La mise à mort du Désespoir
Il soufflait très fort dans l’arène
En ruisselant de tout son sang,
Sous les ovations et le thrène
Il rugissait dessous ses flancs,
Rêvait d’encorner mes abats;
Mais que lui avais-je donc trouvé?
Au tourbillon de son aura,
Qu’un faux plaisir désapprouvé…
Il me toisait de son œil brique
Pour son tout dernier numéro,
Figeait dans son regard lubrique
Ma dignité de toréro,
Qui de lumière renaitrait;
Que lui avais-je donc trouvé?
Qu’un tas de muscle sans attrait
Sous des promesses controuvées.
Il avait cette haine écumante
D’un flamenco fuyant la danse
Et à sa chaleur arrogante
Sans penser même entrer en transe,
Je lui fis goûter l’estoc art;
Que lui avais-je donc trouvé?
A ce broutard bien trop bavard,
À ses sentiments réprouvés.
Il suffoquait sur le côté,
L’horizon vitreux presque clos
Que mon sourire mignoté
Cloua à l’éternel repos.
Je respirais fort dans l’arène
En saluant les cris de joie
Qui couvrent cette mise en scène
Mais qui à la vie me renvoient,
Au fier présent, fort me rassoient
Devant ma page encore blanche
Brodée d’espoirs qui ne louvoient
Aux bras desquels mes mots s’épanchent,
« Alors écoute, Désespoir,
Va parcourir les pâturages
De l'Enfer, loin de mon bougeoir
Va au diable crever ta rage!
Va au diable crever de rage! »
Judy
J'ai en horreur les corridas mais celle-ci est un peu à part
Vaincre cette bête immonde qu'est le Désespoir est ma plus belle victoire!
Et même si je personnifie ce taureau n'y voyez aucune personne incriminée...je ne parle que du désespoir!
Ecrit en décembre 2015
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