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Une journée de classe presque comme les autres!

#1
Une journée de classe à Capdenac Gare

La cour de récréation était au même endroit que celle que vous connaissez aujourd’hui. Quelques petits platanes l’agrémentaient et les instituteurs avaient pour habitude de la parcourir dans d’incessants et curieux allers-retours composés d’une marche avant et arrière. Ils discutaient entre-eux tout en surveillant les élèves qui jouaient. Un préau servait d’abri en cas d’intempéries et aux étourdis qui n’avaient pas appris la table de multiplication qui se trouvait au dos du cahier de brouillon, punition suprême pendant la récréation avec celle du tour de la cour les mains sur la tête!. Une rangée de commodités turques aux portes pleines longeait le mur d’enceinte infranchissable. Bien entendu filles et garçons étaient dans des cours séparées, en ces temps reculés, l’éducation nationale ne prenait aucun risque!. On ne manquait pas d’imagination et intelligemment nous avions séquencé l’année par diverses activités. La rentrée des classes autour du vingt septembre était consacrée aux billes que l’on achetait chez la Marinette, pas très loin de l’entrée de l’école Saint Louis. Le paquet de cent billes en terre avait une valeur marchande de cent francs, la bille était donc à un franc!.
Ça c’est pour vous montrer, que je suis bon en calcul mental aussi!…sourires
Les agates en verre aux reflets multicolores étaient à dix francs, il existait le boulard bien plus gros mais aussi la bille en plomb. Tout cela pour vous faire comprendre, que nous pensions avoir une fortune en poche. C’était le cas d’ailleurs et elles se mélangeaient souvent dans la poche de notre tablier avec les châtaignes grillées. Soit on attaquait une partie de triangle , soit on jouait au trou!. Alors des phrases magiques jaillissaient de nos petites bouches : point de dégouline…je vais te kuffer…enfin une suite de mots que nous comprenions tous, et qui nous permettaient
de passer un agréable quart d’heure. Nous entonnions les qui sait qui veut jouer au gendarme et au voleur?… ou nous attaquions une partie du fameux trappe trappe, le temps passait bien trop vite à notre gré!. Certains élèves étaient de corvée pour allumer le poêle à bois ou à charbon, afin qu’une agréable chaleur nous accueille quelques temps après que la grande cloche actionnée par une corde ne résonne le moment du rassemblement. En moins de temps qu’il me faut pour l’écrire, les rangs par deux se formaient dans un silence qui aujourd’hui paraîtrait surprenant!.
Devant la porte l’instituteur nous faisait signe de rentrer.
Deux ou trois allées séparaient des petits bureaux à deux places où un petit banc servait d’assise aux élèves.
L’odeur bien particulière de la salle de classe
emplissait nos narines.
C’était un mélange olfactif difficile à décrire, craie, encre, gomme, de cahiers et de
livres sans oublier l’unique chauffage central aux effluves boisées qui envahissaient le lieu d’études. À l’époque des machines à vapeur, nous étions habitués à ce type de confort qui allait croissant au fur et à mesure que le temps passait!.
Après que l’ordre nous eut été donné de nous asseoir un deuxième arrivait rapidement.
Sortez votre cahier du jour!.
Le maître alors, commençait la leçon de morale très importante à ses yeux.
Après nous avoir expliqué les règles d’une bonne conduite sur divers sujets de l’existence, il prenait la craie et dans une écriture faite de pleins et de déliés le tableau s’incrustait de ses bonnes paroles. Une fois la phrase moralisatrice en place, nous devions à l’aide de notre porte plume légèrement humectée dans l’encrier la recopier. L’écriture est un art de nos jours oublié, je vous invite à consulter les anciens registres dans nos mairies pour en saisir les formes subtiles.
Plume légère en montant puis accentuée dans sa descente, la lettre ainsi devient ainsi une œuvre admirable.
Les taches ne sont pas permises il faut beaucoup d’expérience et de doigté pour obtenir un bien ou le très bien tant convoité!.
Les uns après les autres, nous nous levons et toujours dans le plus grand calme, nous avançons vers la chaire et tendons le cahier ouvert à l’homme instruit.
Il nous demande si l’on a bien compris la morale du matin, et nous pose une ou deux questions, sa plume imbibée d’encre rouge parcourt les quelques lignes et en marge tombe par magie l’appréciation.
Le bonheur on le ressentait déjà dans un assez-bien, alors lorsqu’on atteignait le sommet de la récompense avec un très bien, inutile de vous dire la fierté que l’on pouvait ressentir!.
Ainsi passait la journée où le français côtoyait les mathématiques, avec ces fameux trains qui partaient en gare de Capdenac vers Cahors à une certaine vitesse, mais qui contrairement à la régularité exigeait par la SNCF à cette glorieuse époque, n’étaient jamais à l’heure, et il fallait bien entendu dire à quel endroit ils allaient se croiser!.
Ou on sortait l’ardoise pour du calcul mental!.
Heureusement la brave cloche fixée à une solide poutre et actionnait grâce à une chaîne par un élève de service, venait à intervalles réguliers nous délivrer de ces prises de tète incessantes mais au combien instructives.
Le repas de midi qu’avait avec amour concocté la mère Closel arrivait à point, et nous faisions notre possible pour lui être agréable en l’aidant dans son service, afin de pouvoir avoir accès à la réserve de petits beurre, évidemment nous nous remplissions les poches sans le lui dire!.
La nourriture n’était pas très appréciée je n’ai
pas touché un seul morceau de viande pendant toute ma scolarité, je n’étais pourtant ni végétarien ni hindou.
Je pourrai vous parler de l’odeur du réfectoire, tous les enfants qui l’ont connu en ont empreignait leur mémoire, curieusement ils ont tous la même senteur.
Pour ceux qui par hasard ne l’ont pas connue je ne peux la leur décrire, on ne peut que très difficilement parler de lumière à un aveugle!.
L’après se déroulait comme la matinée, mais notre plus grand bonheur venait encore de cette belle cloche qui à quatre heures et demi venait tinter la délivrance!.
Elle était accompagnée de cris joyeux dès que l’on passait le portail en fer forgé, pour regagner nos foyers.
Il est à ce propos un souvenir moins heureux qui restera ancré dans la mémoire collective de beaucoup écoliers , enfin c’est ce que je pense !
Comme chaque jour, matin et soir , le car de la société Laurens se chargeait du ramassage scolaire. De Capdenac -Gare en passant par la Madeleine et au-delà de Foissac les enfants empruntaient l’autobus dans un aller-retour journalier.
En cette fin d’après-midi, c’est donc la tête remplie de nouvelles connaissances que
cinquante-cinq écoliers du cours préparatoire aux collégiens en classe de troisième, confortablement installés sur des sièges à l’assise ferme dépourvus de ceintures de sécurité,se retrouvaient dans les lacets de la fameuse côte de Roquefort. Il n’y a pas de quoi en faire un fromage me direz-vous!
Oui mais voilà, ce jour- là, le garagiste du coin essayait la nouvelle Citroën DS (déesse de la route à cette époque).
Au tiers de la montée dans un virage en courbe pas très accentué et dépourvu de toute sécurité, le bolide lancé à vive allure a eu la fâcheuse idée de percuter l’avant de notre bus qui dans une glissade miraculeuse s’arrêta après un mouvement de balançoire sur un brave chêne qui avait réussi à prendre racine et à se développer dans un lieu où toutes plantes évitent de s’aventurer !
Des cris de frayeurs ont jailli de l’habitacle.
Le moteur a été immédiatement stoppé grâce au sang -froid du chauffeur au béret basque.
Ce brave père Laurens comme on l’appelait tous, avait eu les réflexes bénis , il venait de sauver l’ensemble de ses passagers !
Sous nos yeux apeurés un ravin vertigineux nous tendait ses bras. C’était un espace béant sans végétation d’environ quatre vingt mètres au bas duquel coule paisiblement le ruisseau de la Diège. Il était près à nous offrir en guise de d’adieu son lit.
Le car scolaire en équilibre devait se vider sans que l’impensable se produise.
Heureusement, les pompiers ont su organiser son évacuation dans le calme, sachant que la portière qui permet la sortie habituellement des passagers était face au précipice nous avons emprunté celle du conducteur.
Je ne vous cache pas que le temps que l’on a mis à quitter le couloir central nous a paru interminable. Des craquements inquiétants
par moment rythmaient la future délivrance, et nos yeux évitaient de se focaliser vers l’endroit diabolique qui nous auraient condamné à une mort certaine.
J’ai grâce à mon ami instituteur retrouvé l’endroit précis, et l’arbre qui a permis la survie de très nombreuses âmes bien trop jeunes pour quitter le monde des études.
Le tronc robuste du vieux chêne est toujours fidèle à son emplacement et dans une révérence dont il a le secret il se rappelle à nous en tant que sauveur à la robustesse providentielle.
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Pièces jointes

Dernière édition:
#2
Tu peux le dire
combien la peur habitait en vous
et dans le calme pour ne pas affoler
les enfants!
on oublie pas ce jour n'y l'aide de
chacun!
le fait de l'écrire doit te soulager aussi.

Merci à toi bises Poly