Hier, Nous étions révolutionnaires,
Militants de gauche,
Dans un État sans droite,
Un État sans droits.
Nous avons dépensé
Beaucoup d'encre,
De sueur et de sang,
Pour ressembler à nos idoles:
Ben M'hidi, Krim Belkacem,
Abane Ramdane, et ...
Che Guevara ...
Et ... Lénine aussi!
Et même ... Mao!
Aujourd'hui,
Nos héros oubliés
Cachent leur gloire
Dans les pages jaunies
Des bibliothèques – cimetières.
Aujourd'hui,
Inlassablement se répète.
Les utopies, qui font rêver,
Marcher et crier,
Sont hors-la-loi.
Aujourd'hui,
Il faut se taire.
Nous terrons notre courage
Dans le placard
D'une lâcheté indécente.
Aujourd'hui,
Nos idées clandestines
Puent la naphtaline
Dans les cellules torturées
De nos cerveaux en ruine.
Aujourd'hui,
Penser peut coûter
La vie, la tête tranchée,
Ou la prison, la tête vidée,
Ou l'exil, la tête baissée.
La Commune de Paris
Refuse ses visas
Á des étrangers
Étrangement gênants,
Qui n'ont pas su
Guillotiner le roi,
Pour mériter un espace privé,
La tête droite,
Dans un État bourgeois.
La commune de Paris
Refuse ses visas
Á des étrangers
Étrangement gênants,
Qui n'ont pas su
Fusiller le tsar,
Pour mériter un espace public,
La tête gauche,
Dans un État prolétaire.
Demain ...
Demain nous ferons
La Commune d'Alger,
En puisant,
Dans la longue marche
De nos femmes en colère,
Le courage et la force,
Pour extirper le cancer,
Et libérer nos enfants
De tous les "ismes" extrêmes.
Car il nous reste encore,
Dans nos tripes,
La volonté d'exister.
Demain ...
Demain nous ferons
La Commune d'Alger,
Pour accueillir, sans visa,
Tout humain de droite,
De gauche, ou du centre,
Qui éprouvera le besoin
D'un moment d'évasion
Pour penser à voix haute.
Car il nous reste encore,
Dans nos cœurs,
La force d'aimer.
Mais Aujourd'hui ...
Á Alger ...
La mort peut surprendre
Á droite, à gauche,
Ou au centre
De chaque rue.
Enfants de Jaurès,
En refusant l'hospitalité
Á un résistant algérien,
C'est Jean Moulin
Que vous livrez à la gestapo,
Une deuxième fois!
Ne dites pas:
Nous ne savions pas!