Le dernier verre
C’était un prisonnier,
Un condamné à mort,
Il était condamné
A un bien triste sort
Pour avoir trucidé
Son ivrogne de femme
Lui ayant refusé
En le traitant d’infâme
Un verre, le dernier,
Tout en lui prétextant
Qu’il n’avait qu’à siffler
Un verre de dissolvant.
C’était un prisonnier,
Un condamné à mort,
On vint lui apporter
Un peu de réconfort
Car l’heure était venue
D’accomplir la sentence,
L’avocat tout ému
Avoua que par chance
Il était assuré
Après l’absolution,
Qu’il lui serait donnée
Une compensation.
C’était un prisonnier,
Un condamné à mort,
Et l’on vint le chercher
Le matin de sa mort.
Mais avant de mourir
On exauça son vœu
Celui de lui servir
Un verre de vin mousseux.
Mais gonflé par les bulles
Soudain il s’envola,
Le bourreau ridicule
Tout à coup en pleura.
Ce texte fut repris en 2007 par les Editions Nathan, pour illustrer le livre de Victor Hugo
" Le dernier jour d’un condamné ", collection Carrés Classiques.