acheminant à la vérité ! Il ne s’agit pas d’aller chercher une bougie pour aider à voir le soleil. C’est la vérité qui est éclairante. En d’autres termes, ce n’est pas elle qui se cache, mais bien nous qui ne la voyons pas malgré sont omniprésence.


Il est inutile d’évoquer la possibilité de trouver réponse dans les sciences. Chacune se donne un critère de vérité qui est conforme à son objet et diffère de celui qui est admis dans une autre discipline. L’empire de l’objectivité est très varié, chaque région de l’être appelle des méthodes d’étude qui sont spécifiques et un critère de vérité adéquat. Il en résulte donc que si nous en appelons aux sciences pour nous sauver du sentiment de ne pas disposer de critère suffisant pour juger de la vérité, nous serons plutôt désorientés. Ce n’est pas un critère que nous obtiendront, mais autant de critères que de sciences ! Cela ne résoudra en rien le problème initial. Chaque discipline est à même de dire ce qu’elle appelle vérité pour la région de l’être qu’elle considère, mais ne peut se prononcer en dehors de son domaine propre.

Ce qui fait le poids sur la balance du jugement de ce qui est "vrai", c’est la révérence à la tradition, aux spécialistes, à la révélation. Nous préférons tenir des propos obscurs, mais émanant d’une autorité incontestable (du moins nous le croyons) que d’avoir une pensée claire, mais qui n’a pas d’autre appui que le reflet de cette vérité qui nous apparaît. Nous avons si peu confiance en nous-même que nous ne prêtons pas d’attention à l’évidence, nous préférons le poids de l’autorité. Et c’est ainsi que perdurent parfois des préjugés et que l’esprit se maintient dans la paresse si ce n’est dans l’erreur ! Les us et coutumes, traditions et autres habitudes locales ou même morales ne sont pas forcément vraies sous prétexte qu’elles perdurent ou parce qu’un grand nombre de gens les approuvent ! On peut trouver dans l’histoire et dans la littérature de quoi illustrer n’importe quel propos délirant. Il y a tout ce que l’on veut y trouver, les cautions d’autorité y sont innombrables. Il ne suffit pas que A ou B ait dit quelque chose pour que cela soit vrai. La vérité n’est pas constituée par une autorité, elle ne subit aucune influence de quelque sorte que se soit de la part des hommes ou du Temps. Elle est sa propre autorité !
Comment dire la vérité sans se référer à la totalité? Quand je dis ce que je crois vrai, ne suis-je pas en train de dire quelque chose dont la vérité n'est que relative? Et toute vérité relative ne témoigne-t-elle pas davantage de l'impotence du langage que d'un attribut du réel? Et que penser du relativisme, qui dénie à la vérité tout caractère universel ? Ne faut-il pas, à sa suite, reconnaître "à chacun sa vérité". Le faire reviendrait, sous couvert de tolérance, à dissoudre la vérité dans une pluralité d’opinions, relatives aux points de vue particuliers de ceux qui les énoncent.
Le critère de vérité tient à l’illumination de l’intelligence par l’évidence de l’idée. L’expérience de la vérité découle d’une intuition spirituelle, l’intuition d’une essence singulière. Ce qui donne l’expérience de la vérité, c’est la vision pénétrante que l’esprit en a ! Rencontrer la vérité, n’est-ce pas tout simplement éprouver la force d’une évidence ?
- En conclusion je dirai ceci :
La vérité ne peut être dévoilée aux hommes qu'en fonction de leur capacité de discernement ou/et de bon sens. L'unique vérité a beaucoup de facettes, et pendant qu’un homme en voit une, un autre – lui - en verra une différente. Certains en voient plus que d'autres selon ce qu'il leur est donné de percevoir. On peut faire un rapprochement dans le cas de certains animaux qui, par leur vue, voient plus loin que d’autres. Et ce n’est pas la distance qui fait changer ce point, mais bien le fait que chacun d’eux possède une acuité visuelle de puissance différente. Donc, dans une perspective parallèle, ce qui est perçu par un homme, ne l’est pas pour un autre. Ce qui apparaît vrai à quelques-uns n’apparaît pas vrai aux autres tout simplement parce qu’ils l’ignorent. Tout comme il serait logique et évident qu’un certain nombre de personne en bas d’une vallée ne voient pas ce qu’aperçoivent ceux qui se tiennent au sommet d’une montagne ! Cependant pour tout cela est la vérité, telle que l’intellect individuel la voit, et cela tant qu’une vérité supérieure ne lui a pas été substituée. Plus nous pourrons ressentir cette vérité et plus nous saurons reconnaître sa lumière ! Chaque être humain a une sensibilité propre qui diffère de l’autre, qui lui permet d’assimiler jusqu’à un certain point. Nous comprenons et acceptons bien que certaines personnes soient plus intelligentes que d’autres. Dès lors, pourquoi donc n’accepterions nous pas le fait que quelques-uns aient une connaissance de la vérité plus étendue que la majorité ?! Des Einstein n’ont jamais empêchés personne de dormir, et encore moins de s’accomplir dans leur vie professionnelle ! Parfois même au contraire, ce put être un exemple, une rampe de lancement pour progresser ! Et je défie le premier venu de décrypter une de ses formules au pied levé ; il est incontestable que son équation aura autant de clarté pour nous que de lire le dernier cours de la bourse à Tokyo. Cependant et surtout, cela n’ôtera en rien quant à la valeur et résultante de cette formule ! Donc, il en va de même pour ces gens qui ont une connaissance amplifiée ; plus aiguisée de cette Vérité par rapport à un certain nombre.
Mon intime conviction est que, La Vérité est tout simplement ce qui existe indépendamment de l'esprit qui le conçoit. Et ceci en dehors du Temps et de l’Espace, exempt de toute limite et d’expression quelle qu’elle soit !