(Pour une lecture agréable de ce poème, il est préférable d'écouter une musique dont voici le lien)
Eveil éphémère
L’espace d’un instant, je m’étais retiré,
Me défaisant de cette ambiance survoltée.
Mon corps devenait lourd ; je m’étais endormi.
Or en me réveillant, le ciel avait blêmi,
Dévoilant une lune qui sombrait, enchantée
Dans un vide absolu, je m’étais égaré.
Je distinguais au loin la forme d’un grand arbre
Dont les nombreuses feuilles au teint artificiel
S’envolaient, flamboyantes, dans un vent de novembre.
Elles reniaient le sol, et s’approchaient du ciel.
Du sommet des montagnes émanait un parfum
Dont le goût singulier me rappelait l’odeur
De douces feuilles mortes. Je trouvai le bonheur,
Ce plaisir innocent que je n’eus jamais feint.
La soudaine arrivée de coups de vent glaçant
Convertit la forêt en terrains méprisés.
Engourdis par le froid, mes pieds paralysés
S’enfonçaient lentement dans un sable brûlant.
Je tenais en ma main de nombreux fruits charnus,
Qu’aussitôt je croquai. Leurs goûts fort agréables
Sensiblement changèrent en saveurs des moins nobles ;
A l’ultime bouchée, le charme n’était plus.
Envoûtantes, harmonieuses, et sombres mélodies
Résonnaient dans ma tête, m’empêchant d’avancer,
J’oubliai où j’étais, ivre de rhapsodies,
Sentant jaillir des larmes que je laissai couler.
L’espace d’un instant, je m’allongeai à terre
Fermant mes yeux lassés, afin de disparaitre.
Mon corps devenait lourd, et mes pensées lugubres.
C’est en me réveillant, étant à nouveau libre,
Que j’eus été capable enfin de reconnaître
Qu’un songe épouvantable me privait de lumière.