L’oiseau
Ma naissance fut douloureuse ;
m’aidant de mon petit bec endolori,
je rêvais que la vie un jour me sourie,
que mon existence soit douce et joyeuse.
Je sais maintenant voler,
mais pourquoi me l’avoir appris ?
la Lune, d’un ardent baiser, m’enlèvera la vie
sous les Cieux chagrinés.
Je ne dérange personne,
et pourtant je suis dérangé ;
un bruit éclatant détonne : celui de l’Homme ;
[m’arrache à mes pensées
d’un soleil dardant un rayon monotone.
Mes cousins les nobles rossignols
dans le feuillage jauni étouffent leurs pleurs.
Les fleurs referment leurs corolles
que le Vent doucement effleure…
Quelle est l’énigme de mon existence
qui fait de moi un enjeu d’intolérance ?
Comme qui disait : « Mystère et boules de gomme ! »
Ce que je suis, en somme.
Je ne suis qu’une poupée de plumes,
le chant des arbres, ô si languissant !
me transporte fébrilement dans la brume
Ah, vive le Printemps !
La saison où, même dans mon cœur,
l’Arbre frissonne et l’oiseau pleure.