Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

LA CRÉMIÈRE

#1
LA CRÉMIÈRE


Il fait si froid dans les chaumières
Qu’on n’voudrait plus quitter son lit.
Comme je me fous de la crémière
Je m’y renfonce et qu’on m’oublie.

Aux longs chemins des cons labeurs
Je n’irai plus poser mes pas,
Les cahots des transports urbains
M’y secoueraient jusqu’au trépas.

Dans les couloirs on se bouscule,
Toujours plus vite, toujours premiers.
J’leur ai rendu mon matricule
Et mes baskets mises au grenier.

La fourmilière est bien gentille,
Compatissante, civilisée.
Elle me fait l’coup d’la grande famille,
Tous solidaires, tous motivées,

Mais une seule reine bien adipeuse,
Des ouvrières que font chanter
Des guerrières, mandibules tueuses,
Très peu d’élues, beaucoup d’baisées.

On sert du rêve à plein pichet,
Mais c’est bidon et destructeur.
Chacun se rue sur les guichets
Pour retirer son faux bonheur.

Chacun raisonne projet de vie,
Et se développe en personnel
En achetant à Monoprix
Le mode d’emploi sur manuel.

Chacun s’est fait auto-censeur
En novlangue bien assimilée.
J’entends partout les mêmes sonneurs
Aux mêmes gestes articulés.

Les mêmes lueurs aux mêmes ampoules,
Les mêmes conneries acidulées
Des mêmes bouches en cul de poule
Qui singent l’originalité.

Les corbeaux noirs nous ont quitté,
Les ours blancs sont sur le départ.
Ils ont compris et résignés
Nous ont abandonnés leur part.

Les fourmis seules n’ont rien compris
Et courent le nez dans le guidon,
Et les slogans qu’elles ont appris
Claquent au vent à l’unisson.

Peut-on y voir du merveilleux,
S’enthousiasmer, ressusciter ?
Quand le désir a dit adieu
Vaut mieux partir et oublier.

Se trémousser sur le volcan
Me fatigue la plante des pieds.
Selfies, facebook et feux de camp
Ne rendront pas les éperviers.

Il fait si froid dans les chaumières
Qu’on n’voudrait plus quitter son lit.
Comme je me fous de la crémière
Je m’y renfonce et qu’on m’oub
 

zuc

Le chat noir
Membre du personnel
#2
même les chats noirs font leurs griffes plus que sur internet;)