J'hésitais entre Béchamel
Volta, Ampère et Cardigan
Et j'ai choisi le sieur Poubelle
Créateur de ce récipient
Car cet inventeur éponyme
Des chiffonniers, grand ennemi
A eu cette vision sublime
Faire à jamais parler de lui
À Caen, la famille Poubelle
Depuis bien des générations
Offre à la ville de bien belles
Âmes à l'administration
Ainsi, au dix-neuvième siècle
Le petit Eugène-René
N'échappera pas la règle
Songent Solange et Amédée
Tout naturellement, Eugène
Devient un brillant écolier
À peine atteint-il la vingtaine
Qu'il est bachelier, licencié
On est sous le Second Empire
"Déjà bien laid fut le Premier"
Dit Eugène dans un soupir
À une cocotte en papier
À vrai dire, il n'apprécie guère
Napoléon III, l'empereur
Ce qui le rapproche de Thiers
Qui en secret attend son heure
Après la chute du régime
Thiers est le nouvel homme fort
Il promeut ses amis intimes
Et jette les autres dehors
C'est ainsi qu'Eugène Poubelle
Est nommé préfet de Charente
Fonction dans laquelle il excelle
Mais vite point ne s'en contente
On le nomme préfet d'Isère
Du Doubs, puis des Bouches-du-Rhône
Mais le préfet, en fait, préfère
Administrer une autre zone
Il a juste la cinquantaine
En mil huit cent quatre-vingt-trois
Quand on le mute dans la Seine
Alors infestée par les rats
Car les rues de la capitale
Son envahies de détritus
Que souille le monde animal
Les Parisiens n'en peuvent plus
C'est ainsi que l'année suivante
Eugène sort un arrêté
Ordonnant de façon pressante
Aux administrés d'acheter
Trois bacs de quarante à cent litres
Afin de trier les déchets
Pour que verre et coquilles d'huîtres
Soient, des ordures, séparées
Alors les Parisiens grommellent
Et comme pour s'exorciser
Nomment les récipients "poubelles"
Du nom de leur méchant préfet
Effarouchés comme des vierges
Les chiffonniers crient : "au voleur !"
Pas très courageux, les concierges
Hurlent au loup : "trop de labeur !"
En mil huit cent quatre-vingt-dix
Malgré les esprits réfractaires
"Poubelle" est un mot qui s'immisce
Discrètement au dictionnaire
Cinq ans plus tard le bon Eugène
Vieilli, mais encor dans le coup
Toujours à cheval sur l'hygiène
Instaure le tout-à-l'égout
Quand il a soixante-cinq ans
Lors, l'administration le nomme
Ambassadeur au Vatican
Y finir sa carrière, en somme
Après deux années de courbettes
De baisemains, de vins d'honneur
Sonne l'heure de la retraite
Pour notre célèbre inventeur
On le parachute dans l'Aude
Où on l'élit sans aucun mal
À la place encor toute chaude
D'un ex-conseiller général
Un seul mandat, il siège, car
À la mort nul ne récalcitre
Alors, sans tri, Eugène part
Dans une boîte de cent litres
Volta, Ampère et Cardigan
Et j'ai choisi le sieur Poubelle
Créateur de ce récipient
Car cet inventeur éponyme
Des chiffonniers, grand ennemi
A eu cette vision sublime
Faire à jamais parler de lui
À Caen, la famille Poubelle
Depuis bien des générations
Offre à la ville de bien belles
Âmes à l'administration
Ainsi, au dix-neuvième siècle
Le petit Eugène-René
N'échappera pas la règle
Songent Solange et Amédée
Tout naturellement, Eugène
Devient un brillant écolier
À peine atteint-il la vingtaine
Qu'il est bachelier, licencié
On est sous le Second Empire
"Déjà bien laid fut le Premier"
Dit Eugène dans un soupir
À une cocotte en papier
À vrai dire, il n'apprécie guère
Napoléon III, l'empereur
Ce qui le rapproche de Thiers
Qui en secret attend son heure
Après la chute du régime
Thiers est le nouvel homme fort
Il promeut ses amis intimes
Et jette les autres dehors
C'est ainsi qu'Eugène Poubelle
Est nommé préfet de Charente
Fonction dans laquelle il excelle
Mais vite point ne s'en contente
On le nomme préfet d'Isère
Du Doubs, puis des Bouches-du-Rhône
Mais le préfet, en fait, préfère
Administrer une autre zone
Il a juste la cinquantaine
En mil huit cent quatre-vingt-trois
Quand on le mute dans la Seine
Alors infestée par les rats
Car les rues de la capitale
Son envahies de détritus
Que souille le monde animal
Les Parisiens n'en peuvent plus
C'est ainsi que l'année suivante
Eugène sort un arrêté
Ordonnant de façon pressante
Aux administrés d'acheter
Trois bacs de quarante à cent litres
Afin de trier les déchets
Pour que verre et coquilles d'huîtres
Soient, des ordures, séparées
Alors les Parisiens grommellent
Et comme pour s'exorciser
Nomment les récipients "poubelles"
Du nom de leur méchant préfet
Effarouchés comme des vierges
Les chiffonniers crient : "au voleur !"
Pas très courageux, les concierges
Hurlent au loup : "trop de labeur !"
En mil huit cent quatre-vingt-dix
Malgré les esprits réfractaires
"Poubelle" est un mot qui s'immisce
Discrètement au dictionnaire
Cinq ans plus tard le bon Eugène
Vieilli, mais encor dans le coup
Toujours à cheval sur l'hygiène
Instaure le tout-à-l'égout
Quand il a soixante-cinq ans
Lors, l'administration le nomme
Ambassadeur au Vatican
Y finir sa carrière, en somme
Après deux années de courbettes
De baisemains, de vins d'honneur
Sonne l'heure de la retraite
Pour notre célèbre inventeur
On le parachute dans l'Aude
Où on l'élit sans aucun mal
À la place encor toute chaude
D'un ex-conseiller général
Un seul mandat, il siège, car
À la mort nul ne récalcitre
Alors, sans tri, Eugène part
Dans une boîte de cent litres