Mon cœur est un bastion.
Mon cœur est un bastion, qui n’est pas fait de pierres,
Mais qui laisse au dehors le fourbe et l’indiscret,
Et je peux simplement y cacher mes secrets
En fermant les paupières.
Mon cœur est un brasier, où brille ma lumière,
Et pour que ton amour y brûle sans arrêt,
Tu devras abattre ta plus belle forêt
Et l’y brûler entières.
C’est aussi le cachot, sombre de mes misères !
Ô combien de sanglots y font des mascarets !
Et comme j’aimerais, un jour, m’en séparer,
En pleurant sur vos terres.
Fil2fer, le 24/02/2013.
Les têtes.
On nous explique que la tête
Posée fièrement sur le cou
Est bien le sommet de la bête
Et fait des pieds notre autre bout.
Qu’elle se tient toujours bien haute
Qu’on soit petit, moyen ou grand,
La mieux placée sous la goulotte
De l’averse ou du cormoran.
Qu’elle est comparable à la balle
Ronde : Comme l’est le ballon
Creuse : Quand elle se régale
A piquer sur un bataillon.
Qu’elle est comme un œuf cuit trop dur
Et plus têtue que la bourrique
Quand, fêlée, elle cogne un mur
Pour faire une bosse à la brique.
Qu’elle est aussi notre étiquette
Et qu’on porte écrit sur le front
Ce qu’on cache sous la casquette,
Ou bien sous le chapeau melon.
La bonne tête est satisfaite
D’admirer le triste tableau
D’un simplet, d’un analphabète
Ou d’un bel enfant de salaud.
Sa joie peut se faire complète
En admirant tous ces ballots
Quand cette vision semble prête
A la mettre au dessus de lot.
Certains jours sont des jours de fêtes
S’ils lui donnent à contempler
La pire de toutes les têtes
Et sa famille au grand complet.
Jamais son plaisir ne s’arrête
De voir que la terre a en stock
Des foules de vilaines têtes :
Celle du turc et du vieux schnock,
La tête de l’archiduchesse
Qui sèche plus et mieux qu’aucun,
La tête de cul, belle « face »
Pour l’anglais ou l’américain
C’est ainsi que la bonne tête
Se moque des pauvres minois
Qui ne seront jamais prophète
Dans quelques pays que ce soit.
Mais peu importe que les têtes
Fassent moins d’un kilo de poids
Toutes ont cette joie secrète
Qui rend heureux pour rien, trois fois.
Je sais comment elles sont faites
Le meilleur est caché dedans,
Toutes masquent un beau squelette.
Qui nous sourit à pleines dents.
Fil2fer, le 21/02/2013.
Un beau cancre.
Qui donc aurait planté
En toi, chose nouvelle,
Tant et tant de beauté
Sur si peu de cervelle ?
Sans doute ton cerveau
Dut rester en carafe !
Qu’apprendre, avant le mot,
Sa faute d’orthographe,
C’est te tordre l’esprit
Et me tordre le ventre,
Quand j’ai un beau petit
Qui n’est rien qu’un beau cancre.
N’ai-je su accorder
A ton age si tendre
Le droit de se tromper
Ou bien de mal apprendre ?
Quand pour toi je me fis
Le plus sage des hommes,
Quand t’apprenant l’écrit,
Je t’offrais une gomme,
Et une règle en bois
Pour qu’enfant tu mesures
En traçant des traits droits,
Tes mètres de ratures.
Mais encore aujourd’hui
Voici que tu tortures
Le mot, divin produit
De la littérature.
Que faire quand l’esprit
Fait des fautes pareilles ?
Copier cent fois mes cris
Aux creux de tes oreilles ?
Froncer sourcils et groin ?
Souffler fort des narines ?
Ou envoyer au coin
Mon cœur quand il câline ?
Ou lancer mon courroux
De mon regard qui gronde
Qui serait un caillou
Si l’œil était ma fronde ?
Mais rien de tout cela !
Et ma colère est feinte.
Laissons chez Vaugelas
Les lumières éteintes.
Car tu peux griffonner
Même dans ma chaumière
Ces mots que ne connait
Que ton seul dictionnaire.
Car je suis attendri
Par toi, petit poète,
Qui invente et écrit
Des fautes si bien faites.
Puisque c’est de ton cœur
Qu’est sorti ce poème
Il n’est pas une erreur
D’écrire mal « je t’aime ».
Il n’est pas une erreur
D’écrire un mot si tendre,
Sans qu’un vieux professeur
Ait eu à te l’apprendre.
Fil2fer, le 18/02/2012.
Vengeance.
Et la vie se répète encore et puis toujours
Par le petit enfant, qui était en cellule,
Qui s’évade un matin en éclatant la bulle
Qui cachait son grand jour.
Alors il grandira et je lui apprendrai
Ce que je fis avant, pour sa tante et son père,
Comment bien essuyer aux jupons de sa mère
Une goutte de lait.
Il grandira encore et aura des enfants,
Et qui auront aussi, dansant la capucine,
Cette goutte de lait qui pend à la narine
Du petit innocent.
Et puis et puis et puis. Que vienne enfin le jour,
Où je ne serai plus celui-là qui les mouche,
Où je pourrai enfin ne plus garder en bouche,
Tous mes mots vieux d’amour.
Etre enfin, seulement, un simple spectateur,
De l’enfant qui va pour que jeunesse se passe
Demander au caillou s’il sait briser le vase
Et assoiffer la fleur.
N’être plus celui qui de son œil gros défend
Au chenapan curieux de vider la valise,
Qui contient l’intégral des charmantes bêtises,
Inventées pour l’enfant
De tant te regarder, je voudrai moi aussi
Te suivre à l’aventure et faire ton complice
Puisqu’il faut enfin que vieillesse s’accomplisse
Mon enfant, me voici !
Je ferai avec toi mon chemin à rebours,
A quoi m’aura servi de faire tant de route
Puisqu’au bout de ma vie toujours mon cœur écoute
Les joies des premiers jours.
Je ferai une épée de ma canne de bois
Je me plierai en deux, je me plierai en quatre
Soldat tu veux la guerre ? Alors viens donc te battre
A coup de petits pois.
Et puis tremper nos doigts, au pot de nutella
Ne pas se soucier de la nappe de dentelle,
Et goûter avec toi, et rire dans ma belle
Moustache en chocolat.
Alors des affronts dont la vie sut m’affliger,
De mes cris, des leçons données à la jeunesse,
De tous mes devoirs et de ma triste vieillesse,
Je serai bien vengé.
Fil2fer, le 23/02/2013.
Il faut…
Il faut que l’enfant brise
Ses vases de Soissons
Et teste la bêtise
Qui mène à la raison.
Il faut que l’allumette
Brûle comme il se doit
Que la flamme se mette
A lui lécher les doigts
Pour que l’enfant invite
A ce jeu dangereux
L’eau qui n’est pas bénite,
Mais noie même le feu.
Il faut que le mensonge
Fasse pleurer l’enfant
Lorsque son nez s’allonge
En trompe d’éléphant
Quand il fait croire au merle
Qu’il est un papillon
Ou à la fausse perle
Qu’elle vaut son million.
Il faut que la racine
Du chêne mégalo
Arrête la bottine
Du minot au galop
Pour lui faire comprendre
Que certains croche-pieds
Se font sans devoir tendre
La jambe et le soulier.
Et puis il faut qu’un guide
Emmène cet enfant
Aux pieds des pyramides
Et aux pieds des volcans.
Pour montrer que la terre
Construit des monuments
Qui posent leurs cratères
Si prêt du firmament.
Pour qu’il prenne conscience
Que la nature a mi
Ses rêves si immenses
Au coeur d’une fourmi.
Fil2fer, le 12/02/2013.
Mon cœur est un bastion, qui n’est pas fait de pierres,
Mais qui laisse au dehors le fourbe et l’indiscret,
Et je peux simplement y cacher mes secrets
En fermant les paupières.
Mon cœur est un brasier, où brille ma lumière,
Et pour que ton amour y brûle sans arrêt,
Tu devras abattre ta plus belle forêt
Et l’y brûler entières.
C’est aussi le cachot, sombre de mes misères !
Ô combien de sanglots y font des mascarets !
Et comme j’aimerais, un jour, m’en séparer,
En pleurant sur vos terres.
Fil2fer, le 24/02/2013.
Les têtes.
On nous explique que la tête
Posée fièrement sur le cou
Est bien le sommet de la bête
Et fait des pieds notre autre bout.
Qu’elle se tient toujours bien haute
Qu’on soit petit, moyen ou grand,
La mieux placée sous la goulotte
De l’averse ou du cormoran.
Qu’elle est comparable à la balle
Ronde : Comme l’est le ballon
Creuse : Quand elle se régale
A piquer sur un bataillon.
Qu’elle est comme un œuf cuit trop dur
Et plus têtue que la bourrique
Quand, fêlée, elle cogne un mur
Pour faire une bosse à la brique.
Qu’elle est aussi notre étiquette
Et qu’on porte écrit sur le front
Ce qu’on cache sous la casquette,
Ou bien sous le chapeau melon.
La bonne tête est satisfaite
D’admirer le triste tableau
D’un simplet, d’un analphabète
Ou d’un bel enfant de salaud.
Sa joie peut se faire complète
En admirant tous ces ballots
Quand cette vision semble prête
A la mettre au dessus de lot.
Certains jours sont des jours de fêtes
S’ils lui donnent à contempler
La pire de toutes les têtes
Et sa famille au grand complet.
Jamais son plaisir ne s’arrête
De voir que la terre a en stock
Des foules de vilaines têtes :
Celle du turc et du vieux schnock,
La tête de l’archiduchesse
Qui sèche plus et mieux qu’aucun,
La tête de cul, belle « face »
Pour l’anglais ou l’américain
C’est ainsi que la bonne tête
Se moque des pauvres minois
Qui ne seront jamais prophète
Dans quelques pays que ce soit.
Mais peu importe que les têtes
Fassent moins d’un kilo de poids
Toutes ont cette joie secrète
Qui rend heureux pour rien, trois fois.
Je sais comment elles sont faites
Le meilleur est caché dedans,
Toutes masquent un beau squelette.
Qui nous sourit à pleines dents.
Fil2fer, le 21/02/2013.
Un beau cancre.
Qui donc aurait planté
En toi, chose nouvelle,
Tant et tant de beauté
Sur si peu de cervelle ?
Sans doute ton cerveau
Dut rester en carafe !
Qu’apprendre, avant le mot,
Sa faute d’orthographe,
C’est te tordre l’esprit
Et me tordre le ventre,
Quand j’ai un beau petit
Qui n’est rien qu’un beau cancre.
N’ai-je su accorder
A ton age si tendre
Le droit de se tromper
Ou bien de mal apprendre ?
Quand pour toi je me fis
Le plus sage des hommes,
Quand t’apprenant l’écrit,
Je t’offrais une gomme,
Et une règle en bois
Pour qu’enfant tu mesures
En traçant des traits droits,
Tes mètres de ratures.
Mais encore aujourd’hui
Voici que tu tortures
Le mot, divin produit
De la littérature.
Que faire quand l’esprit
Fait des fautes pareilles ?
Copier cent fois mes cris
Aux creux de tes oreilles ?
Froncer sourcils et groin ?
Souffler fort des narines ?
Ou envoyer au coin
Mon cœur quand il câline ?
Ou lancer mon courroux
De mon regard qui gronde
Qui serait un caillou
Si l’œil était ma fronde ?
Mais rien de tout cela !
Et ma colère est feinte.
Laissons chez Vaugelas
Les lumières éteintes.
Car tu peux griffonner
Même dans ma chaumière
Ces mots que ne connait
Que ton seul dictionnaire.
Car je suis attendri
Par toi, petit poète,
Qui invente et écrit
Des fautes si bien faites.
Puisque c’est de ton cœur
Qu’est sorti ce poème
Il n’est pas une erreur
D’écrire mal « je t’aime ».
Il n’est pas une erreur
D’écrire un mot si tendre,
Sans qu’un vieux professeur
Ait eu à te l’apprendre.
Fil2fer, le 18/02/2012.
Vengeance.
Et la vie se répète encore et puis toujours
Par le petit enfant, qui était en cellule,
Qui s’évade un matin en éclatant la bulle
Qui cachait son grand jour.
Alors il grandira et je lui apprendrai
Ce que je fis avant, pour sa tante et son père,
Comment bien essuyer aux jupons de sa mère
Une goutte de lait.
Il grandira encore et aura des enfants,
Et qui auront aussi, dansant la capucine,
Cette goutte de lait qui pend à la narine
Du petit innocent.
Et puis et puis et puis. Que vienne enfin le jour,
Où je ne serai plus celui-là qui les mouche,
Où je pourrai enfin ne plus garder en bouche,
Tous mes mots vieux d’amour.
Etre enfin, seulement, un simple spectateur,
De l’enfant qui va pour que jeunesse se passe
Demander au caillou s’il sait briser le vase
Et assoiffer la fleur.
N’être plus celui qui de son œil gros défend
Au chenapan curieux de vider la valise,
Qui contient l’intégral des charmantes bêtises,
Inventées pour l’enfant
De tant te regarder, je voudrai moi aussi
Te suivre à l’aventure et faire ton complice
Puisqu’il faut enfin que vieillesse s’accomplisse
Mon enfant, me voici !
Je ferai avec toi mon chemin à rebours,
A quoi m’aura servi de faire tant de route
Puisqu’au bout de ma vie toujours mon cœur écoute
Les joies des premiers jours.
Je ferai une épée de ma canne de bois
Je me plierai en deux, je me plierai en quatre
Soldat tu veux la guerre ? Alors viens donc te battre
A coup de petits pois.
Et puis tremper nos doigts, au pot de nutella
Ne pas se soucier de la nappe de dentelle,
Et goûter avec toi, et rire dans ma belle
Moustache en chocolat.
Alors des affronts dont la vie sut m’affliger,
De mes cris, des leçons données à la jeunesse,
De tous mes devoirs et de ma triste vieillesse,
Je serai bien vengé.
Fil2fer, le 23/02/2013.
Il faut…
Il faut que l’enfant brise
Ses vases de Soissons
Et teste la bêtise
Qui mène à la raison.
Il faut que l’allumette
Brûle comme il se doit
Que la flamme se mette
A lui lécher les doigts
Pour que l’enfant invite
A ce jeu dangereux
L’eau qui n’est pas bénite,
Mais noie même le feu.
Il faut que le mensonge
Fasse pleurer l’enfant
Lorsque son nez s’allonge
En trompe d’éléphant
Quand il fait croire au merle
Qu’il est un papillon
Ou à la fausse perle
Qu’elle vaut son million.
Il faut que la racine
Du chêne mégalo
Arrête la bottine
Du minot au galop
Pour lui faire comprendre
Que certains croche-pieds
Se font sans devoir tendre
La jambe et le soulier.
Et puis il faut qu’un guide
Emmène cet enfant
Aux pieds des pyramides
Et aux pieds des volcans.
Pour montrer que la terre
Construit des monuments
Qui posent leurs cratères
Si prêt du firmament.
Pour qu’il prenne conscience
Que la nature a mi
Ses rêves si immenses
Au coeur d’une fourmi.
Fil2fer, le 12/02/2013.
