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Obelix en terre lotoise…version définitive.

#1
Texte définitif !

Obélix en terre lotoise

Voici un chien qui marqua de sa forte empreinte ma jeunesse, mon adolescence, et une partie de ma vie d’adulte : Obelix !

Ils sont légion les animaux qui m’ont accompagné fidèlement quand, jeune enfant, j’ai commencé à me balader sur les sentiers pierreux de l’existence. Je vais vous parler aujourd’hui de celui qui m’a particulièrement ému par son comportement, mais aussi grâce à l’incroyable parcours qu’il a eu avant de nous quitter. Je l’ai aperçu pour la première fois dans une portée que notre chienne de chasse Ita avait eu la délicatesse pour une fois de ne pas nous cacher! J’étais excité à l’idée qu’un de ses rejetons aurait peut-être la chance de connaître les joies de l’existence. Eh oui, chers lecteurs, malgré l’amour que mon père et ma mère portaient aux meilleurs amis de l’homme, nous étions contraints d’opérer une très sévère sélection quand venaient au monde d’adorables créatures ! A l’époque dans nos campagnes les pulsions sentimentales passaient après les exigences que nous imposait la rudesse des jours. Un tri sévère s’imposait rien ne pouvait s’opposer à un destin où les dès avaient été jetés par avance ! J’entends parfois des personnes ici et là, regretter ces temps reculés, parler même de glorieuses années! Ce type de paroles m’interroge un peu et me mène à cette réflexion : ont-ils vraiment connu la période d’après-guerre dans nos contrées sauvages, que les citadins avaient pour habitude de caricaturer en les qualifiant péjorativement de France profonde? Le mal- être des pauvres gens croyez-moi était bien présent et visible. Je ne vais pas vous en reparler aujourd’hui, je pense avoir développé suffisamment ce sujet au cours de mes précédents récits. Je vais donc reprendre mon histoire après ce court intermède qui me paraissait nécessaire. Que devenaient les portées alors me direz-vous ? Je n’ai appris que bien plus tard comment le maître de la propriété les faisait disparaître. Bien entendu je vais passer sur les détails pour ménager l’ensemble des âmes sensibles présentes sur ces lignes. Pour vous rassurer cependant, je peux vous affirmer que les sacrifiés ne souffraient pas. Il arrivait parfois, après une forte insistance de ma part, que mes parents finissent par accepter d’épargner la vie d’un de ces petits êtres, on pouvait considérer ce geste comme un grand miracle ! Ce fut le cas en ce début d’année 1958. Mon cœur d’enfant subitement propulsé au zénith, je me suis approché calmement du nid douillet fraîchement bordé par une mère déjà très préoccupée par les soins de sa nichée. Je connaissais mon rôle, je devais sélectionner le chiot qui me paraîtrait le plus alerte le plus fobuste, le plus beau! Ce choix délicat s’avérait toujours difficile ! Cette sélection impitoyable était malheureusement incontournable je les aurais bien tous gardés! Je les ai examinés, le mot n’est pas trop fort, les uns après les autres dans mes petites mains et j’ai remarqué qu’un d’entre eux, un mâle était d'une constitution massive, solidement accroché à une tétine de sa mère. Il m’avait fait comprendre par un gémissement qu’il ne voulait pas être dérangé dans sa tété ! Ita sa mère avait l’habitude de ce rituel barbare, elle attendait patiemment que la sentence arrive tout en priant très certainement le ciel pour qu’il ne lui tombe pas sur la tête ! Vous avez tous entendu parlez des causes à effet ? Eh bien, en ce jour béni des dieux Celtes face à la robuste physionomie de sa progéniture j’allais dans la foulée l’appeler Obélix. N’est-ce pas un joli prénom de baptême pour un animal né à proximité des remparts du célèbre village gaulois d'Uxellodunum ? Je vous pose la question! Plus les jours passaient et moins je regrettais mon choix. Pas de doute, sans vaccin ni nourriture spéciale, ce gros toutou qui n’était pourtant pas tombé dans une marmite profitait à vue d’œil en se contentant de téter le lait maternel. Je lui offrais quand même en complément quelques bols fraîchement tirés du pis de la Flourette pour soulager sa mère. Il faut dire que le libre service se trouvait à deux pas de la nursery. Ainsi passèrent les jours et les semaines, le futur guerrier prenait du poids rapidement et nous montrait déjà qu’il allait devenir un celtique indépendant. Très gentiment, il me faisait comprendre au bout d’un moment qu’il souhaitait être seul. Il faut dire que je n’avais pas mon pareil pour agacer le monde à quatre pattes qui m’entourait, c’était une sorte de mise en condition à mes bons désirs! Une éducation sans violence mais bien particulière à la Maurice. Le temps passa ainsi, Obélix à mes yeux grandissait bien trop vite! Il a rapidement pris l’habitude de faire un petit tour de quartier et très vite en prenant un peu d’âge, il a étendu son terrain de prospection à une grande partie de la commune. D’une gentillesse incroyable il était connu de tous, et les gens du pays ne manquaient pas de lui tendre une petite gâterie. Il rentrait le soir à bon port, en roulant de sa très forte corpulence sans se poser la question de savoir si nous avions été inquiets de son absence. Il commença ainsi sa vie de chien domestique errant, fier de vivre sans corde au cou avec une petite préférence tout, de même pour son port d’attache ! Il m’accordait ses faveurs par de gros câlins, je le méritais bien, après tout n’étais-je pas son sauveur ? Au fil des mois puis des années il s’est montré de plus en plus autonome, négligeant parfois même la soupe que ma mère lui tendait. Jamais malade malgré les tiques entre autre qui jalonnaient son corps et que je lui enlevais épisodiquement sans aucune précaution. Est arrivé rapidement le temps des interrogations : comment faisait-il pour être en pleine possession de ses moyens, alors qu’il ne se jetait pas sur la gamelle qu’on lui donnait ? La réponse nous l’avons rapidement eue d’un rustre connu pour son aptitude au braconnage! « Votre chien est bien meilleur chasseur que moi, pas une truffe ou autres chairs vivantes appétissantes n’échappent à son flair!».
Il faut dire que mon père l’avait éduqué à la recherche de l’or noir du Quercy cependant,
en Obélix qui se respecte la prospection il préféra la faire sans assistance !
Obélix était devenu bien plus rusé qu’un renard en effet et rien ne pouvait, le distraire dans sa quête gourmande. Sa gentillesse quand il nous voyait , n’avait d’égale que son indépendance toujours croissante c’était un pur Gaulois dans l’âme.
Les années succédèrent aux années vous savez celles qui passent bien trop vite au gré des uns et trop lentement au gré des autres! Cependant, malgré cette fatale réalité mon chien les supportait sans faiblesse au point que l’on aurait pu se poser la question : est-il insensible à la fuite inexorable du temps ?
On fêta ses dix ans, puis ses quinze ans ! Un ami de passage à la maison entama une discussion sur la chasse, au moment où mon brave Obélix pointait le bout de son museau. « Voilà le meilleur chasseur de la région lui ai-je lancé ! » Je lui expliquai la vie agitée du seigneur de la vallée en vadrouille « Je peux voir comment il chasse, nous lança Georges » « Pas de soucis, tu n’as qu’à l’embarquer, tu nous le ramèneras après demain».
Aussitôt dit, aussitôt en voiture, Obélix ne refuse pas le voyage!
Le soir même la gâchette nous appelait, affolé : «le chien s’est échappé, je ne sais pas où il se trouve !».
Le maraîcher chasseur habitait le village d’Ournes à une quinzaine de kilomètres de la Madeleine.
Eh bien, le lendemain matin j’ai eu la surprise d’apercevoir mon chien couché dans la grange sur son lit de paille au fond de la grange ! Il m’a salué comme il avait l’habitude de le faire, fatigué quand même par cette petite virée nocturne qu’il n’avait pas lui-même programmée !
Le parcours d’Obelix avait été tout tracé !
Il a suivi naturellement les sentiers escarpés des coteaux où se trouve le village perché d’Uxellodunum. En ce haut lieu de la résistance, trois mille valeureux et courageux Gaulois ont résisté à l’envahisseur romain pendant plus de six mois! Imaginez un peu une armée de légionnaires composée de trente mille gladiateurs face à ce promontoire!
Les assaillis ont fini par se rendre, vaincus par le génie militaire de Jules César qui alerté par les chefs fit creuser un tunnel pour dévier la veine d’eau qui alimentait la source du village.
Les guerriers encerclés, pensant alors qu’ils étaient abandonnés des dieux, préférèrent se rendre.
César, dans la grande clémence qu’on lui avait toujours connue, épargna ces valeureux et très courageux combattants et ordonna simplement de leur couper les mains!
Leur chef, prisonnier de la légion de l’empire, se laissa mourir de faim.
Voilà pour la petite histoire ! Eh non! Le dernier village Gaulois à avoir résisté aux envahisseurs de la Guerre des Gaules n’est pas breton qu’on se le dise!
Obélix, de toute évidence ne voulait pas chasser en terre inconnue, et surtout accompagné par une piètre gâchette!
Un accident est si vite arrivé !
Il nous a quitté bien plus tard en 1976 victime de sa surdité,. Un satané train a eu la mauvaise idée de passer au moment où il traversait la voie ! Il partait faire son tour habituel, en quête de quelques bonnes surprises, se fiant à son adorat toujours intact!
Ainsi prit fin la vie de ce puissant et brave chien de chasse indépendant, qui a toujours fait honneur à son nom de baptême !

Gageons, n’en doutons pas un instant que sa descendance dans le pays est toujours bien présente! Aussi, si vous vous promenez dans la région non loin du bras de la rivière qui vient langoureusement lécher les pieds du célèbre oppidum et que vous croisez un chien solitaire dites-vous bien qu’il a sûrement un Obelix dans l’âme! 60B5E1C1-83D5-4B08-BA23-0AAA166CFD14.jpeg