Ah, non ! C'est un peu court, comme envoi, jeune-homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... Bien plus sur cela comme,
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : "Moi, monsieur, si ainsi j'écrivais
Il faudrait sur-le-champ que la main je m’ampute!"
Radical : "Vous écrivez comme une vraie pute !
Pour écrire, vous avez un sérieux problème !"
Descriptif : "C'est un flop !... C'est un four !... C'est un crash !...
Que dis-je, c'est un crash ?... C'est plus que consternant !"
Curieux : "Avec ces mots, n’êtes-vous pas navrant ?
De mémoire, monsieur, je n'ai vu tel travail !"
Gracieux : "Aimez-vous donc à ce point les trouvailles
Que d’un emploi, mauvais, vous encombrez la page,
Rendant illisible l’ensemble de l’ouvrage ?"
Truculent : "Ça, monsieur, lorsque vous composez,
Du vaseux de l’écrit, le lecteur prévenez
Votre inspiration sort-elle des chiottes
Ou n’est-ce qu’un effet d’un cerveau en compote ?"
Prévenant : "Gardez-vous, dans ce fâcheux état
D’encore écrire pour limiter les dégâts !"
Tendre : "Vous me navrez ! Je pourrais, sans façons,
Pour vous améliorer, vous donner des leçons !"
Pédant : "La poésie n'est pas fait de profane,
Évitez pour cela de passer pour un âne
Employez donc des mots ayant de l’envergure
Cela n’embellira que plus votre écriture !"
Cavalier : "Quoi, l'ami, ce torchon est de mode ?
Pour dépeindre un vrai désastre, il n’est plus commode
Que citer votre écrit : un vrai mode d’emploi !"
Emphatique : "Aucun auteur ne peut, par ma foi,
Aligner des mots et les employer si mal
Votre esprit d’écrivain doit être bien bancal !"
Dramatique : "Cessez, monsieur ! Je vous en prie !
Il en va de l’honneur de notre poésie !"
Admiratif : "Vous êtes vraiment un malade !"
Lyrique : "Est-ce un roman, je vois qu’une tirade ???"
Naïf : "Ces quelques vers, est-ce un nouveau départ ?"
Respectueux : "Sachez, monsieur, que je garde espoir
D’ici, un jour vous lire, de belle tournure
Si des fois vous tentez encore l’aventure !"
Campagnard : "Hé, vindiou! C'est-y un texte habile ?
Bé non! C'est queuqu'navet ou ben un truc débile !"
Militaire : "Ecrivez-nous donc quelques sonnets !"
Pratique : "Voulez-vous des leçons de Français ?
Assurément, monsieur, vous aurez meilleur style !"
Et parodiant l’illustre inconnu de la ville:
"À voir tous ces écrits, mon cœur a de la peine
Poésie, poésie, que ta voix est donc vaine
À faire comprendre ta beauté à ces sots
Qui confondent la rime et le bruit des sabots
Levant les bras au ciel, en ultime débâcle
Il convie tous ses pairs au dernier des cénacles
A défaut d'harmonie, il nous sert l’indigence
Et pour ses vers meurtris, il demande indulgence !"
- Voila ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettre
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.