Berthe, Bertrande ou bien Bertrane
Peu importe le pseudonyme
Nous emploierons le plus idoine
Pour les besoins de notre rime
Berthe naît en terre picarde
À "Samoussy", tout près de Laon
C'est une fille rondouillarde
Qui fait la joie de ses parents
Sa maman est "Mérovingienne"
Et son papa "Hugobertide"
À cette époque très lointaine
Ces dynasties sont fratricides
Mais dans cette auguste famille
Si l'on marche main dans la main
C'est que l'on prépare la fille
À un incroyable destin
Pépin, fils de Charles Martel
Qui gagna jadis à Poitiers
Est amoureux de la pucelle
Bertrande, malgré ses grands pieds
À vingt-trois ans elle convole
Avec Pépin, le gringalet
Mais leurs étreintes restent molles
Car aucun enfant ne paraît
Enfin vient la bonne nouvelle
Lors d'un séjour en Allemagne
Dans leur château d'Aix-la-Chapelle
Quand naît le petit Charlemagne
Oui, c'est bien notre Charlemagne
Celui à la "barbe fleurie"
Qui de la Pologne à l'Espagne
Va créer les académies
Pépin, par le jeu des alliances
Et peut-être des pots-de-vin
Est élu souverain de France
Et Bertrande, reine devint
Pendant que son mari gouverne
La pauvre Berthe est reléguée
À des besognes subalternes
Ce qui lui casse un peu les pieds
Peu à peu Pépin la délaisse
Et veut même la répudier
Lorsque soudain, un soir de liesse
Son cœur cesse de fonctionner
De fait, Berthe prend la régence
De Charlemagne et Carloman
Encore dans l'adolescence
Prêts à partager l'Occident
Lorsque Carloman à vingt berges
Bertrande lui fait épouser
Une demoiselle "Gerberge"
Qui lui donne deux beaux bébés
Quant à son aîné, Charlemagne
C'est une Italienne pur-fruit
Qu'elle lui choisit pour compagne
Mais très vite il la répudie
Lorsqu'en sept cent soixante-douze
Carloman rejoint ses fantômes
L'aîné dépossède l'épouse
Et ses neveux de leur royaume
Bertrande trouvant ça indigne
Veut mettre les pieds dans le plat
Furieux, Charlemagne l'assigne
À résidence loin de là
C'est dans une sombre abbaye
Sise près de Choisy-au-Bac
En plein cœur de la Picardie
Qu'elle meurt d'un arrêt cardiaque.