Je suis cette âme naufragée,
Tirée des bras d’une vie volée,
Enfant errant sous des cieux blêmes,
Où les rires se meurent sans que rien ne sème.
Dans la nuit noire de mes veines,
Les cicatrices dansent et saignent.
Chaque pas résonne comme une plainte :
Un écho d’abandon, un cri sans étreinte.
Et pourtant, au creux du silence,
Gronde une sourde révolte,
Un murmure fragile, un cœur qui s’exalte :
« Tiens bon, continue, brave tes absences. »
J’ai porté mes chaînes forgées par l’enfance,
Vécu l’amour en flambée puis en errance,
Goûté l’âpre parfum de la trahison,
Pour renaître chaque fois sous une nouvelle aurore.
Dans mes veines coulent tour à tour
La douleur glacée et l’espoir velours.
Je marche, lentement, vers l’horizon tremblant,
Traçant mon chemin sur l’étoffe du temps.
Sous mes doigts, la plume devient épée,
Sorte de levier pour briser la nuit refermée.
Chaque mot jeté sur la page en fusion
Est un pas vers l’éclat, un souffle de raison.
Je suis l’ombre et la lumière enlacées :
L’écho des larmes, la force inaltérée.
À trente-trois ans, je n’ai trouvé ni port ni rive,
Mais je suis là, vivant, et ma voix dérive.
Car dans chaque vers, j’ai bâti un refuge,
Là où fleurit le courage quand tout déluge.
Et si demain vacille au creux de mes peurs,
Mon âme saura encore rallumer ses couleurs.
Éclats d’ombre et de lumière entremêlés,
Telle est ma vie, ce chef-d’œuvre inachevé :
Un hymne à la douleur qui apprend à guérir,
Un chant d’espérance qui jamais ne veut finir.