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lettre d'une fille Palestinienne

relita

Nouveau poète
#1

Comment une jeune palestinienne de 15 ans exprime son sentiment de culpabilité, après avoir quitté Gaza pour vivre à Ramallah. Une lettre émouvante, transmise par Mazin Qumsiyeh et traduite par Carole Sandrel.
Jeune fille de Gaza, une identité qui colle à la peau

"Nous passons tous une vie à comprendre ce qui fait de quelqu’un ce qu’il est, et ce qui le définit. Est-ce que c’est son hérédité, son apparence, son comportement ? Ce doit être un mélange de tout cela… pour les gens normaux. Mais pour les gens qui viennent d’où je viens, ils n’ont pas le choix de déterminer qui ils sont. Je viens de la ville de Gaza en Palestine où survivre chaque jour est une gigantesque bataille pour tous les Gazaouites. Quitter Gaza a été la chose la plus difficile que j’ai jamais faite, en partie parce que mon ancienne vie me manque et en partie parce que je me sens coupable de l’avoir envoyée au diable.
Quand j’ai quitté Gaza j’ai du traverser CE checkpoint qui n’est pas n’importe quel check point, mais celui d’Erez où on emprisonne les gens de Gaza parce que dès que les soldats israéliens voient une carte d’identité de Gaza, celui qui la détient est automatiquement considéré comme un terroriste absolu. Sans rien connaître de lui, sans rien savoir de ce peuple, ils décident que ce sont des criminels. Qui a le droit de retirer à quelqu’un son identité ? Ou de le juger à partir d’un morceau de papier ou de sa nationalité ? Comment peuvent-ils supprimer le choix des gens qui essaient de déterminer qui ils sont réellement ? Je ne sais pas… mais alors que je marchais sous l’interminable tunnel du check point, j’ai compris que ce que je faisais importait peu, personne ne m’acceptera pour ce que je suis. Dans ce tunnel, ils ne font aucune différence que je sois une terroriste ou quelqu’un qui aspire à la paix, pas seulement pour son peuple mais aussi pour le peuple israélien.
J’ai le "privilège" de quitter Gaza, privilège que d’autres rêvent d’avoir. Non parce qu’il n’aiment pas Gaza, ni pour aller s’amuser, mais parce que c’est tellement difficile d’y vivre. Le foyer est devenu quelque chose à quoi vous voulez échapper au lieu d’être un lieu de refuge quand la vie devient trop dure. Dès que je me suis engagée dans ce checkpoint, après avoir été traitée comme un animal, après avoir été "numérotée" comme un bagage, j’ai été examinée par des tas de machines et d’écrans que je n’aurais jamais imaginés toute seule. Maintenant je vis à Ramallah, qui n’est qu’à deux heures de Gaza. J’ai quitté cette partie exotique du monde qu’on appelle Gaza. Mais j’ai encore à l’esprit toutes les secondes de ce jour, encore sous l’emprise de mon passé à Gaza, et toujours stimulée par la force de son peuple.
Aux informations, les commentaires sur Gaza PRIVÉE de carburant, PRIVÉE de nourriture, et même d’ELECTRICITÉ ; mais la télé n’est qu’une source d’information, qui glisse sur le comment les gens souffrent… Est-ce que cela signifie que tout le monde à l’extérieur de Gaza comprend ce que le peuple traverse réellement ? Non, ils écoutent ces nouvelles accablantes, se "sentent mal" pour les gens qui subissent, et ils continuent à vivre comme si de rien n’était. Peut-être que des gens peuvent faire comme si, mais pas moi. C’est la raison essentielle pour laquelle j’écris ceci d’autant que je sais que si les mots peuvent être sans importance ils peuvent aussi faire une différence dans la vie de bien des gens.
J’ai horreur de me sentir coupable chaque fois que je mange un morceau de chocolat, sachant qu’un ami ou un petit enfant en aurait besoin. Je déteste quand j’en ai ras le bol et que je peux allumer la télé ou l’ordinateur et perdre du temps, alors que mes amis ne peuvent rien faire, puisqu’ils n’ont pas d’électricité. Je déteste pouvoir aller où je veux chaque fois que je le veux, et même sans sortir de Ramallah, quand mes amis sont collés chez eux parce qu’il n’ont pas d’essence, même pour faire un tour dans la ville de Gaza ! J’ai horreur de m’acheter de nouveaux vêtements quand mes amis ne le peuvent pas. Je déteste me sentir absolument, désespérément impuissante.

Pourtant à Gaza, si on oublie la situation, on trouve toujours amour et espoir, on trouve des gens qui se battent pour vivre : une mère qui essaie de faire naître un sourire sur le visage de son enfant, un père qui essaie d’avoir la force de protéger le petit corps de son enfant contre un missile. A Gaza vous trouvez ces sentiments mélangés entre amour et haine, entre espoir et désespoir, entre frustration et satisfaction. A Gaza vous trouvez simplement ce dont vous avez besoin. Vous trouvez un foyer. »
 

lyra4

Nouveau poète
#4
touchant , troublant ... on réalise la chance qu'on a de vivre dans un pays en paix!! De plus ça nous ouvre les yeux sur ce qu'est l'être humain ...