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Hier encore...

Judy

Maître Poète
#1


Hier encore…

Hier encore tu souriais même aux absents
Du haut de tes fiers trente et quelques malheureux ans,
Hier encore tu goûtais sans compter le temps
À ses joies insouciantes sur le grand toboggan.


Aujourd’hui sans répondre aux pourquoi de nos lampions,
La fatalité, au tourbillon de cette augure
A volé le terrain de jeu de nos dérisions,
Couchant ton château de sable avec désinvolture.


Hier encore nous plaisantions sur tes faux airs
De précieuse que d'espiègles accords nous solfiaient,

Éclairant d'un franc soleil ces pauvres vers impairs
Qui s'escriment à dire combien tous t'appréciaient.


Aujourd’hui hélas, sans rien y pouvoir, tu t’endors
Derrière ces murs de réa, de l’autre côté
Si près et cependant si loin de nos contreforts
Qui regardent l'ombre des nuits te détricoter.


Hier encore tu avais peur de l’avenir
Avant que ce garçon ne brille au bleu de tes yeux
Et pourtant de mille fous-rire à se souvenir
En clown, tu faisais que les jours nous soient moins soucieux…


Aujourd’hui nos larmes et nos prières t’entourent
Et les vents ne décolèrent à cette vipère*
Qui sournoise, t’invita dans un rêve sans velours,
Nous rappelant combien le bonheur est éphémère,


La vie bien fragile et la mort si souvent injuste…
Hier encore tu composais tant bien que mal
Comme nous autres sur ce chemin qui tord le buste
Et aujourd’hui tu joues sous le pinceau d'un Chagall,


Avec les anges sur la margelle d'un nuage…
Alors, amuse-toi bien là-haut douce Émilie
Et ne faiblis si, aux halages de ce treillage
Coule de nos cœurs meurtris, l’encre d'une ancolie…


*hépatite fulminante
Judy
(vendredi 29 juillet 2016)


À Émilie, collègue de travail et amie...Repose en paix

Créa- Hier encore....jpg


Un poème écrit au nom du personnel de réanimation
Un grand merci à nos collègues de l'autre réa qui ont fait tout ce que la médecine pouvait pour essayer de la tirer de ce mauvais pas...
Nos condoléances à la famille et à toutes les personnes qui l'estimaient autant que nous l'estimions...


 

Willypoète

Maître Poète
#5
Comment peut on dire j'aime à tant de tristesse, je ne le peux pas. Par contre j’apprécie la forme et les mots employés en hommage. Je ne peux sinon qu'apporter ma compassion pour tant de peine.
Amitié
 

romuluss

Poète libéré
#7
Une plume sublime pour un hommage poignant.
félicitation.
Toujours le même plaisir à te lire malgré la difficulté de l'épreuve que tu as du enduré.

Amicalement