J'ai volé dessus tes lèvres les stances d'un baiser

[rivière]

J’ai volé dessus tes lèvres les stances d’un baiser

Tes paupières de flamme
me fixent dans la splendeur de mai,
nos tuniques ondulent au gré de notre marche
dans la moire des blés,

tandis que murmurent
les langueurs des feuillages
au bord du Loir,
ô ma Douce,

au loin, frissonnent les roses du Levant,
les ormes se tordent
sous la puissance du vent,
nous nous promenons paume contre paume

dans la soierie de l’aurore,
les violettes s’inclinent à notre passage
dans les bocages, et les chemins creux,
puis se redressent,

des oiseaux griffent parfois les cieux,
partout triomphe le dais nuptial du Printemps.
J’ai volé tout à l’heure dessus
tes lèvres les stances d’un baiser,

tu as répondu à mon attente,
ô ma Fée, mon Impératrice de gloire,
et dans une clairière,
à genoux devant ta rivière d’amour,

je t’ai honorée des heures durant,
j’ai bu la rivière de tes râles de Jouissance,
et la Saint chrême de ta cyprine,
puis nous avons repris notre chemin.

Maintenant,
chaque jour, je vais te posséder,
car tu es mienne, et je l’emmènerai
sur les rivages de la Félicité !

Sophie Rivière
​