Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

Conte expressionniste drolatique ( 6 )

Fysco

Maître Poète
#1
Sans crier gare Il a pris le train de onze heures, sac à dos et poils aux pattes, avec un ouvrier myope comme une taupe, la fleur au fusil, jusqu'à la sortie de l'auberge espagnole bruyante de Landerneau où on ravale la façade et on pend la crémaillère et ça se bouscule au portillon. Il apporte des oranges et de la salade dans son panier, de l'échalote de course, du beurre dans des épinards, et des oursins dans sa poche. Il vend une mèche et la peau de l'ours mais reprend du poil de la bête dans sa main puis sent l'odeur de l'argent qu'il cache, con comme un balai, dans le pot aux roses sans épines.
Plutôt que d'enfiler des perles, sans tambour ni trompette, à la mode de Bretagne, il se jette un verre derrière la cravate et siffle une bouteille en quatrième vitesse, comme la vérole sur le bas clergé breton, puis pour changer de crèmerie, à cor et à cri, fait la tournée des grands ducs à un train de sénateur, sous un soleil de plomb, pour boire de la petite bière, manger à tous les râteliers et s'en mettre plein la lampe. Pas besoin de sortir de Saint Cyr, d'être grand clerc, ni d'y aller par quatre chemins, il va se fendre la poire, s'en payer une bonne tranche et se prendre une biture. C'est con comme la lune. Mais on sent l'argile au pied du colosse, il ne faut pas faire l'autruche. A faire le mariole, le matamore aux vaches, à boire comme un templier et à faire du ramdam, il va prendre une veste et péter les plombs ou une durite, sortir de ses gonds outre mesure et être sujet à caution en bonne et due forme, défrayer la chronique pour une querelle d'Allemand. Il va croquer le marmot en attendant de trouver, un de ces quatre, un diable d'avocat, un oiseau rare.
Pour l'instant il a le démon de midi, il fait du gringue et le joli coeur, a fait une touche et c'est le coup de foudre. Il rit jaune, sous cape, à gorge déployée comme un bossu ou comme une baleine, promet monts et merveilles, conte fleurette à une fille perdue, haute comme trois pommes mais qui a du sex-appeal. Il a mis le grappin sur une belle plante mais bête à manger du foin, parlant français comme une vache espagnole et plate comme une limande, et elle mord à l'hameçon. C'est un coeur à prendre. Il veut la rendre follement amoureuse, la connaître bibliquement, pour s'envoyer les jambes en l'air, tirer sa crampe pour le repos du guerrier et se la couler douce. Il lui tient la jambe, la porte aux nues, lui bourre le mou, ne mâche pas ses mots et elle a le béguin, les yeux de Chimène et la berlue. Il lui claque le baigneur et lui sort un tour de son sac à la mords-moi le noeud, tiré par les cheveux, lui offre une tarte à la crème, un panier de crabes qui coûte la peau des fesses, lui donne un baiser de Judas, lui roule un patin, lui propose la botte, une partie fine et de jouer à touche-pipi. Il est reçu à bras ouverts. Alors Il la prend à bras-le-corps, ses jambes à son cou, regarde par le petit bout de la lorgnette, la caresse dans le sens du poil, prend son pied, met ses pieds dans le plat par-dessus la jambe et en deux coup de cuillère à pot ils frottent le lard ensemble et elle en voit trente-six chandelles. A poil, elle est à fleur de peau mais pas en odeur de sainteté car elle sent le fauve, le fagot et le sapin. Il fait des pieds et des mains, la secoue comme un prunier, lui met l'estomac dans les talons et la presse comme un citron avant qu'elle ne lui ronge son frein qu'elle a sur le bout de la langue, car il ne sait pas si c'est du lard ou du cochon et ça passe ric-rac par la bande, l'un dans l'autre. Les deux pieds sur terre, Il le montre et le touche du doigt et lui demande de tenir sa langue qu'elle a bien pendue.
A suivre si on veut...