l pleut il mouille
proposé par grenouille Llumierelive et gribouille ZucEnfant déjà je maudissais cette trouble fête,
Par la fenêtre en classe voir fondre la neige.
Sous le néon monotone récitait une voix aigrelette ,
La buée sur les carreaux, je ne pouvais fuir ce sortilège
Enfant j'aimais danser et chanter sous la pluie,
Sauter à pieds joints dans les flaques et m'éclabousser,
Les cheveux trempés, les pieds mouillés mais le regard réjoui
Malgré le risque incontournable de recevoir une fessée...
Me parviens encore l'odeur des premières gouttes sur le bitume,
Il fallait se faire une raison ranger les vélos, ouvrir les cartables,
La rentrée en coutume tombait plus triste que l'automne en costume,
Et dehors la pluie et le soir sonnaient l'heure des devoirs sur la table,
Me parviens à travers la fenêtre la ritournelle joyeuse
Des gouttelettes perçant les sombres nuages
La terre assoiffée se pâme en cette douce berceuse
Offrant au ciel ses glèbes et ses feuillages
Seul l'orage d'été qui gronde, dévaste et fracasse
Par ses éclairs, par le vent, par la pluie qui fouette
En mes yeux d'enfant ébahi avait splendeur et grâce,
Quand chiens, chats et adultes se réfugiaient sous la couette
Seul l'orage qui fait rage m'effraie un peu
Pour conjurer les éclairs et le tonnerre
Je n'hésite nullement d' affronter la colère des dieux
Et je sors en riant sous ce déluge éphémère
Compagne des mauvais jours sur mes chemins de villes ou de campagnes
Combien de fêtes, combien de parties de pétanques m'as tu avortées
Au bagne tu me condamnes pour une heure ou une journée, toujours tu gagnes
O combien de marins, combien de capitaines, combien de drames n'as tu comptés!
Compagne embrumée figurant pour certains la tristesse
Tu m'incites joyeusement au défi vis à vis des autres
Qui en maugréant attendent sous abris que tu cesses
Moi je te franchis gaiement sans murmurer de patenôtre...
Trempé comme un chien ce n'est rien si tu me rends le travail plus difficile
Car hier encore sur la côte tu déversais de ton flot de colère la mort,
Mes propos enjoués me résonnent aujourd'hui bien futiles
Que la pluie reste bénéfique et non meurtrière mille sabords!
Nota: ce duo commencé avant la catastrophe de Cannes et de ses environs pourrait être jugé de malvenu...Mais nous n'avions pas consulté les astres avant de l'écrire...
