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La richesse invisible

myxene

Nouveau poète
#1
Pauvre Camille,
ton corps n’est plus qu’une ombre délicate,
reflet d’une vie sans repas à traîner de station en station,
tu aimes station Bel Air, on y vend des friandises,
tous les jours tu y vas, les courants d’air hurlants sur ta peau
et brûlants tes jours mauves comme le bord de tes yeux ;
tu affrontes le froid, et tu tousses et tu râcles tendre Camille,
le pull trop fin, trop troué, ne te réchauffe pas
et ta jupe d’été couverte de fleurs virevolte légère autour des allumettes qui te servent de jambes.
Aujourd’hui tu ne peux chanter station La Muette,
ta voix couverte de neige se refuse à vibrer,
et tu regardes les bonbons rouges de la passion,
tu imagines leur goût pétillant dans ta bouche…
Mais tu ne peux qu’imaginer, dans ta paume la pièce a déserté,
alors la marchande ronde et rose comme une guimauve se prend de pitié,
et, de sa grosse main de bébé potelé, elle met dans la tienne ce bonbon dont tu rêvais,
et tes yeux-billes dévorent le bonbon,
ton cœur résonne dans la station, il bat,
il bat,
de plus en plus fort,
puissamment,
comme le cœur d’un géant,
et les gens dans leur hâte essoufflée s’arrêtent de courir,
et écoutent et sourient, ils sourient de toute leur âme, ils cherchent d’où vient le bruit,
le bruit que fait le bonheur
lorsqu’il naît dans le cœur,
mais ils ne le trouvent pas,
alors ils reprennent leur course
folle,
avec une chanson dans la tête,
et l’espoir
dans leurs vies.