DESSIN DE MA VIE
Cette vie qui est la mienne se calque tel un labyrinthe
Où s’entrecroisent de fausses parallèles, d’angles aigus et obtus,
De perpendiculaires mornes et sans teinte,
De hachures, d’arrêtes, de traits diffus et confus.
J’ai souvent rebroussé les chemins parcourus
Me heurtant dans des voies sans issues.
Plutôt que de chiffonner ou de déchiré ce tracé
Il me serait plus judicieux de l’estomper.
J’ombre, je voile, je filtre, je masqueCes lignes qui m’ont couverte de morsures,
Ces droites acerbes et pointues en âme d’une tarasque,
Je hais cette rigoureuse et fade architecture !
A main levée j’ébauche des arabesques, des cambrures
En des méandres de courbes sinueuses et diaphanes
Au galbe subtil exhalant de gentes enluminures
Sur un fond de tendres ramures et de lianes.
Ce souffle candide que l’on veut par trop vite annihiler
Au profil d’un âge ingrat où l’on se croit de liberté,
J’accentue et m’égare sur les sentes de l’enfance
Que de courir vers les dédales de l’adolescence
M’abreuvant pleinement et amplement des miens,
Croquant leur sagesse, leur soif de lendemains,
Retraçant au fusain l’éclipse dorée
De ces années d’insouciance sucrée.
Je voudrais endiguer, gommer, effacer,
Barrer, gratter, rayer, raturer
Ces mariages aux illusions ratées,
Ma rage ne laisserait qu’un gouffre dans le papier !
Alors j’émousse, j’assourdis, j’affaiblis
Ces images de coups, de cris, de tromperies
En une fragile volute tamisée,
En un clair obscur à demi teinté.
J’esquisse le dessin de bulles légères
Où Lui et moi psaumerons en odes princières.
Sur la barque de l’amour règne le temps,
Sur la nef de nos vies glissent les ans.
J’adoucirai, j’atténuerai le faix de la vieillesse
Crayonnant de pastels aux couleurs de tendresse,
Cette limpide rivière nous conduira lentement
A l’embarcadère étoilé du firmament.