HOMICIDE CONJUGUAL EN EFFET PAPILLON
« Vrai Monsieur l’inspecteur…j’ai mis fin à ses souffrances,
Je ne pouvais plus la voir ainsi.
J’ai voulu lui donner la délivrance,
Elle ne vivait plus vraiment…totalement avachie.
Elle errait des journées entières
Trainant ses savates, en chemise nuit,
Le visage défait en masque mortuaire,
Soufflant, toussant, crachant de pleurésie.
A son grand âge…plus rien à espérer,
98 ans Monsieur,
Et moi 96 cet été…j’étais fatigué de la soigner…
Voyez comme je suis vieux !
Cataracte, glaucome, nécrose,
Diabète, incontinence, insomnie,
Infarctus, ostéoporose,
Hypertension, psoriasis, tachycardie,
Polyarthrite rhumatoïde, dégénérescence musculaire,
Bradycardie, prébyacousie,
Syndromes de Parkinson et d’Alzheimer…
Il me fallait assumer toutes ses maladies,
Lui donner ses remèdes, la laver, la peigner,
Lui changer ses couches, lui tendre le crachoir,
A la petite cuillère la faire manger,
Etre à ses soins du matin au soir…
Ainsi hier à 11 heures je lui ai fait boire un bouillon.
Depuis l’après midi je l’avais fait mijoter
Avec en ma tête nulle confusion
Sinon qu’avec soin bien l’aromatiser :
Cordarone, cadentiel, insuline,
Kardégic, dérinox,
Inexium, benzodiazépine,
Coversyl, lepticur, stilnox…
Un cocktail certes médicamenteux
Mais qui ne s’est révélé foudroyant,
Alors voulant faire de mon mieux
D’un oreiller je l’ai étouffée vaillamment…
Cela n’est pas un crime Monsieur l’inspecteur,
Je ne suis qu’un pauvre vieillard,
Un petit vieux au grand cœur
Qui ne recherche aucune gloire… »
« Arrête de te foutre de ma gueule connard !
Tu m’feras pas avaler des vessies pour des lanternes !
Toi un vioque, regarde toi donc dans un miroir !
J’vais t’en faire bouffer moi de la luzerne,
T’as tout juste 25 piges pas plus !
Y’a encore du lait qui coule de tes narines,
Et arrête de me mater avec ce rictus
Regarde plutôt c’que t’as fait à ta copine,
Oui, zyeute la, contemple ton œuvre,
T’es complètement fêlé pauvre fion
J’vais t’faire coffrer sale couleuvre,
Et que les larves te rongent le croupion
Faire ça à une si jolie môme
Et de sang froid espèce de salopard !
J’vais t’en faire foutre des histoires à la gomme,
Aller, en taule ! sans passer par la case départ ! »
« Oui Monsieur le juge, je suis docteur es psychiatrie
J’ai longuement étudié le cas de l’accusé
Et mon diagnostic peut prêter à plaisanterie.
De toute ma carrière je n’ai connu une telle bipolarité,
Réalités et irréalités se juxtaposent.
Il s’est propulsé inopinément en la vieillesse
Schizophrénie profonde de métamorphose
Où il s’est muré en reventicable détresse
Il s’est cru défenseur des avilissements de la vie
Et n’a voulu qu’abroger les souffrances,
Les lendemains à l’avenir décrépit
Eradiquant d’inductibles déchéances »
« Monsieur le juge, Monsieur le procureur de la République,
Mesdames et Messieurs les membres du jury,
Laissez-moi vous exprimer en le nom du code juridique
L’irréprochable recevabilité de ma plaidoirie.
Moi, avocat de l’accusé de déclarer et déclamer :
Certes oui, préméditation certaine et incontestable
Mais mon client n’est aucunement un meurtrier !
Et à juger aussi nullement coupable
Le vieillard décharné qui sommeillait en lui
Il a agit en connaissance et en véritable justicier
La seule fautive à condamner, c’est la vie !!!
Il a simplement tenu à la conjurer,
Eliminant les tracas et les fourberies de l’existence,
Inhibant le courroux fracassant du temps,
Enrayant l’âge sans outrecuidance,
Avec conviction et à bon escient.
Il a non seulement gracié sa jeune femme
Des affres scandaleuses des ans
Mais également libéré la douce âme
De leur futur et bien aimé enfant.
Monsieur le juge, il n’est nul besoin de délibérer,
En tant que disciple inconditionnel de mon client
Je me dois de son action continuer
Et faire sauter le bâtiment. »
Ainsi le Tribunal a totalement explosé« Vrai Monsieur l’inspecteur…j’ai mis fin à ses souffrances,
Je ne pouvais plus la voir ainsi.
J’ai voulu lui donner la délivrance,
Elle ne vivait plus vraiment…totalement avachie.
Elle errait des journées entières
Trainant ses savates, en chemise nuit,
Le visage défait en masque mortuaire,
Soufflant, toussant, crachant de pleurésie.
A son grand âge…plus rien à espérer,
98 ans Monsieur,
Et moi 96 cet été…j’étais fatigué de la soigner…
Voyez comme je suis vieux !
Cataracte, glaucome, nécrose,
Diabète, incontinence, insomnie,
Infarctus, ostéoporose,
Hypertension, psoriasis, tachycardie,
Polyarthrite rhumatoïde, dégénérescence musculaire,
Bradycardie, prébyacousie,
Syndromes de Parkinson et d’Alzheimer…
Il me fallait assumer toutes ses maladies,
Lui donner ses remèdes, la laver, la peigner,
Lui changer ses couches, lui tendre le crachoir,
A la petite cuillère la faire manger,
Etre à ses soins du matin au soir…
Ainsi hier à 11 heures je lui ai fait boire un bouillon.
Depuis l’après midi je l’avais fait mijoter
Avec en ma tête nulle confusion
Sinon qu’avec soin bien l’aromatiser :
Cordarone, cadentiel, insuline,
Kardégic, dérinox,
Inexium, benzodiazépine,
Coversyl, lepticur, stilnox…
Un cocktail certes médicamenteux
Mais qui ne s’est révélé foudroyant,
Alors voulant faire de mon mieux
D’un oreiller je l’ai étouffée vaillamment…
Cela n’est pas un crime Monsieur l’inspecteur,
Je ne suis qu’un pauvre vieillard,
Un petit vieux au grand cœur
Qui ne recherche aucune gloire… »
« Arrête de te foutre de ma gueule connard !
Tu m’feras pas avaler des vessies pour des lanternes !
Toi un vioque, regarde toi donc dans un miroir !
J’vais t’en faire bouffer moi de la luzerne,
T’as tout juste 25 piges pas plus !
Y’a encore du lait qui coule de tes narines,
Et arrête de me mater avec ce rictus
Regarde plutôt c’que t’as fait à ta copine,
Oui, zyeute la, contemple ton œuvre,
T’es complètement fêlé pauvre fion
J’vais t’faire coffrer sale couleuvre,
Et que les larves te rongent le croupion
Faire ça à une si jolie môme
Et de sang froid espèce de salopard !
J’vais t’en faire foutre des histoires à la gomme,
Aller, en taule ! sans passer par la case départ ! »
« Oui Monsieur le juge, je suis docteur es psychiatrie
J’ai longuement étudié le cas de l’accusé
Et mon diagnostic peut prêter à plaisanterie.
De toute ma carrière je n’ai connu une telle bipolarité,
Réalités et irréalités se juxtaposent.
Il s’est propulsé inopinément en la vieillesse
Schizophrénie profonde de métamorphose
Où il s’est muré en reventicable détresse
Il s’est cru défenseur des avilissements de la vie
Et n’a voulu qu’abroger les souffrances,
Les lendemains à l’avenir décrépit
Eradiquant d’inductibles déchéances »
« Monsieur le juge, Monsieur le procureur de la République,
Mesdames et Messieurs les membres du jury,
Laissez-moi vous exprimer en le nom du code juridique
L’irréprochable recevabilité de ma plaidoirie.
Moi, avocat de l’accusé de déclarer et déclamer :
Certes oui, préméditation certaine et incontestable
Mais mon client n’est aucunement un meurtrier !
Et à juger aussi nullement coupable
Le vieillard décharné qui sommeillait en lui
Il a agit en connaissance et en véritable justicier
La seule fautive à condamner, c’est la vie !!!
Il a simplement tenu à la conjurer,
Eliminant les tracas et les fourberies de l’existence,
Inhibant le courroux fracassant du temps,
Enrayant l’âge sans outrecuidance,
Avec conviction et à bon escient.
Il a non seulement gracié sa jeune femme
Des affres scandaleuses des ans
Mais également libéré la douce âme
De leur futur et bien aimé enfant.
Monsieur le juge, il n’est nul besoin de délibérer,
En tant que disciple inconditionnel de mon client
Je me dois de son action continuer
Et faire sauter le bâtiment. »
Avec les bâtisses avoisinantes,
En l’engloutissement du quartier entier…
Tout n’est que ruines chancelantes…
Plus de 800 personnes ne deviendront séculaires,
Ne subirons ni rides ni stigmates de la sénilité,
Le site est devenu sanctuaire
D’une… certaine réalité…