Nous étions
Silencieux et comblés par une course effrénée dans la nuit
Nous étions
Essoufflés et unis par l’issue d’un débat exalté sans non-dits
Le contenu de nos têtes s’éparpille tout autour
Sur le sol et les murs, entre les pages d’un cahier
Où nos mains réécrivent au marqueur, sans détour
L’existence
Sans personne pour dicter
Manifeste de nos vies
Faisant de la jeunesse un ultime pari
Car il n’y a pas d’âge que l’étincelle délaisse
Une caresse suffit
Que la fièvre du jeu naisse
Nous étions.
Arrivés avant l’aube sous le bleu majestueux
Qui d’un geste souverain fait plier les frontières
L’écume devient nuage, en l’espace d’une seconde
L’océan et le ciel enlacés se confondent
Nous voguions, emportés dans l’abime de ce bleu
Où des bourgeons pastel s’entrouvraient peu à peu
Le divin est le jour contemplant son tableau
Révélant un miracle à chaque coup de pinceau
Nous n’avions pas grand-chose, pas même un cap à suivre
Tout était dispersé derrière nous dans la nuit
Seules restaient la passion et notre rage de vivre
Qui nous tenaient debout sur le seuil, affranchis
Seuls restaient l’émotion, nos sourires sans retenue
Nos yeux émerveillés happés par l’inconnu
Et l’appel flamboyant d’une Terre qui s’éveille
Écho universel d’une pulsation vermeille
L’insouciance escortait nos sentiments hagards
Le soleil sur notre peau valait tout l’or du monde
Et encore aujourd’hui il suffit d’un regard
Tourné vers le passé quand l’esprit vagabonde
Pour que brille la lumière sur le quai de la gare
Ecrit par Charlotte Dubost, le 30 janvier 2020