
Muni de la pointe d’un stylo
Tenter de déterrer chaque fois un sens nouveau
En grattant sans relâche la surface des mêmes mots
Regarder le blanc de la page céder
Sous un geste abrasif soigné
Pour qu’apparaissent enfin ces milliers de lettres incrustées
Archéologie de la feuille de papier
Gratter avec la frénésie d’un geste incontrôlé
Pour apaiser l’urgence d’une démangeaison spontanée
Gratter jusqu’à écorcher le papier ou s’ouvrir les doigts
Et composer une toile avec le sang du premier qui cèdera
Jouer à gratter
Soulever du bout de l’ongle l’éther opaque où se mêlent
Pensées vagues, émotions insondables et questions éternelles
Espérant sans trop y croire voir apparaître le Jackpot
Les mots justes, qui en savent plus que la main qui les note
C’est un peu un jeu de pigeon
Un jeu pour les rêveurs qui s’obstinent à viser
Cette chance sur un million
Gratter jusqu’à creuser un puit
Où verser l’obscurité d’une nuit
Pour saisir quelques lignes au creux de l’insomnie
Un réflexe maladif qui importune
Une main insistante tendue vers l’infini
Un esprit vagabond posé sur le bitume
Qui gratte la vie
Pour qu’elle lui lâche un peu d’inspi
Janvier 2019