Il y a les blessures morales journalières terribles, les blessures corporelles qui font très mal, et le temps qui passe sans qu’aucuns cris n’alertent le sourd voisinage, puis il y a les blessures directes de l’entourage, lorsque impuissants les enfants assistent à ce massacre, ils gardent en mémoire ces images d’empoignades de tirage par les cheveux et reverront toujours la tête de leur pauvre mère se fracasser contre le mur à plusieurs reprises et entendront ses cris de supplications d’imploration pour que le bourreau arrête son exécution en restant impuissants face à cette horreur continuelle.
Il faut l’avoir vécu pour en parler !.
Je me souviens de ma pauvre mère me dire alors que je n’avais pas six ans Maurice je vais aller me jeter dans le Lot !... et moi ne pas sachant pas quoi lui répondre la supplier de ne pas le faire, ou comme cela se produisait souvent et qu’elle ne passait pas à l’acte, lui dire peut-être parce que dans mon fort intérieur je pensais que c’était le seul échappatoire pour elle : vas y maman je m’occuperai de Didier et je dirai à papa lorsqu’il rentrera que tu es dans la rivière.
Mourrir est peut-être pour ces malheureuses femmes la seule alternative à la souffrance des mots cruels et des coups conjugaux à répétitions.
Dans ces situations toute la famille souffre, ancrées à vie les images et les coups portés ne s’effaceront jamais de la notre mémoire profonde.
Voilà ce que j’avais à dire sur un sujet qui me touche directement et que tu as toi aussi vécu cher Vik !.
Et je pourrais en parler longtemps de ces scènes qui blessent encore mon âme, car j’aime ma mère et j’ai pardonné à mon père son parcours héroïque pendant la guerre ces maladies méningite cérébro-spinale après avoir mangé alors qu’il était affamé derrière un de ses camardes de guerre, puis avoir contracté une encéphalite dans la foulée, et cela à une époque où la médecine était loin de tout soigner!.
Entre ces crises c’était le plus gentil des pères la maladie est la principale cause de ses humeurs violentes, et je crois que ma pauvre mère lui pardonnait aussi ces élans ravageurs.
Bien plus tard il a été soigné et le calme est revenu à la maison.
Cependant mon héroïque mère épuisée par la vie s’est laissée mourir à l’âge de 64 ans.
Elle avait dans un courage peu commun elle a sauvé deux jeunes enfants de la déportation en les sortant des rangs de la division SS la Das Reish.
Elle aurait bien mérité qu’on lui remette la légion d’honneur !.
Elle est partie après une vie incroyablement pénible ma belle et pauvre maman !.
Mon amitié
Momo
MLCCACTP